« Les drahärs ont creusé de nombreux passages au sein de la montagne d'Aradril, car cette dernière servait à bien plus qu'accéder à la pointe du Nord. Son sous-sol regorgeait autrefois de saphirs que l'on vendait dans tout le continent. Ils représentaient une source de revenus faramineuse qui finança majoritairement la construction d'Urundïn durant le Premier Âge. On en avait extrait l'entièreté des filons et les drahärs avaient peu à peu cessé son exploitation, si bien que la mine se trouvait maintenant à l'abandon et ses profondeurs grouillaient de créatures inquiétantes. »
Histoire des Terres Sauvages, volume 4
« Des songes, toujours les mêmes songes... »
Au fur et à mesure de l'avancée de la compagnie, les villages drahärs commencèrent à se faire de moins en moins nombreux, puis quasi inexistants. Les voies qu'ils suivaient dans la montagne avaient également entièrement disparu, et ils ne progressaient plus que sur base des connaissances des deux drahärs et sous la menace constante qu'un asura surgisse face à eux...
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Par une fin de journée ensoleillée, alors qu'ils s'engageaient dans le creux d'une vallée, le vent décida de se lever. Törkal pressa le pas sans pour autant dire un seul mot, et moins d'une heure plus tard, lorsqu'une impressionnante couche nuageuse apparut au sommet du versant opposé, il se figea, le visage encore plus livide qu'il ne pouvait l'être.
— Le blizzard, murmura Dürkan. Le blizzard est là...
— Courez pour vos vies ! hurla Törkal.
Et sans trop comprendre ce qu'ils fuyaient, la compagnie emboîta le pas des deux drahärs en direction du versant nord. Une course effrénée prit place au milieu de la vallée alors qu'à l'horizon, un mur sombre tombait littéralement du ciel. En l'espace de quelques minutes seulement, un vent d'une puissance incommensurable les frappa de plein fouet, accompagné d'une neige dense et opaque. La rapidité avec laquelle les éléments les foudroyaient avait presque quelque chose de surréaliste, et il ne fallut pas plus d'une dizaine de minutes pour qu'une impressionnante couche se dépose à leur pied, et entrave leur mouvement.
— Je ne vois plus rien, articula Saral, les rafales sont trop fortes !
— Nous devons trouver un endroit où s'abriter, hurla Eorten.
— Le passage sous la montagne devrait être proche, c'est notre seule chance, conclu Törkal. Nous devons continuer.
— Non, rebroussons chemin pour nous mettre à l'abri derrière les arbres, affirma Liam. On ne pourra plus tenir très longtemps.
— Nous sommes trop avancés dans la vallée, contredit le drahär. Le tunnel est notre unique espoir ! Tout le monde en file derrière moi, et suivez-moi à la trace !
Les bourrasques se déchaînaient avec une telle violence que Saral commençait à perdre toute sensation à l'extrémité de ses membres, et ce malgré les fourrures offertes par Khädan. Il galopait à s'en déchirer les poumons alors que chaque enjambée lui paraissait plus insurmontable que la précédente.
— Je pense que j'aperçois quelque chose, affirma Eorten avec difficulté.
— L'entrée des mines, s'écria Dürkan qui scrutait l'horizon. Nous sommes sauvés !
Dans un dernier souffle, ils accoururent pour s'engouffrer dans l'ouverture à même la roche avec soulagement et, les traits encore crispés par l'effort, Törkal dégaina sa masse. Le baroudeur en fit de même. Sa lame verte illumina instantanément les profondeurs de la galerie dévoilant de grosses malles en métal et quelques armures rouillées. Il s'approcha d'un tonneau rempli de torches pour les enflammer. Leur chaleur réchauffa leurs doigts boursoufflés alors qu'ils reprenaient petit à petit leur respiration.
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Avalar - Tome 1 - Le peuple ancien
ФэнтезиSaral, un jeune hybride, entreprend un voyage sans retour vers les contrées éloignées des Terres Sauvages. Il part en quête de réponse à son existence. Qui est-il réellement, et quelle est sa place dans ce monde ? Sera-t-il de taille à affronter les...