Chapitre 2

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- Nous y sommes! Annonce Ben.

Je l'entends sortir de la voiture et je le suis. Mes pieds touchent des gravillons, il m'entraîne avec lui.

- Je sortirai tes bagages plus tard.

- D'accord.

Je sens que l'endroit s'est assombri, j'imagine que c'est un abri. Je l'entends ouvrir la porte.

- Attention, il y a une marche.

J'obéis à son avertissement et entre dans la maison. Je me dirige seule dans une pièce, je crois que c'est le salon puisque j'entends une télévision .

- Salut, annonce une voix féminine.

Je me retourne.

- Tu es bien plus belle que je me l'imaginais.

- Ce n'est pas parce que je suis aveugle que je ne peux pas prendre soin de moi.

Elle lance un petit rire gêné avant de reprendre :

- Moi, c'est Jessie. Ta cousine.

- Je sais.

Un silence s'installe. Quelques minutes plus tard, un garçon vient à notre rencontre.

- Hey! Salut les filles.

- Salut, dis-je.

- C'est Bonnie, répond sa sœur.

Je sens qu'on me dévisage, j'ai des picotements qui traversent mon corps.

- Waouh! Je suis Jake, le frère jumeau de Jessie.

J'opine.

- Vous pouvez me décrire la maison en partant de l'entrée s'il vous plaît. J'ai besoin de me repérer.

- Oui bien sûr! Me dit Jake.

Une main rêche et dure empoigne la mienne. Il m'entraîne doucement vers l'endroit demandé. Lorsque nous y sommes, il commence sa visite guidée.

- L'entrée n'a rien d'exceptionnel. Elle est blanche et petite. Une étagère en bois à droite de la porte sert à ranger les chaussures et les toilettes se trouvent en face.

J'arrive à me diriger vers l'étagère que je trouve sans trop de peine. Ensuite, nous traversons un couloir avec de multiples photos de famille. Nous nous arrêtons devant l'une d'entre elles.

- Tu es sur cette photo, Bonnie.

- C'est laquelle?

- Tu étais encore très jeune. Tu étais à la mer accompagnée de tes parents.

Je me souviens de ce jour, j'avais cinq ans : deux ans avant la perte de ma vue, mais la catastrophe était déjà arrivée. Sur cette photo, nous paraissons heureux alors que c'était le contraire. Maman l'avait imprimée en dix-huit exemplaires pour montrer à tout le monde que nous allions bien et que nous nous aimions plus que tout au monde. Nous étions en bord de mer, j'étais dans les bras de mon père, je portais un maillot de bain uni rose à pastèques. Ma mère portait un soutien-gorge de maillot de bain et un short en jean. Tandis que mon père portait seulement un bermuda gris foncé. Nous affichions tous un sourire un peu forcé, mais ma mère voulait absolument montrer que rien de grave n'arrivait. Rien que d'y penser, j'en ai la nausée.

- Fais-moi visiter le reste de la maison.

- D'accord!

Jake m'emmène dans le salon, j'avais visé juste : il est spacieux, un grand canapé gris se trouve en face d'une TV et un bar sépare le salon de la cuisine. Ensuite, sur la gauche, se trouve une chambre, celle de Jessie et en face la chambre de Jake. Nous traversons la cuisine. Elle est spacieuse et les murs sont blancs, me dit Jack, une baie vitrée la rend très lumineuse. Au fond, se trouve une porte. Après l'avoir ouverte, nous montons à l'étage où se trouve une grande salle de bain blanche et noire comportant des toilettes, une baignoire et une douche à l'italienne. Une autre pièce au fond sert de chambre d'amis qui sera désormais la mienne. Elle est bleu-nuit, avec un lit deux places en bois ciré, une grande armoire assortie et un bureau en verre noir. Dans mon imagination, elle est tout simplement magnifique. Ensuite, un baby-foot sépare l'espace vide entre le salon et la chambre. Nous redescendons dans le salon, Jessie nous attend assise sur le canapé.

- Tu en penses quoi de la maison? Me demande-t-elle.

- J'aime bien. Mais vous n'avez pas de rampe dans les escaliers. Je fais comment?

- Je demanderai d'en installer une. Genre demain. Aujourd'hui, on fera attention.

- Merci.

Je m'en veux de leur faire déjà dépenser de l'argent dès mon premier jour, mais c'est pour mon bien.

- Je serai là si tu as besoin d'aide comme tout à l'heure, me propose Jake. Et mes parents seront là aussi.

Je pensais que Ben était divorcé. En tout cas, c'est ce qu'on m'avait dit.

- Ben n'est pas divorcé?

Leur éclat de rire me surprend.

- Bien sûr que non. Qui t'a dit une chose pareille?

- Le tribunal et les assistantes sociales.

Je crois que je viens de faire une gaffe, je n'obtiens pas de réponse. 

Je souffre du début à la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant