MARS 2022
Nous sommes dans le courant du mois de mars c'est, depuis le jardin de ma nouvelle maison et en observant les rayons de soleil se refléter sur ma peau que je me mis à regarder en arrière et à relire tout ce que je viens d'écrire et à songer.
Après plusieurs semaines de distance, je remarque que celles-ci ont un effet salvateur sur moi. Je me suis laissé aller à la dérive pendant trop longtemps et cette situation a eu comme l'effet d'un trou noir en attirant toute matière se trouvant à proximité en son centre. Toutefois, je voudrais préciser que la situation avec Mademoiselle K. n'était la cause de tous mes maux, elle est certes venue ajouter une fameuse pierre à l'édifice et dans un sens pas très joyeux joyeux, mais la réalité est plutôt que je traîne pas mal de casseroles depuis plusieurs années. J'ai remarqué que je n'étais pas tout à fait heureux dans la manière de faire mes choix, j'ai besoin d'aventures, j'ai besoin de sortir de la case dont je suis enfermé, j'ai besoin de me sentir vivant. J'ai pendant longtemps été comme conditionné sur ce qu'était le bonheur, en pensant qu'il s'agissait d'avoir un travail stable, une femme et des enfants, une maison et un monospace. Cette partition m'a toujours semblé être dans une tonalité qui ne sonnait pas juste, mais sans y voir vraiment d'autres alternatives.
Ne me méprenez pas, il est indispensable de travailler, comment subvenir à ses besoins sinon ? Mais il est aussi indispensable de se sentir épanoui dans son travail et de mon côté, après de nombreuses années de bons et loyaux services, je sens avoir fait le tour de la question. Et dans le même ordre d'idées, je trouve que fonder une famille est quelque chose de merveilleux, lorsque c'est quelque chose que vous désirez vraiment au fond de vous et non pas parce que vous pensez que c'est ça qui vous fait exister en tant qu'individu dans la société.
Je constate alors en me relisant que depuis toutes ces années, je suis à la recherche de celui que je serai, j'ai voulu mener la vie parfaite du citoyen et cette fausse conception du bonheur m'a fait faire des rencontres aux conséquences désastreuses, tant pour moi que pour la personne en face. J'ai ensuite fonctionné en « ne cherchant aucun nom sur la sonnette, mais en appuyant à l'aveuglette » si je peux paraphraser Damso et c'est ainsi que j'ai rencontré celle qui m'a donné une réelle définition de l'amour. Cet amour shakespearien fut douloureux, mais je suis reconnaissant de tout ce que j'ai appris grâce à cette expérience, grâce à cette personne qui m'a appris indirectement qu'il valait mieux être acteur de sa propre vie que spectateur et que malgré tout ce que vous pouvez éprouver qu'il ne faut pas vous oublier vous-même en mettant de côté votre propre éthique par peur de perdre ce que vous avez.
Vous l'aurez compris et il est vrai que j'étais resté un peu secret sur ce sujet, mais, après quelques semaines dans cette maison austère, celle avec ses voisins si... particuliers, j'ai décidé de me mettre en quête d'un autre foyer afin pour moi d'évoluer dans un endroit plus sain. Comme quoi, même dans une forme de mal-être, l'esprit a parfois volonté à se soigner puisque c'est immédiatement et lorsque l'opportunité s'est offerte à moi, que j'ai saisi ma chance de pouvoir déménager, et ce même si mes cartons étaient fraîchement déballés.
En regardant le soleil, je me sens heureux, pour la première fois depuis longtemps, je commence à sourire et à rire de nouveau, je pense à ces choses qui se profilent devant moi et qui sont en marche, ces choses que je me suis décidé d'actionner pour avancer.
Avec Romain, un ami devenu de plus en plus proche à mesure au cours de ces derniers mois, nous avons décidé de faire quelque chose d'un peu fou pendant les vacances d'été, nous allons partir en Norvège avec un sac à dos et une tante, en prévoyant juste les étapes cruciales, mais en improvisant le tout, à la Sauvage, comme des nomades. C'est ainsi que le ton de ma nouvelle vie commence à se dessiner, avec son lot d'histoires incroyables à raconter, au risque de paraître pour un fou et ce à commencer, au sein de ma propre famille. Mais après tout, je me dis que j'aime mieux paraître fou que ce que je ne suis pas, que je préfère être en dehors de la caverne que mort à l'intérieur de celle-ci. Je me lance des défis, parfois insensés juste pour me sortir de tout ce que je connais, comme de faire de la musique au milieu d'une place publique ou m'inscrire dans un club de kick-boxing, pour ne citer que ces exemples.
Et puis, la Norvège est en réalité comme une sorte de stage d'essai pour quelque chose de plus grand qui se profile à long terme, je veux partir pour un grand voyage, d'un an ou plus, je m'imagine aller en Amérique du Sud ou en Asie, je commence alors par en parler autour de moi, à lancer des pavés dans la marre et de voir les remous qu'ils vont faire. Je crois que pour moi, en parler aux autres c'est rendre les choses réelles, car une fois que le cylindre de la grande roulette de la vie se met en marche, je sens que je ne peux plus faire machine arrière.
Il est vrai que cette première partie du récit n'évoque que des relations sentimentales, ou plutôt intimes alors qu'il s'agit de la partie visible de l'iceberg, mais après tout, je sentais le besoin de confesser ces histoires de cœur et de dresser une forme de portrait avant de d'aventures en tout genre, d'amitiés, de famille ou même d'anecdotes professionnelles. Et puis je crois que c'est une conséquence du fait que je raconte toujours mon histoire vécue avec Mademoiselle K. à qui veut l'entendre, avec ce besoin d'exorciser tout ce que j'ai pu ressentir pour elle et de faire part de cette romance si particulière. Nous n'avons plus été en contact depuis les derniers messages évoqués à la fin du chapitre précédent, mais à nouveau, il ne se passe pas un seul jour sans penser à elle. Toutefois, l'époque où une sensation de tristesse m'envahissait lorsque son visage m'apparaissait en fermant les yeux est bien derrière, à vrai dire, c'est même tout sourire que je repense à ces moments de folies passés ensemble et même si je pourrais la maudire ou la blâmer, j'ai comme la sensation que c'est elle qui a le plus souffert de ces circonstances. Elle aura été pour moi un magnifique mirage, celui d'une oasis aux tons bleutés dans ce désert que j'ai traversé, celui même qui longeait la prison dans laquelle je m'étais enfermé pendant si longtemps.
Et aujourd'hui, je relis une dernière fois le chapitre de cette partie de ma vie avant de tourner la page et au risque d'être cliché, de vouloir de toutes mes forces exister plutôt que d'être ce spectre qui ne fait que contempler le fleuve ? Malgré que j'en sache un peu plus sur la direction à prendre, je suis toujours en pleine recherche de celui que je serai. Je dirai que je n'en suis qu'au début de l'alphabet, mais comme le dirait un artiste que j'écoute beaucoup en ce moment, il me reste pas mal de trucs à dire.
« Qui est le plus heureux, l'homme qui aura bravé la tempête de la vie et vécu, ou celui qui sera resté sur la berge et se sera contenté d'exister »
Hunter S. Thompson
Et puis, dans le courant du mois d'avril, je vois clignoter sur mon téléphone, le numéro de Mademoiselle K....
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À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1
RomantizmDans un récit au style introspectif, un jeune homme au milieu de la trentaine entreprend un voyage intérieur vers la découverte de lui-même et la recherche de sa raison d'être. À travers des confessions intimes, il explore la complexité de ses relat...