Chapitre 16: Point 27K

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Les chutes de neige avaient augmenté en intensité sans aucun avertissement. Et les tendres flocons qui, jusqu'à quelques secondes auparavant, se balançaient inoffensivement dans l'air comme de gracieux danseurs, s'étaient maintenant transformés en une foule de redoutables soldats, qui se frayaient un chemin à travers le tissu léger de la veste de Raphaël et lui enfonçaient leurs lames de glace tranchantes dans le dos.

Comme si cela ne suffisait pas, la température extérieure avait vertigineusement chuté à des niveaux arctiques et le vent continuait à hurler comme une meute de loups enrages.

Mais pour Balthazar, rien de tout cela n'avait d'importance : le froid, le vent, la neige... plus rien n'existait autour de lui.

Au moment précis où il avait pris Hélène dans ses bras, il avait soudain pénétré dans un autre monde, celui de la tendresse et de la chaleur.

Cette étreinte, il l'avait désirée dès le premier instant où il l'avait trouvée devant lui. Et il en rêvait depuis l'instant où il avait vu son visage sourire à Alice à travers l'écran du téléphone portable.

Toute la journée, il avait lutté avec acharnement contre ce désir, car il savait bien que, s'il le réalisait, il lui serait alors presque impossible de la laisser partir.

Mais lorsqu'elle avait menacé de partir pour de vrai, et cette fois-ci pour de bon, son corps avait réagi automatiquement, avant même que son cerveau n'ait pu formuler la pensée.

Et donc, instinctivement, il avait fait la seule chose dont ils avaient généralement tous deux besoin pour se calmer et surmonter leur proverbiale incapacité à communiquer.

Une technique désormais éprouvée, qui l'avait déjà aidé à d'autres occasions dans le passé à franchir les murs infranchissables avec lesquels Hélène se défendait lorsqu'elle était en colère ou effrayée.

Mais le passé était, bel et bien, le passé, et bien des choses s'étaient passées entre eux depuis lors. Difficile de dire si, malgré tout, sa méthode a encore fonctionné.

Bien qu'à contrecœur, Raphaël décida qu'il était temps de s'en assurer : alors, il rassembla son courage, ouvrit les yeux et tourna légèrement la tête, juste assez pour pouvoir regarder le visage d'Hélène, toujours obstinément détourné du côté opposé au sien; avec un soupir résigné, Raphaël écarta prudemment les bras et desserra son étreinte autour de sa précieuse proie, prenant garde à ne pas la laisser s'échapper ; puis, voyant qu'elle ne bougeait pas, il lui caressa lentement le dos, en profitant pour palper ses muscles, qui se tendaient comme les cordes d'un violon dès qu'il les touchait.

Les lèvres de Balthazar se plissèrent en une grimace : le résultat de sa première inspection n'avait pas été des plus encourageants. Mais il n'avait pas l'intention d'abandonner.

Retenant son souffle, il laissa à nouveau glisser ses doigts le long de la colonne vertébrale d'Helene, comme un musicien inexpérimenté essayant de faire jouer son instrument ; un instrument plutôt têtu et indiscipliné, cependant, puisqu'il s'obstinait à rester immobile et silencieux entre ses mains.

Pendant ce temps, la neige tombait de plus en plus épaisse autour d'eux, ouvrant une brèche dans cette étrange aura de chaleur qui les avait protégés jusqu'à ce moment-là. La peau d'Hélène était gelée sous ses doigts, et lui aussi commençait à perdre la sensation dans ses membres.

Il soupira une fois de plus et regarda avec consternation son souffle se transformer instantanément en un nuage de cristal.

Il devait prendre une décision avant qu'ils ne meurent tous les deux de froid.

Et la décision la plus sage était de la laisser partir.

Après tout, c'était ce qu'elle voulait.

Et sì, un jour...à Noël...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant