Un soir au pays de l'ambre

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MAI 2021

En mettant un terme à cette relation toxique bâtie sur 4 ans de fondations marécageuses, c'est tout un univers qui va changer du jour au lendemain. Pour la première fois de ma vie, je me retrouve à demeurer seul et très rapidement, je me sens comme lorsque j'avais 18 ans. Je vis selon mon rythme et mes envies, je sors, vois des gens, flirt, ris, vis comme je l'entends ! J'enchaîne les week-ends éprouvants, mais incroyablement enrichissants, je vogue de gauche et de droite, je rentre à pas d'heure, sans rien devoir à personne et c'est jouissif. Je fais des rencontres, tantôt intimes, tantôt inspirantes.

Je me remets beaucoup en question et mes interrogations prennent des tournures similaires à : « n'ai-je pas fait le tour de mon travail ? N'ai-je pas envie de tout plaquer et partir à l'étranger ? » Moi qui n'ai jamais eu le cran de faire ça, mais qui suis abasourdi quand j'entends ces récits d'amis, de connaissances, qui partent ou sont partis, loin de chez eux, en quête d'eux-mêmes et qui ont des histoires si magiques à raconter. « Peut-être en octobre », me dis-je, quand j'aurai définitivement réglé les histoires administratives de ma séparation et de la vente de ma maison. Octobre, un mois qui ne me réussit pas...

Je rencontre une nouvelle Mademoiselle via une application de rencontre : Mademoiselle G. Encore une application de rencontre ? Et bien oui, je vous l'accorde, c'est un peu mon truc puisque je suis un piètre séducteur en plus d'être un canard boiteux lorsque je dois faire le premier pas dans le monde réel. Mademoiselle G. n'est pas d'ici, non pas que ça ait son importante directe, mais je dirai que ça rentre plus dans un ensemble global qui me correspond, un peu comme l'œuvre de ma vie qui n'aurait pas de sens et, en y mettant côte à côte les chapitres décousus, de me rendre compte que l'entièreté correspond à un tout plus ou moins cohérent. Ça va plus loin que de simplement rencontrer des filles d'origine étrangère, bien que le début de mon paragraphe suggère cette idée. À vrai dire, ça part tout d'abord du concept que chacun est différent, mais ces différences sont encore plus marquées lorsque nous rencontrons des personnalités d'une autre culture et j'ai comme une attirance pour l'inconnu, pour la découverte de ce qui ne m'est pas familier, d'aller à la rencontre d'autres horizons ! Peut-être, car elles me permettent d'exister moi-même en tant qu'individu, différent ? Oui, ce n'est pas toujours facile à suivre.

Elle est aussi pour moi, l'une de ces personnalités qui rayonne sur mon propre cosmos, elle a quitté son pays pour vivre quelque chose d'autre, non point sans une note de nostalgie. Lors de nos discussions, elle me conte qu'elle a déjà pas mal voyagé, c'est aussi une solitaire, une personnalité très intelligente et avec un caractère bien marqué, et vous devez commencer à vous douter que ça me plaît ! Le courant passe très bien, nous parlons en anglais ; il faut savoir que j'adore les concepts de « jeux de rôles » et les langues pour moi sont comme un jeu. Ça va même un peu plus loin en fait, je crois que les langues me permettent de m'exprimer en étant tout simplement moi-même. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, mais ça me permet de casser certains tabous, il y a comme une forme de « dans un autre contexte, je peux oser ceci », un peu comme si ça réduisait ma timidité. Par contre, le versant opposé de ce jeu de langues, sans mauvais jeux de mots, est de rendre les échanges plus complexes quand il s'agit de sujets sensibles et de réduire alors le fait de pouvoir s'exprimer sur la manière qui nous semble adéquate dans de telles situations, moi qui suis déjà un autiste des mots quand je suis dans une situation qui me renvoie vers mes propres faiblesses.

Nous nous voyons plusieurs fois, avons des discussions intéressantes, elle a l'âme d'un leader, elle en impose, mais je décèlerai rapidement que cette armure de pierre cache aussi, un cœur parfois meurtri par l'incompréhension d'autrui. Victime en approche ? Bien sûr que je sors ma panoplie de protecteur ! Sauf qu'à la différence, elle n'a pas besoin de sauvetage et sans me le dire, elle me le fait comprendre. Elle n'est en effet pas rentrée dans le jeu de la victime qui se plaint quand son libérateur lui apporte autant de réconfort que de raisons de se plaindre, ainsi lui-même peut continuer de faire le sauveur, et ainsi de suite, comme quoi, pour jouer, il faut être deux !

À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant