La tête hors du brouillard

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Alors voilà où j'en suis actuellement : il y a un an, j'ai mis fin à une relation de 4 ans qui a été compliquée, toutes les histoires ont leur lot de complications me direz-vous, mais celle-ci a laissé une empreinte assez particulière puisque je me suis souvent demandé quelle était la raison qui m'avait poussé à rester aussi longtemps avec une personne qui ne me correspondait pas du tout. Il pourrait s'agir de l'attraction des contraires ou que sais-je, mais toujours est-il qu'il n'existe aucune formule ni de mode d'emploi livré avec l'amour. C'est alors, en passant en revue les différents chapitres de notre aventure que je trouve le phénomène curieux et paradoxal, d'avoir été épris d'amour, d'avoir ressenti des sentiments si profonds l'un envers l'autre avant de sombrer petit à petit dans une forme de mépris se construisant au fur et à mesure des années.

Mais, ce n'est point encore le moment de sortir les violons, l'élément m'intriguant ici étant la durée et la longueur de ce chemin de croix afin de me rendre compte que « cette personne » ne me convenait pas.

« Quatre ans ! » me direz-vous ?! En l'écrivant ainsi, les chiffres me semblent marqués au fer rouge, qu'est-ce qui a pu arriver pendant ces 4 ans ? Qu'est-ce qui a fait que j'en suis arrivé là ? Je vous dirai alors que je suis un peu lent à la détente, mais j'aurai aussi tendance à vous dire que c'est moins simple que ça en a l'air. Je crois qu'il est alors temps, à la manière d'une mise en abîme, d'effectuer un retour de quelques années en arrière donnant différents éléments de réponses sur ce qui m'a amené dans cette situation.

SEPTEMBRE 2016

Au beau milieu de mes 28 ans et après avoir navigué pendant quelques années dans une espèce de vide intersidéral, je suis épris d'une prise de conscience assez monumentale. Effectivement, j'ai une hygiène de vie peu recommandable puisque mes moments de détente se limitent à une forme d'autodestruction consciente dont le régime oscille entre pétards du matin au soir, sorties arrosées du week-end et cauchemars culinaires à base de sucre et d'OGM, représentant le train de vie déplorable auquel je m'adonne depuis bien longtemps. Il n'est pas difficile de comprendre que je suis sur une pente délicate et souffre d'un certain mal-être, si pas d'un mal-être certain. Cette conscientisation survient après m'être demandé quand était la dernière fois que j'avais eu un moment intime avec une femme, il y a peut-être 6 mois ou un an ? Ma dernière relation sérieuse remonte à mes 23 ans et a joué un rôle dans cet enfermement brumeux dans lequel je me suis isolé depuis puisque celle-ci fut aussi marquée par un certain chaos. Pour l'occasion, je vous épargne le capharnaüm lié à cette catastrophe sentimentale, mais allez savoir, il ne sera peut-être jamais trop tard pour en parler à un moment ou à un autre, peut-être dans un autre récit de déboires !

Bref, tant d'éléments indiquant un modèle à ne surtout pas suivre et résultant, à ce stade, d'une vie sentimentale désastreuse. Bon, tout n'est pas que désolation, je suis bien entouré et j'ai une vie sociale relativement active avec de nombreux amis autour de moi, j'ai également un travail fixe dans lequel je ne me sens pas trop mal et puis pour redorer mon blason je dirai que je faisais déjà un peu de sport. Certes, une action bien maigre en vue d'une certaine salvation à pallier ces différentes formes d'insalubrités que je fais subir à mon corps et mon esprit.

Un beau jour et après des années dans ce brouillard épais, je me réveille tout comme Néo quand il sort de la matrice : je réalise alors que j'ai 28 ans, que le temps est passé devant moi et que je n'en ai rien fait appart le laisser s'évaporer tel un nuage de fumée alors que passent des bruits de fond pendant ma longue léthargie. Que de talent gâché, car je suis musicien, pas le plus mauvais sans vouloir me gonfler le cou, mais pourtant, à part jouer dans ma chambre qui est mon sanctuaire au sein du cocon familial, personne excepté les murs ne m'entend jamais ou très peu. Autour de moi, une bonne partie des amis ont des maisons, des enfants, partent en vacances, ont des projets... se rendre compte de ça, à 28 piges, au milieu d'une chambre suintant la fumée froide et les remords, je dois avouer que ça fait mal. À partir de ce moment, un déclic assez fulgurant s'opère et je décide alors de prendre ma vie en main en mettant des choses en place. J'ai ce côté un peu tout ou rien et donc, du jour au lendemain, je décide de faire attention à ce que je mange, le premier pas d'une idée bien précise qui est celle de se sentir bien dans mon corps.

Mais en toute honnêteté, je commence à subir les sévices de l'isolement, du manque d'amour et d'attention, je veux me sentir plaire et pour aller plus loin, je veux donner de l'amour, je veux partager mon jardin secret avec celui de quelqu'un et pouvoir entrer dans celui de mon unique lorsque j'y serai invité. C'est donc, en un instant, que je commence par faire plus de sport et à m'adonner à une alimentation plus saine, commençant donc à perdre du poids avant d'y ajouter dans la foulée, une réduction drastique de ma consommation de tabac et de cannabis. Vers la fin du mois de septembre et près d'un mois après cette prise de conscience, je pars en Italie avec ma maman et ma sœur. Pendant ce voyage d'une semaine, je ne fume pas et n'en ressens pas l'envie, j'envisage alors de de continuer sur ma lancée ! C'est vrai après tout, je ne fume pas lorsque je suis en voyage, ou plutôt je ne fume plus puisque, j'ai déjà pris pas mal de risques dans ma petite vingtaine, notamment en transportant quelques joints entubés dans des cigarettes alors que je devais prendre l'avion et passer des douanes.


En rentrant, je décide ainsi de mettre en place un plan qui est en latence depuis bien longtemps puisque cet état brumeux dans lequel je me trouve commence à devenir invivable ; je n'ai jamais les idées claires et ne peux dire combien de rendez-vous j'ai oubliés quand il ne s'agissait pas d'échéances, de détails, d'objets... J'ai même déjà oublié dans un bus et alors que j'étais stone, un sac contenant des vêtements neufs que je venais d'acheter. Ma tolérance aux situations conflictuelles est quasi inexistante et parfois, après avoir fumé une dizaine de sticks, je m'effondre dans mon lit alors qu'il n'est même pas 20 h. Mais cette fois-ci et après avoir développé de nouveaux symptômes que sont des crises d'angoisse surgissant sans raison apparente, c'est la bonne ! Je me débarrasse de ce qu'il me reste à fumer et minimise toutes les tentations qui, je dois avouer, sont assez fortes en début de sevrage. Ma chambre, ma pièce, mon refuge et tous mes repères m'appellent, mais je tiens bon et compense encore plus ce manque par une autre drogue, bien plus saine : le sport.

« Il existait jadis, une pièce où il me plaisait de m'isoler

Sans fenêtres, sans lumière, inondée de brouillard

De pensées confuses et de songes impénétrables

Un semblant de soulagement à vouloir s'emprisonner


Des chimères errantes, enfermées dans une petite boîte

Rangée tout au fond de mon esprit

Une bouffée, un souffle,

Une vision déformée de la réalité


Après un sommeil léthargique, long et étriqué

Le réveil se fit non sans peine

Découvrant la béatitude du monde,

Il a tellement changé tout en étant le même


Redécouvrir des sentiments, évitant des pièges

Même si souvent, je songe à m'enfermer dans ma pièce

Me rendant compte, au sortir de mon isolement

De la beauté du ciel à la caverne où je résidais avant »

À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant