Chapitre 16

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Durant les jours qui suivirent, Arthur et moi avons installé notre petite routine. Nous nous mettons à côté dans le bus, il me prend la main pour faire ce geste. Et arrivés au lycée, nous nous dispersons sauf en cours pendant lequel on apprend à se connaître l'un et l'autre. J'ai appris qu'il avait un grand-frère du nom de Tom, âgé de vingt et un ans, ainsi qu'un frère jumeau prénommé Oliver. Il a des parents divorcés, mais vit chez sa mère, la directrice de cet établissement, et ne voit jamais son paternel. Mais il sait qu'il a une demi-sœur de trois ans de son côté. Son anniversaire est le dix-huit octobre, deux mois pile de plus que moi. Je sais également qu'il aime lire, jouer aux jeux vidéo et qu'il est du genre sportif. Il a bon appétit, ce qui ne m'étonne pas trop. Sa personnalité étant gentil, drôle, il a réussi à m'arracher quelques rires et sourires. Arthur est aussi prévoyant, intelligent et attentionné. En revanche, il n'a rien appris sur moi. Juste le principal : mon anniversaire, que je suis allergique à tout ce qui compose de caféine et que malgré mon handicap, je suis très intelligente. Nous sommes en cours d'histoire et Meghan est à l'infirmerie pour je ne sais combien de fois depuis une semaine. Elle est jalouse, à coup sûr. Tant pis.

- Je reviens, j'ai un appel d'urgence de ma fille, me chuchote Tyler.

J'acquiesce. Il demande à Arthur s'il pourra me passer ses notes et celui-ci accepte gentiment. Tyler revient dix minutes plus tard et dit qu'il doit partir en urgence. Madame Osman demande à la classe qui veut bien le remplacer pour ce cours et le restant de la journée.

- Moi, claironne la voix d'Arthur.

- Oh! et bien, je t'en prie.

Il se lève, prend ses affaires et les pose sur la table.

- Je reprends, annonce la professeure.

Arthur tire la chaise à mes côtés.

- Salut, je te recopierai mes cours et je te les passerai demain, murmure-t-il.

- Merci.

Après un petit moment, il me demande :

- Tu penses que tu sortiras avec moi, un jour?

Sa question me prend au dépourvu.

- Je ne sais pas. Je t'imagine et c'est assez nul en soi.

- Ce que tu imagines de moi est certainement vrai, Bonnie. Je me décris tous les jours pour t'aider.

C'est vrai, mais ce serait vraiment dommage et ce n'est surtout pas la même chose. Il reprend :

- Et... Je... Je te laisserai... Euh... Me toucher.

Sa proposition peut être étrange, mais elle ne l'est pas pour moi.

- Je ne sais pas. Laisse-moi y réfléchir.

- Prends ton temps.

Personne ne m'a demandé ce genre de chose. Je dis bien PERSONNE.

- Pourquoi tu n'as pas un ordinateur en Braille pour t'aider?

- J'en ai un pour les devoirs. Au collège, je l'utilisais, mais au lycée, on doit prendre de plus en plus de notes et je ne suis pas très rapide. Depuis, un accompagnateur écrit pour que je puisse y recopier. Ça me fait revoir le cours en fin de journée puisque j'ai une mémoire auditive.

Il n'y a qu'avec lui où je me sens réellement bien.

- Mais concentre-toi sur le cours, tu n'écris rien.

Ma réplique le fait rire, pour autant, il se met au travail. 

Je souffre du début à la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant