(BONUS) - Fouilles

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Sans trop me souvenir du comment ou du pourquoi, nous nous fîmes des confidences sur nos propres relations amoureuses. Moi, évoquant que ma relation avait plus l'allure d'un canard boiteux et que j'envisageais de tout plaquer, car j'étais éreinté de voguer au travers de toutes ces disputes, ces conflits incessants qui prenaient de plus en plus de place et devenaient insupportables.

Elle était stupéfaite en me disant qu'en apparence, j'avais toujours l'air si jovial et d'une belle humeur contre toute épreuve. C'est très rapidement que je compris comment fonctionnait Sélène puisque nous nous ressemblions dans nos fonctionnements. Elle comme moi étions une forme de clowns tristes, arborant constamment le masque du sourire en veillant à bien enfuir nos sentiments néfastes avant d'être rattrapé par nos propres fantômes.

Nous avions plus de similarités que nous le pensions, même au niveau de notre éducation et d'un certain code d'honneur qui nous avait été inculqué, celui de toujours devoir se montrer sous notre meilleur jour, d'ignorer nos faiblesses et nos moments de doutes, comme si la bienséance sociétale condamnait ces attributions.

Un jour, je vis Mademoiselle C. comme étant dans un état de rage à mon égard. Je la savais avoir des changements d'humeur, mais ceux-ci n'étaient pas vraiment de cet ordre. Alors que mes tentatives d'obtenir des réponses furent vaines, je compris qu'elle avait fouillé dans mon téléphone lorsque je vis qu'une de mes conversations avec Sélène avait été lue alors que j'étais persuadé de ne pas avoir ouvert le message.

Je savais qu'elle avait déjà fouiné dans mon téléphone puisque par le passé, une dispute phénoménale avait déjà éclaté quand elle se rendit compte que je consommais parfois de l'herbe en cachette avec l'un de mes meilleurs amis. Il est vrai, j'aurais dû assumer pleinement ce que je faisais, mais pourtant, je ne pouvais m'empêcher de faire les choses en secret, comme un gosse à qui on interdit de manger des sucreries qui va se servir à la nuit tombée...

Nos discussions avec Sélène n'avaient rien d'une tromperie, même s'il est vrai que je n'étais pas insensible à la personne qu'elle était. Je ne peux pas dire que j'en étais amoureux ou comme sous le charme, elle était juste une personne que j'admirais, que j'appréciais et qui, je ne peux le nier, était comme un idéal féminin.

Ce fut la guerre avec Mademoiselle C. puisque j'avais conté mon mal-être de cette relation tumultueuse à Sélène. Elle en était bien au courant avant cela, mais elle était folle de rage de voir que j'étalais ainsi ma vie sentimentale avec une personne de l'extérieur.

« C'est elle ou moi, me dit-elle », ce sur quoi je restais sur le statu quo en lui disant que je n'y renoncerai pas. Je lui fis une promesse vaine en lui disant que je minimiserais mes discussions. Ce qu'elle découvrit sans trop tarder en me mettant un jour face au fait accompli alors que j'avais changé mes mots de passe.

Lorsque nous nous sommes séparés, Sélène et moi sommes devenus encore plus proches, elle-même faisant face au gouffre qui caractérisait sa relation. Cependant, nous ne pouvions nous résoudre à nous avouer l'affection profonde que nous éprouvions l'un envers l'autre.

Il faut dire aussi qu'elle n'était pas du genre à faire d'impair dans ses relations et qu'elle aimait les situations sans problématique, ce qui n'empêchera pas une situation très ambigüe d'arriver par la suite.

C'était assez difficile à aborder, elle était ma collègue de travail et puis, elle n'était pas certaine de ne plus éprouver de sentiments pour son compagnon avec qui elle avait une histoire qui remontaient à plusieurs années. Ajoutant à cela qu'il était l'un de ses premiers amours de jeunesse.

Nous restâmes ainsi, à se regarder en chien de faïence, un peu comme deux ados timides lorsque nous étions tous les deux dans notre bulle. Plusieurs fois j'eus l'envie de l'avoir rien que pour moi, de partager encore plus nos jardins secrets en nous permettant d'y avoir accès l'un l'autre.

Et puis, alors que différents signes se mettaient sur notre route, je fis la rencontre de Mademoiselle K. Sélène ne m'avoua jamais une quelconque jalousie, mais toujours est-il que nos conversations devinrent moins régulières, moins profondes et puis, quelque chose dans son regard changea, comme en me disant « pourquoi, ne m'as-tu pas attendue » ou plutôt « merde, pourquoi suis restée sans rien faire ».

Lors de ce fameux épisode de la fin, septembre ou Mademoiselle K. m'annonça qu'il était impossible pour nous de vivre notre histoire comme nous le souhaitions dans ces conditions-là, Sélène me passa un coup de fil, car j'étais incapable de me rendre au travail tellement j'étais mis à terre par cette situation.

Alors qu'elle était malade à avoir du mal à tenir debout, elle vint jusque chez moi pour me réconforter, elle m'apporta de quoi manger me prit dans ses bras alors que je ne pouvais empêcher les larmes de couler sur mon visage. Ce jour-là, une certaine proximité s'installa entre nous qu'il m'est difficile de décrire.

Rien de sensuel ni de sexuel n'arriva, pas d'embrassade, rien, juste une proximité entre nous deux, un peu comme si ce petit jeu que nous nous cachions sans cesse se montrait sous son vrai jour.

Le lendemain, elle me conta tout de même qu'elle fut un peu mal à l'aise de cette situation. Je lui avouais alors que pour moi, je la considérerais toujours plus qu'une amie, sans rentrer dans les détails, ce qu'elle fit mine de ne pas comprendre.

Et malgré le suspens que cet épisode peut provoquer, nous fîmes mine que cet épisode n'arriva pas, il n'y eut jamais de moments embarrassant par après, juste une franche amitié qui se développa et se développe encore, avec par moment, quelques moments rien qu'à nous qui nous font dire que nous avons quelque chose de spécial elle et moi.

C'est ainsi que Sélène devint une amie fidèle, même si nos chemins prirent des tournures différentes, même si le contact s'estompa peu à peu au fur et à mesure des années, mais toujours en étant là, l'un pour l'autre.

Un acte manqué, me diriez-vous ? Peut-être, mais allez savoir. 

À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant