Une dernière blague

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DECEMBRE 2021

Nous sommes une semaine avant que je ne puisse me rendre à Barcelone et vous devez vous douter que la tension est à son comble. Ajoutons à la situation et pour se remettre dans un certain contexte, que le covid est toujours bien présent en Belgique puisque nous sommes l'année suivant le premier confinement. 

C'est alors que je commence à me sentir malade, et ce, avec presque tous les signes faisant croire au virus. Étant sans cesse en contact avec des gens à risques, à commencer par mes parents, l'attitude responsable me fait me rendre chez mon médecin traitant pour me faire tester et ajoutant à cette situation qui comporte déjà son lot de stress et de frustration, la crainte que mon pass sanitaire passe au rouge et me bloquant ainsi, l'accès à l'aéroport. 

Ceci n'est qu'une petite mise en bouche sans conséquences puisque je suis simplement enrhumé, mais j'aime autant vous dire qu'elle n'a pas aidé à calmer mes crises de paranoïa. Mon départ se profile et il me semble y voir de la lumière au bout du tunnel ! Mais en même temps et à défaut de vouloir paraître pessimiste, quelque chose me dit que tout ne va pas se passer comme prévu. Je m'accroche du plus possible à cet espoir qui sera aussi pour moi un moment indispensable pour donner des réponses à certaines de mes questions, mais dans le fond, ma part de doutes à faire ce voyage est de 9 contre 1. J'ai des tonnes d'interrogations et ne repartirai pas sans réponses à celles-ci, c'est également sous le signe de la rancœur que mon départ se dessine étant également bien déterminé à mener la discussion et à confronter Mademoiselle K. face à ces situations dans lesquelles elle m'a exposé.

Une semaine avant de pouvoir décoller vers Barcelone, elle m'annonce qu'ils se font éjecter de l'endroit où ils travaillent, qu'ils vont devoir trouver une solution et que ma visite est compromise. Je ne pourrais pas vraiment qualifier l'émotion du moment, car je suis partagé entre détresse, colère, tristesse, doutes... Tout ceci se confondant en un instant au sein de mon esprit, le couvercle explose et je lui dis que quoi qu'il arrive, je vais débarquer, je n'en peux plus de ce cirque et maintenant, j'ai besoin de réponses à mes questions. 

Cette discussion tourne au vinaigre et met un autre terme à notre relation, bien plus réel cette fois. Elle me dit qu'elle se sent piégée sentimentalement, dans sa tête, c'est encore plus le marasme qu'avant et elle doit prendre de la distance avec moi, elle est épuisée et va rentrer en Allemagne pour passer les fêtes avec sa famille et replanifier les choses. Avec Diego, lui demandais-je ? Bien évidemment, mais que si cette ultime tentative s'avère vaine, qu'elle prendra ensuite de la distance avec lui, ce à quoi je lui réponds qu'il aurait peut-être fallu commencer par ça, d'un ton aussi froid que la Sibérie en plein mois de décembre et pourtant, bien loin de toute la haine accumulée en moi depuis deux mois maintenant.

Deux mois ainsi vous semblent lourds comme le poids de plusieurs années, cet épisode est le point culminant de ma dépression et je me sens encore plus trahi. Avec du recul, je me rends compte que cette situation m'a rendu presque obsessif, je ne vis qu'à travers elle, j'attendais désespérément la moindre attention qu'elle pourrait m'accorder et jamais je n'ai jamais autant ressenti telle solitude, alors que je suis entouré de personnes formidables, je suis à côté de la plaque, et me sens pathétique, je dois prendre des tranquillisants pour éviter de vriller, je fume et par moment me saoule, jusqu'à en tomber presque.... J'ai besoin d'évasion, j'ai besoin de m'évader de moi et je me sens me faire rattraper par certains de mes démons du passé.

À cette période, nous sommes toujours en plein mois de décembre et j'ai la chance d'être entouré par plusieurs amis qui m'aident à surmonter cette épreuve, car malgré mon profond désarroi, je tente de sortir la tête de l'eau en jetant des cailloux dans la marre comme je le peux. Je rencontre Mademoiselle Co, un ancien flirt vieux de 6 ans et qui n'avait pas abouti, elle me recontacte par « hasard » et lui raconte en partie ce que je vis. Elle aussi de son côté vit une situation compliquée, elle est en couple et à un enfant avec son partenaire, mais leur couple bat de l'aile très correctement, la séparation se profile. 

Lorsque je vais la voir, je dois avouer qu'indirectement, je veux comme me venger de Mademoiselle K., mais surtout, je veux aussi moi-même me trouver une solution, comme en me perdant dans une autre situation. J'ai besoin en réalité et très égoïstement, de proximité et de partager ma peine avec quelqu'un. 

Mademoiselle Co me signale que je rentre à nouveau dans une situation difficile et je lui réponds très honnêtement, qu'elle ne doit pas s'attendre à quoi que ce soit de ma part. Je ne veux rien du tout et c'est un comportement que j'adopterai avec elle jusqu'au bout, j'ai juste envie de passer de bons moments tels qu'ils seront et puis que chacun prenne sa route, il n'y aura jamais de relation avec moi ni de sérieux. Ce n'est pas pour autant que je ne saurai lui prêter une oreille attentive, je ne peux aller contre ma nature de sauveur, mais j'essaye de faire la différence entre empathie et sauvetage, même s'il faut avouer que la frontière est parfois assez maigre entre les deux concepts. 

Par moment, je m'en sens un peu dégueulasse, car, elle aura fait office de pansement pour mon petit cœur meurtri, et ce même si j'ai été très clair dès le début et ne lui ai jamais promis monts et merveilles.  Mais c'est comme ça, car, lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a 6 ans, l'étincelle n'avait déjà pas vraiment pris, ce qu'elle avait bien plus ressenti que moi puisque c'est elle qui avait coupé court à nos flirts en me disant qu'elle ne se sentait pas vraiment tomber amoureuse de moi alors qu'elle était en recherche de quelque chose de plus fort.

À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant