CHAPITRE 14: Pourquoi?....Pourqoui....

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Alors pourquoi l'as-tu laissée partir ?

Cette simple question commença à résonner dans son cerveau, de plus en plus fort, dans une boucle infinie de répétitions jouées par un disque rayé qui continue de répéter encore et encore le même refrain.

Pourquoi l'as-tu laissée partir...?

La voix de Camille, de plus en plus distante, se superposa soudain à celle de sa Lise, qui, depuis des mois, après le départ d'Hélène, n'avait cessé de le tourmenter avec les mêmes, identiques mots . Soudain, Raphaël eut l'impression que tout son corps (cœur, estomac, intestins, poumons...) s'était retrouvé entre les griffes d'une énorme pince qui l'écrasait de plus en plus fort, ne lui laissant aucune issue. A bout de souffle, il s'appuya de nouveau contre la balustrade, penchant la tête en avant pour tenter de prendre un peu d'air, mais c'était comme si deux mains invisibles l'avaient saisi à la gorge et l'empêchaient de respirer.

Il connaissait très bien ce sentiment. C'était exactement ce qu'il avait ressenti, immédiatement après qu'Hélène eut refermé pour la dernière fois la porte de sa chambre d'hôpital derrière lui. Et c'était ce qu'il avait continué à ressentir pendant très longtemps, à chaque fois qu'il pensait à elle : comme s'il était sur le point d'étouffer.

La main de Camille sur son épaule le réveilla, le faisant émerger de l'abîme dans lequel il avait sombré. Un peu désorienté, il se retourna pour la regarder, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il réalisa que sa vision était brouillée par les larmes.

C : "Je suis désolée...- lui dit-elle, avec un regard d'excuse... - Je n'avais pas réalisé que tu te sentais si mal à ce sujet..."

Devant l'expression inquiète de son amie, il passa rapidement une main sur son visage et tenta de se ressaisir, esquissant un sourire. Mais il ne devait pas être très convaincant, car Camille ne cessait de lui serrer l'épaule comme si elle avait peur de le voir s'effondrer à tout moment. Et même si elle ne le lui demandait plus avec des mots, cette question continuait de clignoter silencieusement dans ses yeux.

Pourquoi l'as-tu laissée partir ?

Il était peut-être temps d'essayer de lui donner, et de se donner, une réponse.

Il posa sa main sur celle de sa petite sœur et la serra légèrement, pour la rassurer.

B : "... tu te souviens de comment j'étais quand... quand tu es venue travailler à la DPJ à Paris ?" - lui a-t-il demandé à voix basse.

C : « ....quand tu étais réduit à une épave humaine, tu veux dire ?»

Malgré lui, Raphaël laissa échapper un petit rire : Camille n'y allait pas par quatre chemins. Impitoyablement sincère, comme toujours.

Et après tout, il ne pouvait vraiment pas lui en vouloir.

Au moment où elle était arrivée pour remplacer le capitaine Bach, il n'était plus qu'une épave ; une coquille d'os et de chair, sans plus d'âme ni de sentiments, flottant impuissante à la surface de son existence, essayant juste de ne pas sombrer. Beaucoup avaient tenté de l'aider à refaire surface : Eddy et Fatim, Delgado, Camille, même Olivia, à sa manière, lui avait tendu la main. Mais il n'avait réussi à en attraper aucun. Il survivait à peine, plongé jusqu'au cou dans la mer de merde qu'était sa vie.

Il souffrait comme un chien de ce qui était arrivé à Lise.

Il était anéanti par ce que Maya lui avait fait et de tout ce qu'elle pouvait lui faire d'autre ; il détestait désespérément l'idée même de la naissance de la petite Alice, cette fille qu'au début il avait rejetée de toutes ses forces.

Et sì, un jour...à Noël...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant