Eorten se retrouva seul dans ses pensées face à l'ardeur des flammes. Il pouvait compter sur ses mains le nombre de luménoriens encore en vie, et pourtant il n'en avait pas assez de cent pour se remémorer tous ceux ayant déjà rejoint le monde des esprits...
Cela faisait plusieurs siècles qu'il n'était plus tombé sur les traces d'un être doué de la magie céleste, ce qui représentait un fait assez rare que pour s'y attarder. S'agissait-il d'une simple coïncidence ou bien était-ce là un signe des dévas ? Il savait à quel point les murmures que l'on racontait sur un coin de table au beau milieu de la nuit déformaient la réalité, mais l'histoire de Saral avait eu le mérite d'attirer son attention. Ce n'était pas tous les jours qu'on entendait parler d'un monstre encore plus effrayant que les asuras eux-mêmes, capable de tout balayer sur son passage d'un seul souffle. Cela n'était bien sûr pas suffisant pour affirmer avec certitude que l'hybride possédait les mêmes prédispositions que lui, et il lui faudrait plus de temps pour en avoir le cœur net.
En attendant, il devait s'incomber d'une autre tâche d'autant plus importante. Eorten sortit une pierre bleue angulaire d'une petite sacoche. Elle était taillée à la perfection et scintilla perceptiblement lorsqu'il l'approcha des flammes. Il contempla son reflet un moment avant de la placer dans le creux de sa paume et clore ses paupières. Les muscles de son visage se contractèrent et le galet se mit à frémir, lentement d'abord, pour ensuite s'élever dans les airs d'une dizaine de centimètres. Lorsque le baroudeur rouvrit les yeux, il se trouvait dans un endroit sombre et totalement vide, à l'exception d'une fine couche liquide sur laquelle il reposait.
— Lyra, Lerialad ! appela-t-il gravement sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche.
Deux formes se matérialisèrent face à lui, vêtues d'une longue robe blanche à capuche qui dévoilait néanmoins leur chevelure dorée.
— Nous t'écoutons. Cela fait un moment que nous n'avons plus entendu de tes nouvelles, clama Lyra de sa voix cristalline.
— Je crains qu'elles ne soient pas réjouissantes, avança-t-il. J'ai perdu la trace d'Azrod. Il semblerait qu'il ait quitté Astia depuis plus de deux cycles maintenant.
— Hum, sa disparation me désole, mais elle ne m'étonne pas pour autant, affirma Lyra. Azrod est le plus perspicace des trois, nous devons nous montrer plus fins si nous voulons avoir une chance de l'anéantir. Qu'en est-il de son frère ?
— J'apporte de mauvaises nouvelles sur son sujet également, entama Lerialad. Il y a quelques jours de ça, il semblerait que Teherad se soit rendu dans la vallée des Ombres. Je pense qu'Azrod était avec lui, ainsi que leur père.
— Alors tout n'est pas perdu, se réjouit Eorten.
— Pas vraiment. J'ai pisté leurs traces jusqu'au pied de Sini, puis il s'est produit quelque chose d'étrange dans la vallée... Les galets se sont mis à frémir, et la terre à trembler. Le vent s'est arrêté de murmurer, et le ciel s'est assombri... Je n'avais jamais vu ça auparavant.
Eorten arbora une grimace sous sa capuche que lui seul pouvait apercevoir.
— Tu penses que...
— Une puissante onde de choc traversa la région. Je n'avais jamais ressenti une telle force, ça en était presque... terrifiant.
— Non ! Pas après tout ce temps, se lamenta Lyra. Toutes ces recherches... Nous étions si près du but.
— C'est impossible, murmura Eorten.
— Je voulais vous en faire part plus tôt, mais j'étais trop faible pour vous atteindre.
— Comment ont-ils pu réussir ce que même les plus hauts luménoriens du temps de l'Ordre n'ont pu accomplir ? Jouer avec les morts est au-delà de nos compétences.
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Avalar - Tome 1 - Le peuple ancien
FantasiSaral, un jeune hybride, entreprend un voyage sans retour vers les contrées éloignées des Terres Sauvages. Il part en quête de réponse à son existence. Qui est-il réellement, et quelle est sa place dans ce monde ? Sera-t-il de taille à affronter les...