𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟎

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Jusqu'à présent, le restaurant le plus luxueux dans lequel je suis allée est un restaurant thaïlandais du centre-ville où Dylan nous a invité Lana et moi à déjeuner une fois pour célébrer son anniversaire, mais le lieu où Jax m'emmène... Il n'y a pas de comparaison possible.

Il s'agit d'un bâtiment composé de trois étages vitrés qui laissent voir de l'extérieur tout ce qui se passe à l'intérieur : des petits groupes de gens très élégants dînant sous la lumière dorée que projettent les somptueux lustres accrochés aux hauts plafonds. Ici, un simple verre d'eau servi dans le plus fin des verres doit coûter au moins ce que je gagne en une nuit en servant des verres au bar.

Dès que nous entrons, je sais que je ne cadre pas. Et je le sais, non seulement parce que je pense que tout le monde autour de nous sont des idiots dépensiers, mais aussi parce que j'ai l'impression que ces mêmes idiots riches me regardent comme si mon compagnon venait de me trouver dans n'importe quel coin de la périphérie de la ville et avait décidé de me nourrir un peu avant de profiter de mes services.

Je soupire de soulagement lorsque nous nous enfermons dans l'ascenseur pour monter au troisième étage. Mais je découvre bientôt que devoir partager à peine quelques mètres carrés avec Jax Winston sans aucune échappatoire n'est pas beaucoup mieux que de se promener entre les tables des vautours que nous venons de quitter.

Je n'aime pas du tout les ascenseurs, mais celui-ci n'a rien à voir avec la cabine déprimante et étouffante de mon immeuble que j'essaie toujours d'éviter autant que possible, mais qui a des miroirs sur chacun des quatre murs, donnant une impression d'espace assez rassurante.

Je fixe le devant et jette un coup d'œil à Jax à travers le reflet du verre. Il porte un costume qui a tout l'air d'être fait sur mesure, à en juger par la façon dont la veste s'ajuste parfaitement à ses larges épaules. Dessous, il porte l'une de ses chemises blanches habituelles, assez déboutonnée pour laisser entrevoir son sternum et la fine chaîne en argent qui entoure son cou. Mon regard remonte le long de sa silhouette, bien que je sache déjà ce que je vais trouver ensuite : cette odieuse chevelure blonde plaquée en arrière avec des quantités industrielles de gel, lui donnant l'air d'un complet imbécile. Quand il les porte ébouriffés, laissant tomber devant lui, il a également l'air complètement stupide, que personne ne se méprenne. Mais, malgré tout, je le préfère ébouriffé.

Cependant, nos yeux se croisent avant que je puisse me complaire dans le ridicule de ses cheveux. Jax lève un sourcil, sans rompre le contact visuel.

— Qu'est-ce que tu regardes ?

Je lui rends le geste, en levant les deux sourcils et pas seulement un.

— Et toi ? — je contre-attaque.

S'il n'avait pas été si occupé à me regarder de haut en bas, je suis sûre qu'il aurait vu qu'il faisait exactement la même chose avec moi.

Il détourne immédiatement le regard du miroir et de moi, le dirigeant instantanément vers l'extrémité opposée de l'ascenseur.

De mon côté, je croise les bras et, soudain, je réalise que ma veste me gêne. À l'intérieur, on ne ressent aucun signe du froid qui règne dehors. En fait, je jurerais que le chauffage est à fond.

Que tout le monde passe la soirée à jeter des regards furtifs sur mes tatouages me semble être un moindre mal par rapport à suer comme un cochon, alors je commence à enlever ma veste pour arrêter de cuire.

— Laisse-la sur toi — marmonne Jax à côté de moi.

Je stoppe mes mouvements brusquement, avec un bras nu et l'autre encore dans sa manche. Je le regarde, non plus à travers le miroir, mais directement. Il est toujours tourné de l'autre côté.

𝚂𝚔𝚒𝚗 𝚊𝚗𝚍 𝙱𝚘𝚗𝚎𝚜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant