CHAPITRE 44

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AXEL


Ces sensations brèves m'aident à reprendre le dessus, rien que quelques instants, le temps de gérer la présentation.

— ... de fin d'année. Axel va à présent vous lister les limites que l'on peut prêter à ces avantages que je viens de pointer. Gardez à l'esprit qu'une partie de ces informations a pu être corréler de manière intrinsèque aux études menées dans les entreprises concernées alors que d'autres restent au stade de spéculation.

— En effet, certains données sont invérifiables, renchéris-je. Voici quelques graphiques qui illustreront la limite principale que l'on peut trouver à la productivité d'une entreprise lorsque l'entente entre les employés est mauvaise.

J'actionne le bouton de la télécommande du vidéo-projecteur qui diffuse notre diaporama sur une toile blanche. Puis les mots sortent de ma bouche sans que je les conscientise. Comme Obsidienne se met sur pilote automatique pour éliminer ses cibles, je fais pareil en tant qu'Axel pour cet exposé. Je débite. Encore et encore.

Jusqu'à ce que Cassandre mette un point final à la conclusion.

— Eh bien ! lance M. Glabglouston après avoir marqué quelques secondes de silence pour produire son petit effet. Je dois dire que je ne m'attendais pas à une telle clarté dans vos explications. Le sujet n'était pas évident et je dois reconnaître que l'approche que vous avez choisi n'était pas la plus simple.

Mme Littlewood acquiesce et ajoute :

— Je confirme. J'ai été agréablement surprise par cette volonté de prendre la difficulté à bras le corps pour en sortir une démonstration bien plus enrichissante. J'ai noté une ou deux erreurs sur des définitions purement liées au business, nous pourrons y revenir dans quelques instants. Dans la globalité, je vous félicite pour ce travail de recherche rondement mené. C'était un plaisir de vous écouter.

Les deux se tournent vers l'auteur qui a été convié à la soutenance. Celui-ci hausse les sourcils.

— Vous m'avez laissé sur le cul, pour employer un registre familier. Si je dois me la jouer plus académique, c'est de l'excellent travail. J'ai particulièrement apprécié l'analogie entre les différences culturelles, les différences religieuses et les origines sociales. Vous avez fins dans votre analyse, nous évitant des clichés à s'en arracher les cheveux. Bravo ! Je n'ai failli m'assoupir que deux fois. Ça mérite d'être salué.

Si je n'étais pas aussi tendu avec la houle d'émotions qui remue en moi, j'aurais sûrement souri. Cassandre est tendue comme un ressort. Lorsque vient le tour de son père de s'exprimer, celui-ci nous regarde tour à tour, se passe la langue sur les incisives puis se lève sans mot dire. Quelques secondes plus tard, il a quitté la salle.

Ma binôme entrouvre les lèvres. J'ai même l'impression que ses yeux brillent. S'apprête-t-elle à pleurer ? Un drôle de pincement au cœur me rappelle à l'ordre. Depuis quand j'éprouve de l'empathie, moi ?

— Vous pouvez nous laisser, nous informe M. Glabglouston. Nous allons délibérer et reviendrons vers vous demain en fin de journée.

D'un geste de la main, j'invite Cassandre à passer la première puis nous rejoignons le couloir. Elle s'adosse au mur, essoufflée comme si elle venait de courir un semi-marathon.

— C'était... intense, articule-t-elle.

— À qui le dis-tu.

Je me place à ses côtés et fixe un point noir sur le mur face à moi. Nous restons silencieux un long moment. Je paierais cher pour savoir ce qui se passe dans sa tête. Dans la mienne, une lutte sanglante fait rage. Je prends alors le premier sujet qui me passe par la tête pour me distraire.

— Ton père a l'air... intransigeant.

— Il l'est. Rien n'est jamais assez bien pour lui. Surtout si ça vient de moi.

Sa réponse me prend au dépourvu. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se livre de manière aussi sincère.

Tuer.

Tuer.

Tuer.

Je contracte les poings le long des hanches.

— Merci d'avoir été sympa et d'avoir géré, me dit-elle soudain.

Elle m'aurait envoyé un uppercut dans le bide, je n'aurais pas vu la différence. Le souffle coupé, je reste coi. Mes pensées ont déserté mon cerveau comme l'ombre fuit la lumière.

— Je ne savais pas quelle tournure allait prendre cette présentation mais j'ai choisi d'avoir foi en toi, admet-elle. Il faut croire que j'ai bien fait.

Elle se décolle du mur et m'adresse un sourire sibyllin. Cette esquisse est la plus jolie chose qu'il m'est été donné de voir depuis longtemps.

— J'ai une surprise pour toi, me confie-t-elle à voix basse. Tu me fais confiance ?

— Non, réponds-je du tac-au-tac sans l'ombre d'une hésitation.

Ses lèvres s'étirent un peu plus.

— Le contraire m'aurait déçue. Allez, suis-moi ! Promis, je ne suis pas une tueuse en série.

Cassandre m'attrape le poignet et m'entraîne à sa suite. Ses boucles blondes dansent sur ses épaules et diffusent l'odeur de fruit rouge de son shampoing dans leur sillage. Mais moi, tout ce à quoi j'arrive à penser, c'est à sa dernière phrase. « Promis, je ne suis pas une tueuse en série ».

Moi oui. Et c'est bien ce qui m'inquiète.


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KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant