CHAPITRE 13: pourquoi tu l'as laissée partir ?

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Un minuscule flocon de neige descendit lentement du ciel et se mit à danser dans les airs, exécutant une série d'acrobaties colorées et audacieuses dignes d'une étoile de l'Opéra de Paris.

Raphaël étendit les lèvres dans un bref sourire, puis tendit la main devant lui et regarda ce petit cristal se poser avec une pirouette, comme s'il était sur une scène et devait faire sa dernière révérence.

Comme s'il était réellement au théâtre, plutôt que sur le balcon de sa maison, Balthazar se pencha légèrement par-dessus la balustrade et leva la tête vers le ciel pour mieux apprécier ce magnifique spectacle. Au-dessus de sa tête, le vent glacial de l'hiver continuait de jouer sa musique, attirant à lui de plus en plus de flocons dansants qui s'approchaient toujours plus nombreux, peut-être désireux de faire partie de cette illustre compagnie.

Raphaël laissa son regard s'attarder un instant sur l'éclat de la voûte étoilée et sur la blancheur de ces petits tourbillons poussés par le vent. Puis il ferma les yeux, inspira et remplit ses poumons de l'air glacial et perçant de cette étrange nuit de décembre. Il espérait que le froid l'aiderait à faire le vide et à mettre de l'ordre dans sa tête, où les pensées continuaient à se poursuivre rapidement et chaotiquement, tout comme la danse de ces minuscules flocons de neige. Plongé dans son petit coin de solitude, il tentait de détendre ses muscles tendus et de ralentir les battements rapides de son cœur, en se concentrant uniquement sur le son rythmé de sa respiration.

Mais bientôt, quelque chose l'obligea à interrompre ses exercices de méditation inefficaces.

Son odorat infaillible avait perçu une note discordante dans la pureté de l'air, une odeur intense et âcre qui s'était soudain répandue autour de lui, chatouillant ses narines de manière agaçante. Il renifla plusieurs fois son environnement, puis retroussa les lèvres en une grimace de dégoût.

Du tabac.

Et de très mauvaise qualité qui plus est.

B : " Quand est-ce que tu vas arrêter de fumer cette merde ? "

D'un air indolent, Camille sortit de l'ombre qui l'entourait et inspira silencieusement une généreuse dose de fumée de la cigarette encore allumée entre ses lèvres ; puis elle tira une bouffée et laissa l'air sortir de sa bouche, soufflant si fort qu'elle effraya les pauvres flocons de neige dansants, qui interrompirent brusquement leur spectacle et disparurent précipitamment dans l'obscurité de la nuit.

C : "Quand je trouverai un travail qui me rapporte beaucoup d'argent et me permette d'importer du tabac directement de la plantation la plus riche de Cuba". -répondit-elle avec une ironie mal dissimulée.

Sans même daigner détourner le visage, Balthazar secoua la tête et lui lança un regard de reproche.

B : "C'est la deuxième fois que tu viens derrière moi en secret... Tu vas m'espionner toute la soirée?"

C : « Et toi ? Tu vas te cacher toute la soirée? »

B : « Je ne me cache pas du tout !! »

C : « Ah non ? Alors pourquoi es-tu là à risquer l'hibernation, au lieu de rester au chaud et de profiter de la fête comme tout le monde ? »

Instinctivement, Balthazar se tourna vers la porte du balcon et jeta un coup d'œil à travers la vitre embuée de froid. Il ne voyait pas grand-chose à part le scintillement des lumières des arbres (ou peut-être étaient les paillettes de la robe de Morgane... ?). Mais le son d'un rire enfantin et la mélodie d'une voix familière pénétrèrent droit dans son cœur, s'y plantant comme des piqûres d'épingle.

L'air peiné, Raphaël détourna le regard et tourna à nouveau le dos à la maison, s'appuyant les coudes sur la balustrade et se frottant les mains engourdies.

Et sì, un jour...à Noël...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant