Avalar - Tome 1 - Le peuple ancien

Chapitre 15

« En l'an -428, alors que les asuras ne peuplaient pas encore le continent, un conclave regroupant les rois des trois plus grandes cités humaines d'Avalar se tint dans la citadelle libre de Bazadras. Jamais l'on n'avait assisté à un tel rassemblement entre les puissances de ce monde, et le rêve d'unification d'Astia, Khän, et Tal-Lasi ne tarda pas à attirer à la fois l'intérêt et la crainte des autres civilisations.

L'objectif du conclave était triple, se débarrasser une bonne fois pour toutes des cultes païens pour assouvir la légitimité du déva, renforcer les relations commerciales entre les cités, et finalement se protéger contre la menace grandissante des Orientaux au sud du continent. L'alliance perdura plus de quatre siècles avant d'éclater, non pas à cause des drahärs ou même des t'rhodds, mais bien en raison de la folie d'une seule personne, Eriand, surnommé le roi fou de la cité blanche.

Eriand ne voulait pas se contenter de partager les vastes étendues d'Avalar et, manipulé par ses conseillers, il envoya une armée aux portes de Tal-Lasi. Ce qui semblait être un combat gagné d'avance ne le fut pas, et les Astiates furent interceptés avant d'atteindre les murs de pierre des Elénoriens grâce au renfort inespéré de la cité flottante.

Il est désolant de constater que les humains auraient pu encore aujourd'hui profiter de ces échanges, si cela n'avait pas été pour la cupidité, la soif de pouvoir, et les conseillers mal avisés du roi fou. »

Histoire des Terres Sauvages, volume 6

— T'inquiètes pas, Saral, tout se passera bien.

Le soleil se couchait à l'horizon alors que lui et Liam revenaient de la grande bibliothèque.

— Oh, quoi ?

— Ton rendez-vous avec Tessa, ce n'est pas à ça que tu pensais ?

Il ne répondit pas.

Un cycle s'était écoulé depuis cette soirée hors du temps. Tess était si différente de la petite fille innocente qu'il avait rencontrée en quittant l'orphelinat, et il n'était plus si sûr que ça qu'il pouvait lui manquer. Il en était même arrivé à se demander si elle viendrait réellement à leur second rendez-vous ce soir.

— Qu'est-ce qu'il y a dans ce cas ? reprit Liam qui n'en démordait pas. C'est encore ces cauchemars ?

— Tiens, tiens, regardez qui voilà !

Saral se retourna pour apercevoir les morveux qui avaient failli lui mettre une raclée trois ans auparavant.

— Et merde, murmura-t-il.

Que faisait-il si loin de la seconde enceinte ?

— Et bien l'hybride, je dois t'avouer que je commençais à me demander si quelqu'un n'avait pas déjà fini le boulot à notre place. Je suis heureux de constater que ce n'est pas le cas, et je vois que tu es toujours accompagné de ton garde du corps. Cela ne fera que rendre les choses encore plus intéressantes !

La ruelle dans laquelle ils se trouvaient était déserte ou autrement dit, il s'agissait d'un terrain de jeu idéal pour régler leurs comptes. Ils les suivaient certainement déjà depuis un moment, pensa-t-il, et instinctivement, il fléchit les genoux et resserra ses muscles.

— J'espère qu'on ne t'a pas trop manqué, rajouta Joris. Tu as eu de la chance la dernière fois, mais cette fois-ci, on ne va pas te rater !

— Si vous voulez toujours qu'on vous mette une raclée, vous êtes au bon endroit, lança Liam d'un ton assuré.

— Hahaha, sois un peu réaliste, vous n'avez aucune chance face à nous. Tu peux encore t'en aller l'affreux, on ne te retient pas.

— Aller vous faire foutre ! jura Liam.