Chapitre 25 : La voie de Beher part 1/2

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Dans l'obscurité de sa cellule, Émilie se réveilla brusquement, l'eau glaciale lui fouettant le visage. Désorientée, elle fit face à deux nonnes imperturbables. Sans attendre, elles la forcèrent à quitter son lit de paille et la guidèrent vers une salle d'ablutions où elles la déshabillèrent avec une efficacité froide. Résignée, la jeune femme se mura dans un silence de marbre, son esprit tourmenté par les gestes mécaniques des sœurs. Couchée dans la baignoire, elle subit un nettoyage énergique, son corps flottant passivement dans l'eau. Sa tête fut immergée à maintes reprises, chaque immersion semblant la purifier de ses péchés passés.

Après avoir été lavée et délestée de toute parure symbolisant son statut de noble, ainsi que de tout artifice de beauté, ses ongles furent taillés et son visage vigoureusement assainie par les femmes sévères. On l'habilla d'une robe blanche simple et modeste, enveloppant sa silhouette. Enfin, elle fut amenée au temple du Véritable, sanctuaire du puissant Beher, souverain des brasiers infinies.

Devant l'entrée se dressait une statue colossale représentant le puissant dieu brûlant, monté sur le dos du phénix mythique.

À l'instant où Émilie franchit le seuil du temple, son flegme habituel la trahit. La sérénité qui l'avait enveloppée s'évanouit, cédant la place à un tumulte intérieur. Les nonnes, tentant de la contenir, usèrent de leur force, mais en vain.

C'est alors que Séverine Gasté, l'impitoyable inquisitrice, fit son entrée. Drapée dans sa cape blanche, elle imposait le respect. Sa capuche relevée encadrait son visage austère et déterminé, ses cheveux blonds coupés courts ajoutant à son allure d'autorité.

— Ça suffit, plus de violence ici ! dit Séverine avec autorité.

Une nonne tenta de répliquer.

— Mais, inquisitrice... commença-t-elle.

— Silence ! ordonna cette dernière, impérieuse.

Elle s'avança vers la comtesse Serphija, dont l'hystérie menaçait de déborder, et parla d'une voix apaisante :

— Pas d'inquiétude, tout va bien maintenant.

Elle posa un baiser sur son front. Émilie se calma instantanément, subjugée par l'aura presque inhumaine émanant de l'inquisitrice. Elle s'inclina devant elle, suivie par les nonnes, dans un geste de soumission et de respect.

Le temple du Véritable se dressait autour d'elles, ses colonnes majestueuses et ses arches célestes témoignant de la grandeur de Beher. La lumière tamisée se frayait un chemin à travers les fenêtres hautes, caressant la pierre ancienne et les figures sacrées qui veillaient sur le lieu.

— Comprenez-vous la gravité de vos actes ? demanda Séverine d'une voix où perçait une pointe de reproche.

La comtesse, muette, semblait perdue dans un abîme de réflexion. Une autre nonne corpulente, la secoua avec rudesse.

— Répondez-la ! exigea-t-elle.

Séverine, le regard durci par l'exaspération, intervint :

— J'ai pourtant dit, pas de violence en ces murs ! Sœur Aurélie, retirez-vous.

D'un geste autoritaire, elle continua :

— Vous jeûnerez et méditerez toute la journée sur votre comportement irrespectueux dans l'un des temples de Beher.

Face à la résistance de la nonne, Séverine ne fléchit pas.

— Très bien, une semaine sans nourriture et la charge ingrate de nettoyer les latrines. Garde ! ordonna-t-elle en se tournant vers un homme imposant, dont l'armure noire luisait sous les lueurs du temple.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant