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Olivia

Les différents pré-examens s'enchaînent, le sport passe en second plan. La neige a pris place, transformant le sable du lac en une fine couche de blanc.

Nous allons procéder au compte-rendu du mois dernier, s'exclame l'enseignant devant nous.

Le mois de décembre vient de débuter et ma motivation devient faible. En premier lieu, je pense au beach-volley, la neige est devenue mon pire ennemi.

Mademoiselle Mass...

La voix de mon interlocuteur m'arrache brusquement de mes pensées. Je relève ma tête vers ce dernier en signe de respect.

Vos résultats sont en baisse, nous vous connaissons avec un tempérament plus sérieux. Veuillez-vous ressaisir au plus vite !

Cette remarque me donne l'impression d'un couteau sous la gorge. J'ai tant régressé que ça ? Un groupe de jeunes m'interpelle aussi ces derniers temps. Ils critiquent mon jeu, alors qu'eux même ne jouent pas au beach.

Ça les rend minables. Cela a commencé en réel puis sur ma page Instagram.

Mes rares publications étant des clichés avec des proches ou des images de match. Les commentaires haineux se sont multipliés, effaçant les messages plus doux.

Le regard des autres peut changer à une telle vitesse. C'est si ironique de voir que l'effet de masse peut être dévastateur.

« C'est quoi ce service, il est tellement prévisible. »

« Elle veut participer au National, mais faudrait déjà qu'elle apprenne à faire un saut. »

« Je ne comprends pas comment Valentine peut jouer avec une débutante comme elle. »

« C'est la petite amie de Victor Hales ? Le pauvre. Je suis sûre qu'il la trompe. »

« Elle qui était forte pour les études, c'est tout l'inverse maintenant, elle est décevante. »

Les critiques à mon sujet affluent, mes oreilles n'en peuvent plus. Je me crois dans un cauchemar. Oui, ce n'est qu'un vilain cauchemar. Tu vas bientôt te réveiller, et tout ira bien.

*

Oli tu viens à l'entraînement aujourd'hui ? me demande Valentine à la sortie du réfectoire.

Bi-Bien sûr !

Tu es sûre que ça va Vivi ?

Elle m'appelle par ce surnom, que lors des discussions sérieuses. Je souffle un instant, le cœur lourd et reprends :

Trouves-tu mon jeu faible ?

Elle m'observe tout à coup les yeux grands ouverts, la phrase a dû mal passer. Je fuis son regard en me concentrant sur ses cheveux attachés en un chignon haut.

Tu es sérieuse dans tes propos ?

Je ne lui réponds pas, attendant une réponse concrète et développer de sa part.

Vivi, tu écoutes encore ce groupe de jeunes ?! Ils disent n'importe quoi ! Bien sûr que non, ton jeu n'est pas faible. Tu es juste fatigué en ce moment, ce qui est normal avec les virus de l'hiver. Si tu étais si faible qu'ils le disent. On aurait arrêté depuis un long moment notre binôme !

Ses paroles sont comme un rayon de soleil, mes doutes sont certes encore présents, mais ma coéquipière m'a donné sa vision de la situation.

Je viendrais à l'entraînement, dis-je comme réponse à sa première question.

Alors à tout à l'heure, dit-elle d'un léger sourire tout en partant vers sa salle d'étude.

*

Oli ! crie Valentine.

D'un saut, je frappe la balle avec une grande force, ce qui en l'occurrence me propulse en dehors du terrain.

Olivia !

Valentine accourt vers moi pour m'aider à me relever. Mon corps est lourd, je gratte dans mes ressources pour trouver l'énergie de jouer encore et encore.

Mon jeu me paraît plus faible depuis toutes ces remarques. Ce ne sont pas des critiques constructives, mais celles avec le but de blesser profondément.

Le match continue, avec néanmoins plus de difficultés. Les remplacent ne sont pas autorisés en match officiel, et Dieu sait que j'aurais voulu avoir l'exception à la règle aujourd'hui.

Le beach a toujours été un loisir et en cette journée, c'est devenu comme une tâche lassante.

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