Partir pour mieux revenir

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Il est vrai qu'à ce stade, il serait normal de se poser la question avec laquelle j'ai terminé le paragraphe précédent au vu des signes, très avant-coureurs de ce que je pouvais ressentir... Je dois admettre que même s'il est très évident que Mademoiselle K. m'ait marqué très positivement et qu'elle me laisse loin d'être indifférent, je me pose moi-même des questions sur ce que j'éprouve envers elle, mais ne sais pas vraiment définir la nature de ces sentiments à ce moment précis. Car, en remettant les choses dans leurs contextes, je me suis séparé après une relation qui a duré un moment, relation qui a laissé pas mal de séquelles et qui m'a pris du temps avant de retrouver mes marques et mon intégrité, il est alors clair que me relancer dans une relation sérieuse est loin d'être ce que je veux.

La manière dont je vois les choses et qui est souvent propre à la manière dont je fonctionne, est de ne pas toujours faire de pronostics et de ne pas mettre de définitions à ce qui arrive. C'est souvent de cette manière que se produisent les plus belles choses de la vie, sans s'en rendre compte, sans chercher à ce qu'elles arrivent. Ce caractère imprévisible à quelque chose de parfois assez fascinant. Il s'agit ici d'une toute petite parenthèse à l'allure pseudo-psychologique, mais regardez, combien de personnes ne se mettent pas martel en tête pour trouver le grand amour et ne tombent, que sur des personnes qui ne leur correspondent pas ou pire, qui leur font du mal, ce dont je suis loin d'être exempt.

C'est un peu comme si la vie était régie par un paradoxe qui fait que plus on cherche quelque chose et moins cette chose se produit. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, il faut aussi chercher à ce que les choses se produisent et se mettre des objectifs, mais parfois, je dirai que nous ne mettons pas notre énergie au bon endroit. Bref, c'est un autre débat.

Mais revenons-en à nos histoires, depuis le moment où nous nous sommes quittés, nous ne cessons de discuter, nous nous appelons, parfois pendant des heures. Petit à petit, nous apprenons à nous connaître après cet aperçu envoûtant que nous avions eu de nous-mêmes lors de cette brève idylle. Je réalise que tout ce que j'avais pensé d'elle s'avère encore bien plus fidèle que je ne l'avais imaginé, elle est intelligente et cultivée, elle est raisonnée, elle est intéressante, elle sait ce qu'elle veut, elle est curieuse, joueuse, drôle... tant de qualificatifs qui me plaisent ! Avec elle, je n'ai jamais besoin de chercher nos mots et pourtant, j'ai comme peur d'un silence...

Lors d'un de nos échanges et alors que je lui signale que je serai partant pour revenir la voir en Italie, elle me répond par la réciprocité de son côté, mais à une condition : si mon optique est de me mettre en couple avec elle, alors c'est niet ! Elle a ce côté sauvage, elle n'a pas envie de se mettre dans une case et encore moins, dans une cage au vu de la manière dont va sa vie, celle d'une aventurière parcourant le monde.

Elle m'indique alors que si mon optique concorde avec la sienne, à savoir de venir passer un bon moment comme celui passé lors de notre première rencontre, de s'accorder cette parenthèse dans le temps sans y mettre de conditions excepté celles de passer un bon moment ensemble, alors sans problème. C'est directement que je réserve des billets d'avion après cet échange en me disant : que demander de plus ?

Je vais la rejoindre en Italie et elle s'est occupée de louer un appartement dans un petit village proche de son point de chute. Avant de partir, j'avoue que je suis un peu stressé, je me pose la question de savoir si tout se passera bien, si cette alchimie est bien réelle ou juste illusoire du fait des circonstances cocasses engendrées par l'euphorie du voyage. Et puis après tout, pourquoi se poser trop de questions, j'imagine que si un malaise venait à apparaître, que je trouverais une parade quelle qu'elle sera.

Vers la fin du mois de juillet, je m'envole à sa rencontre pour une durée de cinq jours ; je suis nerveux et impatient. Le transport en avion me semble une éternité et les questions s'illustrent bien dans cette sensation de longueur. Je me pose des questions, dont la plus curieuse est celle de me demander si j'arriverais à la reconnaître en sortant de l'aéroport alors que chaque jour, je fais défiler quelques photos d'elle, un sourire béat accroché à mon visage.

Vous vous doutez qu'il ne me faut pas un instant pour la reconnaître alors qu'elle m'attend à la sortie. Nous nous prenons dans les bras, avec un peu de maladresse et de timidité, nous mettons en chemin pour l'appartement et tout naturellement que nous reprenons notre feeling là où nous l'avions laissé quelques semaines auparavant. Ainsi, d'instant en instant, nous nous sentons en symbiose, il fait torride et c'est agréable.

Après une heure de route passée de manière expéditive à mesure que nous papotons, nous arrivons à destination et commençons par prendre une douche ensemble, c'est très très agréable.
Nous sommes au lit et bien que les choses ne se passent pas trop mal, nous nous arrêtons, car je la sens comme troublée. Elle me conte une histoire personnelle et difficilement vécue pour elle il y a de ça quelques années et se met à pleurer dans mes bras. Ce ne serait pas encore une histoire de sauveur qui se profile discrètement là ? Je la rassure en la serrant contre moi et, en réponse à mon aparté ci-dessus, même s'il est vrai que je rentre moi-même naturellement dans le rôle du sauveur, je ne surjoue pas, je suis juste touché par sa sincérité et ému par cette histoire qui la trouble.

Nous échangeons beaucoup et je vois qu'elle commence à se sentir plus détendue et puis, il faut dire que même si nous sommes là pour passer du bon temps, ça n'engage pas qu'il soit indispensable de se sauter dessus à la première occasion. Nous commençons tous les deux à nous sentir vraiment à l'aise et le début de notre séjour va véritablement commencer en se poursuivant sur un rythme de plus en plus intense ; entre discussions profondes et moments intimes effrénés, en profitant d'une météo magnifique qui nous permet de passer de très beaux moments en nous promenant le long des petites villes avoisinantes, en inventant tout un tas de jeux, à faire tous les deux de la musique sur la plage, à rire, se faire des câlins, des bisous, des folies. Et malgré cette semaine qui fut magnifique, je sens Mademoiselle K. éprise de doutes par moment et en questionnement quant à la direction de son avenir.

Même si je pourrais parler pendant des heures de ces incroyables moments que nous avons eus lors de cet épisode, il n'y a en réalité pas beaucoup plus à raconter que ce qu'il y a sur la fin de ce dernier paragraphe. Si ce n'est que le dernier jour passé ensemble dans une magnifique cité balnéaire du nom de Tropea a été l'apothéose de ce séjour et le témoin d'une alchimie à son apogée. Ce fameux jour où je me suis avoué, très secrètement, que j'étais bel et bien amoureux d'elle.

 À ce stade, je n'imaginais pas qu'une ombre au tableau ne tarderait pas à se profiler dans les mois à venir.

À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant