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Olivia

Devant le miroir de ma nouvelle chambre d'étudiant, j'observe l'allure de ma tenue qui n'est qu'une simple jupe noire avec une chemise blanche accompagnée de mes chaussures habituelles.

Le lisseur à la main, je me boucle mes mèches blondes pour les relever ensuite dans une queue-de-cheval.

Une pile de photocopies contenant des témoignages, des photos, des textes scannés se trouve sur ma table à manger.

Je ne me maquille pas et prends la pile de papier pour partir au tribunal où je vais d'un premier temps voir mon avocate puis passer l'audience qui déterminera le sort de mes parents.

Bonjour Olivia, vous pouvez vous asseoir.

Bonjour Maître.

Je dépose ma pile sur le bureau de mon avocate qui répartit les différents documents en plusieurs piles.

Son regard se balade entre les différents papiers avant qu'elle ne se stoppe sur une photo.

Petite, vous teniez un journal intime à ce que je vois.

C'est exact.

Je peux le lire ? demande-t-elle d'un ton calme.

Bien sûr, j'ai ramené ces documents exprès.

Pendant que cette dernière lit les textes que j'écrivais étant enfant, le stress monte, je vais les revoir.

Je commence instinctivement à gratter mon bras gauche qui rougit instantanément. Cette pile devant moi contient toute ma vie.

J'ai pu récupérer tous les documents pendant une après-midi où un membre des forces de l'ordre m'accompagnait. Il est vrai qu'au sein de la gendarmerie, mon père n'est pas vraiment le bienvenu.

Étant plus jeune, il a reçu de nombreuses plaintes de voisinage et de ce que j'ai pu apprendre par mon avocate. Il a déjà essayé d'agresser à maintes reprises des jeunes femmes dans la rue, quelle belle réputation...

Dans la foulée, j'ai pu prendre mes affaires personnelles en toute sécurité.

Mademoiselle Mass, je pense qu'il est temps pour nous de nous rendre à l'audience, s'exclame la femme à mes côtés.

Nous sortons de son bureau pour passer à l'étage du dessous où la cour d'assises pour mineurs est logée.

Pendant notre chemin, une question me démange l'esprit. Instinctivement, je me tourne vers celle qui va me défendre et lui demande :

Maître, pendant l'audience, ai-je le droit à un temps de parole ?

Cette dernière s'arrête dans sa marche pour me répondre :

Évidemment, un témoignage de votre part est crucial. Je vous conseille même d'argumenter avec votre ressenti pour mettre toutes les chances de votre côté.

Je remercie mon avocate et nous rentrons enfin dans la salle qui est divisée en deux parties : les défenseurs et opposants.

*

Depuis déjà un bon quart d'heure l'audience à commencer, de nombreux mensonges sont sortis de la bouche de mes géniteurs pendant que de mon côté, je n'ai pas pris une seule fois la parole.

Mademoiselle Olivia, pouvez-vous nous faire part des actes faits par vos parents, je vous prie, me demande le juge principal.

Je me lève de mon siège et pars vers l'estrade destinée aux temps de parole. Mon cœur bat à vive allure au fond de ma cage thoracique pendant que les regards assassins de mes géniteurs se font sentir au creux de mon épaule droite.

Je montre une jambe après l'autre pour me retrouver sur l'estrade. Tout en prenant une grande bouffée d'air, je commence mon discours.

Comme vous me l'avez demandé, Monsieur le juge, je vais vous faire une liste des actes commis par ceux que vous appelez mes parents. Tout d'abord, j'ai reçu des remarques déplacées, que ce soit sur mon physique ou sur mon comportement, mes façons de faire et cela à longueur de journée. Par la suite, j'ai eu des violences physiques, des claques, des brûlures quelques fois, mais aussi du tirage de cheveux. Tout ça sur des parties souvent couvertes par les vêtements, car oui. Monsieur et madame Mass ici présents sont assez malins et ont des actes réfléchis. Pour ce qui est de mon ressenti au quotidien. Je vivais et je vis encore par leurs fautes, dans la peur et l'angoisse. Ce qui m'a mené avec l'ajout d'un harcèlement scolaire et cyberharcèlement à une tentative de suicide cet hiver dernier. Par leurs actes impensables, j'ai une crainte constante de l'homme, de ses manières de faire et autre.

Par la suite, les quatre juges débattent ensemble pendant que je me rends de mon côté à leur demande.

Je pars m'asseoir aux côtés de mon avocate qui me félicite pour mon courage. Selon elle, « Peu de personnes auraient franchi le pas. »

*

Les peines furent annoncées après maintes et maintes négociations, mensonges et vérités.

« Monsieur Romain Léo Mass et madame Kate Dubois ont pour peine 5 ans de prison ferme et 75 000 euros chacun en plus des frais de prise en charge de leur fille Olivia Mass jusqu'à la majorité de cette dernière. Pour cause, les deux parents ont usé de violence sur leur propre fille, que ce soit verbal ou physique, la poussant même indirectement au suicide. À la suite de leur passage en prison, ces derniers devront sous aucun prétexte approcher leur fille sauf si elle en fait directement la demande. »

Dans ma chambre d'étudiant, je relis maintes et maintes fois le résultat de cette journée. Un sentiment de soulagement m'envahit, je vais enfin pouvoir avancer.

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