Chapitre 13: Une vilaine farce

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Samellia accéléra sa course vers son ami. La cristallisation soudaine du cocon de la Viprix l’avait prise au dépourvu. Malgré sa fatigue et l’énergie consommée par la magie de la foudre, elle ne renonça pas. Avec les derniers vestiges de sa force, elle saisit une planche de bois échouée près de ses bottes et des cailloux épars.

— Madrec, lutte ! Ne m’abandonne pas… implora-t-elle, les larmes mêlées à la détermination, martelant le cocon de coups répétés.

Un craquement sinistre surgit des ruines du manoir, rapidement suivi d’un ricanement aigre et méprisable. C’était Gobani, moquant ouvertement les tentatives vaines de la jeune femme pour libérer son compagnon.

— Pauvre idiote, c'est inutile ! La chrysalide de ma maîtresse est impénétrable. Le trépas de ton partenaire sera d’une atrocité inqualifiable, bien pire que l’acide ! s’esclaffa-t-il avec dédain.

Samellia le coupa, sa voix oscillant entre espoir et terreur :

— Comment se fait-il que ce damné cocon persiste alors que la Viprix est morte ?

Avec un sourire narquois, il dévoila que le cocon constituait une partie autonome de l’appareil digestif de la créature, destinée à engloutir la victime une fois celle-ci dissoute.

— Même dans la mort, le dessein de ma maîtresse adorée s’étend ! Ton ami ne sera bientôt plus qu’une infâme gelée ! proclama-t-il, un rictus de victoire déformant son visage, avançant avec lenteur mais assurance.

La jeune femme, au comble du désespoir, projeta une pierre vers l’ogre. Ses mains tremblantes révélaient son épuisement. Gobani, dont les lèvres suintaient la même bile nauséabonde que la Viprix, redoubla de rires moqueurs.

— Oh, ma mignonne, cesse donc de lutter. Je vais te capturer et te transformer en une nouvelle Viprix, à mon service pour l’éternité ! menaça-t-il avec gourmandise.

— Recule, ignoble monstre ! Je t’ai déjà terrassé une fois grâce à ma magie, as-tu donc oublié ? Je n’hésiterai pas à réitérer, alors garde tes distances ! rétorqua-t-elle, feignant la confiance pour le tenir à distance.

— Espèce de sale tricheuse ! hurla-t-il, furibond, se ruant sur elle, les doigts crochus prêts à étrangler.

Dans cet ultime affrontement, Samellia rassembla le peu de force dont elle disposait, empoignant fermement sa planche de bois ébréchée. Alors qu’elle se dressait face à son destin, une clarté éblouissante jaillit, traversant Gobani. Un silence s’abattit, seul le trou fumant dans la poitrine de l’ogre témoignait de la puissance du coup porté. Ses yeux, emplis d’une surprise ultime, croisèrent ceux de son adversaire une dernière fois avant qu’il ne s’effondre,vaincu, sur le sol poussiéreux.

La douce mélodie d’une chanson enfantine perça le silence, contrastant avec la gravité de l’instant. Samellia leva les yeux vers le Chemayi de Serphija, dont l’aura lumineuse avait été leur phare dans l’obscurité de ce village. Dans sa main, le cœur encore vibrant de Gobani se réduisit en poussière sous une pression implacable, tandis qu’il adressait à la jeune femme un sourire d’innocence trompeuse.

— Pourquoi as tu fais ça ? s'exclama t'elle, l'horreur peinte sur son visage.

— Oh, ma chère, pourquoi s’en priver ? La vie est si fugace, et les cœurs… si délicats, répliqua le Chemayi, sa voix suave tranchant avec son sourire inaltéré.

Samellia, encore sous le choc, observa l'étrange garçonnet saisir le miroir magique de l'ogre. Un rire discret s’échappa de ses lèvres, ses yeux pétillants d’une malice nouvelle, avant qu’il ne s’installe confortablement sur le sol, les jambes croisées.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant