Avalar - Tome 1 - Le peuple ancien

Chapitre 27

« Au beau milieu des montagnes s'élève le temple du diable, une forteresse autrefois remplie de créatures inhumaines et sans âmes. »

Imlith Enuriel, haut représentant des Ombres

« Les mille et une tours d'Oulan Cor côtoient les sommets enneigés et attestent d'un savoir-faire architectural que même les drahärs envieraient. Impossible de ne pas s'émerveiller devant la splendeur du château, à commencer par ses grandes portes en chêne massif qui protègent ce lieu inébranlable et renvoient un sentiment d'insignifiance dès l'instant où l'on y pénètre, comme pour rappeler la nature mortelle de tout être en ce monde. Sa cour arbore fièrement les statues des cinq fondateurs de l'Ordre, et s'agrémente d'une diversité impressionnante d'arbustes et de plantes que seule leur magie abjecte pourrait si bien entretenir. Et c'est sans parler de ses innombrables couloirs et salles dans lesquels flotte constamment un air d'érudition et de sagesse à en faire pâlir l'académie de Tal-Lasi...

Est-ce le château lui-même ou la plaine vierge et les montagnes l'entourant qui rendent ce lieu si envoutant ? Il reflète la grandeur des civilisations de ce monde et pourtant se trouve envahi par les luménoriens et leur arrogance. Les luménoriens qui se croient au-dessus des lois et qui n'hésitent pas à remettre en question la royauté établie depuis la nuit des temps. Quel dommage que nous ne puissions pas goûter au savoir de ces pourritures contenu dans leur bibliothèque aux dix millions d'ouvrages. »

Émissaire du roi Toleb II de Tal-Lasi

« Lorsqu'il s'agit d'apprendre à combattre, les luménoriens n'ont de limites que la grandeur d'Avalar, et bien que le Conseil se garde de protéger jalousement le nombre réel de trépas au sein du château, nous savons de source sûre que seule une minorité d'apprentis atteindront la fin de leur formation.

Les berserks... C'est ainsi qu'ils les nomment. Des marionnettes aux bras infinis munis de massues, d'épées, de lances, de dagues, et d'autres ustensiles destinés à vous tailladez ou vous broyez en deux. Un luménorien se doit de passer une heure par jour à affronter ces pantins sans se faire écrabouiller, et il peut s'estimer heureux lorsqu'il en ressort avec quelques bleus et ecchymoses. Après tout, peu entraîné, il représente un risque pour lui-même mais également pour ses compagnons, et il demeure préférable qu'il perde la vie avant d'engendrer la mort d'autres frères d'armes. »

Écrit conservé dans la bibliothèque de Navras

Habillée d'une toge rouge et blanc, Xiara venait de faire irruption dans une modeste salle pourvue d'un grand vitrail. Elle portait sous son bras un ouvrage épais qu'elle déposa lourdement sur la table ronde, et un nuage de poussière émana du livre lorsqu'il entra en contact avec le bois sec.

Quatre autres luménoriens affublés du même accoutrement étaient déjà installés. Elle les contourna avant de s'asseoir à la dernière place disponible.

— Veuillez m'excuser, dit-elle. Retrouver ce livre dans les archives m'a pris plus de temps que prévu.

— Puisque tout le monde est enfin là, nous allons pouvoir commencer, entama Gribok Valantis en se levant.

Les torches disposées aux quatre coins de la pièce s'allumèrent sans crier gare, et un parchemin posé sur un pupitre s'éclaira aussitôt. On pouvait y lire en langue Ancienne : Réunion du Conseil 489, l'an 1129, Oulan Cor.

Gribok affichait une longue barbe blanche qui lui tombait jusqu'au bassin et parlait d'une voix nonchalante, comme si son âge avancé l'empêchait de se montrer vivace. Xiara soupçonnait que sa véritable intention fut de rendre ces réunions encore plus ennuyantes, et cela fonctionnait.