(BONUS) - Nous sommes nos choix

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Sans savoir pourquoi, la situation m'animait nerveusement. Il faut avouer que ça ne manquait pas de culot et je ne m'attendais pas à être reçu avec les félicitations.

C'est quelques heures plus tard que je vis qu'elle avait accepté ma demande d'amitié, me donnant accès à un peu plus de contenu sur son profil que je m'empressai de stalker. C'est là que je fis une découverte qui me mit un peu sur le cul, si vous me permettez l'expression.

Après tout ce temps, je m'attendais à ce qu'un nouveau chéri eût fait son apparition dans sa vie, ce qui était bien normal et ce qui n'était pas du tout ce qui me surprenait. Non, ce qui me « choqua » d'une certaine manière, c'était de voir qu'elle annonçait dans un de ses posts qu'elle allait devenir maman.

J'avoue être resté la bouche ouverte devant ce que je vis. Cette constatation me fit différents effets, d'abord celui de me dire qu'il était temps que je dépose les armes pour de bon, tout en me disant que j'étais content pour elle.

C'est vrai, je m'étais imaginé plein de scénarios différents, mais je n'avais jamais anticipé celui-ci. Je pris un peu de temps avant de lui envoyer un message, un peu comme si c'était complètement vain maintenant.

« Hello, j'espère que tu vas bien. Je... je ne sais pas vraiment trop quoi te dire, ça va te sembler très curieux ce rajout après le dernier échange qu'on a eu. Penses-en ce que tu veux, mais j'avais envie d'avoir de tes nouvelles. Je viens de voir que tu allais être maman ! Je suis content pour toi et je voulais juste te faire part de mes félicitations. À bientôt. »

Quel message de merde, transpirant de frustration et de ravalement de face ! Qu'est-ce que je croyais aussi, comme si je n'avais pas déjà assez joué avec ses pieds, comme si d'un instant à l'autre, j'allais finalement lui donner ce qu'elle recherchait ? Et puis, je me demande en y réfléchissant bien, si je n'avais pas l'idée très indirecte que de vouloir garder la maison en y mettant quelqu'un d'autre dedans, même si je savais pertinemment bien que ça ne pourrait fonctionner au vu de la distance géographique qui nous séparait déjà actuellement.

« - merci, mais si c'est pour me dire bravo, tes félicitations tu peux te les garder en fait, ça ne rime à rien ce que tu racontes

— Pourtant je le pense

— Tu te souviens le dernier message que je t'ai envoyé

— Nous sommes nos choix ?

— C'est ça

— Oui, je m'en souviens

— Et bien, tu devrais le relire. Je vais te le dire comme je le pense, je suis tombé sur cette personne que j'aime profondément et qui deviendra mon mari dans quelques mois. Je n'avais jamais ressenti un amour sincère ainsi et j'ai ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Tu n'es pas fondamentalement quelqu'un de méchant, pas du tout même, mais tu m'as fait du mal à en crever.

— Je sais bien... Je n'ai pas d'excuses et pourtant, en septembre, ce n'était mon but de te faire de plan foireux, c'était le bordel dans ma tête, ma maison, tout casser... J'étais perdu face à ça, mais ça ne veut pas dire que je n'assume pas t'avoir fait du mal.

— J'ai ressenti les mêmes sensations qu'avant, je t'ai maudit, je t'ai détesté, et surtout, c'est à moi que j'en ai tant voulu de m'être encore bercé d'illusions, de m'être dit qu'un jour tu m'aimerais.

— J'ai des torts, je m'en suis déjà excusé et malgré ça, je sais que ça ne les effacera pas, mais je voudrais aussi ajouter que quand je t'ai proposé de ressayer de faire un bout de chemin ensemble, c'est toi qui étais toute partie avec ton nouveau mec de l'époque. Il ne me semble pas être venu te gratter comme un chacal malgré ça.

— Et ça aurait marché tu crois ?

— Je n'en sais rien, mais même si j'ai déjà foiré beaucoup de trucs entre nous, faut aussi remettre les choses dans leur contexte. En septembre je n'étais pas prêt, ça ne voulait pas dire que je ne le désirais pas, mais je devais d'abord régler ce que j'avais à régler.

— Peut-être. Pourquoi tu m'envoies un message avec tes félicitations toutes fausses et hypocrites ?

— Peut-être parce que j'ai raté le coche et que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. C'est comme ça, j'ai eu mille opportunités et je ne les ai pas saisies alors oui, c'est en ravalant ma fierté qui passe comme un caillou au travers de ma gorge que je te souhaite mes félicitations. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas sincèrement content pour toi.

— Je n'avais pas interprété ça comme ça...

— Mais tu as raison, je n'aurais jamais pu te donner ce que tu espérais, même si tu es une personne qui m'est très chère, tu es une amie sincère et j'aurai été comblé avec toi. Mais je crois que dans le fond, on a quelque chose qui n'est pas réciproque. Ça ne veut pas dire que je ne voulais pas en être persuadé. Maintenant tu as rencontré quelqu'un qui t'aime à ta juste valeur, tu vas être maman et tu es rayonnante. Crois-le ou pas, je suis infiniment heureux pour toi, parce que tu mérites d'être heureuse.

— Tu le penses vraiment ?

— Oui, vraiment

— Mais tu sais que nous devons prendre nos chemins respectifs maintenant

— Oui, je le sais

— Par respect et par prévention, pour moi-même et mon futur mari, tu comprendras que je ne peux plus te parler

— Oui, je le comprends aussi...

— Prends soin de toi, J. »

Et c'est ainsi que nous nous sommes dit au revoir. Ma nature curieuse me fait de temps en temps aller stalker son profil, dont la photo met maintenant en avant un deuxième enfant dans ce beau portrait de famille au côté de son mari dont le sourire témoigne tout l'amour qu'il porte pour sa petite tribu. C'est tout ce que je leur souhaite et c'est en passant comme une ombre, sans une trace de mon passage, que j'espère de tout cœur qu'elle sera enfin épanouie et qu'elle ne se privera pas du bonheur auquel elle aspire.

À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant