Chapitre 20 : Le visage du traître

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L'As du mystère, reprenait conscience lentement. Ses poignets étaient serrés par des chaînes froides et lourdes. Il se découvrit dans une cage exiguë, au cœur d'une caverne qui lui évoquait un souvenir lointain. L'air était chargé d'humidité, et la faible lueur qui filtrait à travers les fissures révélait des murs ruisselants, des stalactites imposantes et un sol parsemé de fragments anciens et d'os blanchis. Un mal de tête tenace lui rappelait l'attaque brutal de Galbasul. Cependant, son regard était irrésistiblement attiré vers les tubes insérés dans son abdomen, drainant son essence vitale dans un récipient où reposait une flûte ornée de glyphes scintillants.

— Hé ! Pourquoi suis-je retenu ici ? Qu'attendez-vous de moi ? lança le prisonnier, sa voix résonnant contre les parois de la grotte, s'adressant à des silhouettes floues qui devaient être ses geôliers.

— Ferme ta putain de gueule, ou je t'arrache la langue, c'est clair ? rugit le chef des bandits, l'œil unique luisant d'une menace brutale, celui-là même qui avait mené l'assaut contre son équipe.

Orland, faisant fi de l'intimidation, se perdait dans ses pensées, cherchant à comprendre les raisons de son emprisonnement et l'intérêt que ces hommes portaient à son sang dans ce sinistre théâtre.

— Marco, garde un œil sur lui, dit Seberg à son acolyte, avant de disparaître dans l'obscurité de la caverne.

Tandis que le chef s'éloignait, une vision macabre captura l'attention du captif : une main d'ébène suspendue telle un trophée morbide à la ceinture du bandit. Un éclair de compréhension le traversa, il était dans l'antre de leur embuscade et cette main, c'était celle de Sa'dik.

Le geôlier, absorbé par une conversation avec un comparse, ne prêtait aucune attention à Orland qui, animé par un désir ardent de liberté, scrutait les alentours à la recherche d'une issue. Son regard se posa sur un amas d'ossements. Poussé par l'instinct de survie, il entreprit de frotter ses liens contre les os acérés. Alors qu'il s'efforçait de se libérer, une voix faible mais familière s'éleva d'une cage voisine.

— Arrête, tu perds ton temps. Écoute plutôt...

Intrigué, il se tourna vers l'origine de cette voix et son cœur manqua un battement en découvrant le visage de celui qui lui parlait...

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Dans les ruelles sombres de la cité-etat, Madrec se hâtait vers le laboratoire de l'apothicaire. Les gardes, tentant vainement de l'arrêter, furent balayés par sa colère et sa force surhumaine.

— Laissez-moi passer ! rugit-il, alors qu'il franchissait la porte du laboratoire d'un pas lourd.

L'espoir de trouver son compagnon magicien encore en vie brûlant dans son cœur, mais à sa grande consternation, le laboratoire n'offrait qu'un spectacle de désolation : le cadavre d'un zolzote gisait, disséqué, parmi les étagères de potions. Le médaillon du sorcier, symbole de son pouvoir, reposait sur le sol poussiéreux. Madrec s'en empara, un frisson d'effroi parcourant son échine.

— Quelle tragédie t'a donc frappé, Orland ? souffla-t-il dans un murmure chargé d'émotion.

Il ne s'attarda pas davantage, emportant le médaillon précieux, et se dirigea vers la forteresse du gouverneur, la résolution gravée sur son visage, en quête de vérité.

                         ***

Surplombant la cité-état depuis le sommet d'une colline voisine de Tilul, Galbasul, le trench-coat battant au vent , observait les remparts avec intensité. Seberg, son lieutenant dévoué et sans scrupules, s'approcha discrètement, lui chuchotant que tout était prêt.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant