Chapitre 3: Quelle heure est il?

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H : « Bonjour Balthazar »

Elle était plus belle que dans son souvenir. Ou peut-être, tout simplement, avec le temps l'image d'elle s'était effacée dans sa mémoire, comme une photographie laissée trop longtemps fermée au fond d'un tiroir.

Parce que c'est exactement ce qu'avait fait Balthazar, juste après son départ. Il avait enfermé tous leurs souvenirs dans un tiroir bien caché de son esprit et ne l'avait jamais rouvert depuis. Parce que ça ne servait à rien de continuer à penser à elle après qu'il avait choisi de la repousser (comme, à l'époque, sa Lise le lui avait justement fait remarquer)... et surtout... penser à elle lui faisait trop mal.

Mais le fait qu'il ait mis sous clé tout ce qui lui rappelait Hélène ne signifiait pas du tout que Balthazar l'avait oubliée.

Et maintenant que, contre toute attente, ce tiroir avait été rouvert, tous les fragments de ces souvenirs avaient jailli avec la puissance d'une explosion, se rejoignant les uns les autres pour former la figure vivante et palpitante qui se tenait devant lui à cet instant.

Toujours incrédule, Raphaël resta silencieux un moment, craignant que le charme ne se rompe et que l'image d'elle ne lui glisse à nouveau loin des ses doigts. Il resta enchanté en observant le profil de son visage et la lumière qui dansait dans ses beaux yeux clairs, jusqu'à ce qu'elle bouge, rompant le silence.

H : «Tu es toujours là, Balthazar ?» - demanda Hélène en rapprochant un peu son visage de l'écran.

B : « Oui, oui, oui. Bien sûr, oui....absolument. Je suis là. Je suis là – répondit-il en parlant si vite qu'il trébucha sur les mots.

B : « Je suis là. » - répéta-t-il, cette fois plus lentement, en essayant de contrôler la soudaine accélération de sa respiration.

B : « Bonjour, Capitaine »

Sa voix peinait à sortir, coincée entre sa poitrine et sa gorge par l'émotion très forte qu'il ressentait à prononcer à nouveau ces deux simples mots.

Bonjour, Capitaine.

Il l'avait saluée de cette façon tellement de fois dans le passé qu'il en avait perdu le compte. Après tout, c'était une salutation banale. Un surnom pas très original pour un capitaine de police.

Pourtant, il n'avait plus jamais pu appeler quelqu'un ainsi. Avec Camille, il n'avait jamais utilisé cette appellation.

Parce que pour lui, elle était et resterait à jamais sa seule et unique capitaine.

Peut-être qu'Hélène a dû, elle aussi, ressentir la même émotion en l'entendant parler, car une petite grimace est apparue sur son visage, semblable à un sourire, mais un peu plus triste.

H : « Bonjour Balthazar » – répéta-t-elle en bougeant à peine les lèvres et en continuant à le fixer intensément à travers l'écran.



A : « HELLOOOOOOOOOO !!!!! »

Soudain, une petite voix joyeuse s'interposa entre eux, interrompant cette connexion magique mais aussi un peu gênante qui venait de se recréer.

Visiblement désireuse d'attirer à son tour l'attention d'Hélène, la petite Alice se mit à marmonner et se pencha en avant pour attraper à nouveau le téléphone, mais cette fois Balthazar ne fut pas pris au dépourvu : d'un mouvement éclair, il éloigna le téléphone portable et le posa directement sur le ventre d'un ours en peluche géant que Jérôme avait offert à Alice comme acompte sur ses cadeaux de Noël ; puis il s'assit en tailleur sur le tapis, mit sa fille sur ses genoux et l'entoura affectueusement de ses bras, la serrant fort pour se racheter de son accès de colère juste avant, mais surtout pour l'empêcher de décrocher le téléphone et de risquer de faire tomber la ligne.

Et sì, un jour...à Noël...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant