Un début de soirée en Calabre

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Vous vous en doutez, nous nous recroisons bien plus vite que je ne l'aurai espéré, il faut dire que je regarde partout si elle n'est pas dans le coin pour tomber à sa rencontre, de la façon la plus hasardeuse qu'elle puisse paraître. Le lendemain de cette première après-midi marquée par son caractère loquace, Mademoiselle K. a pour rôle d'animer une présentation à laquelle nous devons assister avec les collègues. Nos échanges sont un rien plus brefs et professionnels, cette dernière caractéristique faisant partie intégrante de son caractère et quant à moi, je suis on ne peut plus attentif à son intervention alors que j'avais été relativement éteint lors des journées précédentes, j'admets moi-même ne pas être un grand adepte des réunions, encore moins lorsqu'elles jouent les prolongations. Mais nous échangeons quelques regards et sourires complices en laissant s'exprimer également, lorsque survient mon tour de parole, ma répartie, oscillant entre sens et intérêt, avec une certaine forme burlesque qui me caractérise. À l'occasion d'un moment de pause, je remarque qu'une guitare se trouve dans l'une des pièces, je demande poliment si je peux jouer un peu, synonyme d'une sérénade moderne n'ayant pour but que de captiver les yeux de Mademoiselle K.

Nous arrivons ainsi au jour d'après qui est un vendredi, le voyage touche petit à petit à sa fin puisque nous repartirons le dimanche en fin d'après-midi et que le travail sur place est maintenant terminé. À cette occasion, un souper est prévu avec l'ensemble des partenaires avec qui nous avons travaillé. Je pourrais vous dire que rien n'était calculé ce jour-là, mais en réalité, je n'ai qu'une envie, de passer la soirée avec elle et puis, un peu plus que de passer la soirée. Vous pourriez dire que ce n'est qu'une histoire d'attirance sexuelle, mais en réalité, c'est beaucoup plus élaboré que ça, c'est quelque chose d'indescriptible, mais je dirai que c'est plus une histoire de connexion, de se sentir à la bonne place et de se sentir en symbiose avec quelqu'un. Et puis bon, ne nous voilons pas la face, c'est aussi une histoire d'attirance, mais s'en réduire à cette simple conclusion limiterait pleinement la manière dont je perçois cette rencontre. Pour revenir au repas qui est prévu, je me pose quelques questions comme de savoir si Mademoiselle K. sera-t-elle bien présente ? En effet, je sais qu'elle et ses complices ont fait une dure le jour précédent, à l'occasion de l'anniversaire de l'une d'entre elles. De plus, je les sais fêtardes et apprends que l'anniversaire s'est prolongé jusqu'aux petites heures. Et si même celle-ci venait à venir, qu'est-ce qui me dit qu'elle restera jusqu'au bout et ne sera pas tentée de rentrer dans les bras de Morphée ? Au restaurant, les partenaires ne sont pas encore là et je dois user de stratagèmes pour retarder le moment de m'asseoir, car, j'ai juste envie d'être assis à côté d'elle. Je dois même prétexter un passage aux toilettes lorsqu'un collègue me suggère amicalement de me placer à côté de lui, m'éloignant ainsi, indirectement, mais significativement d'une place stratégique. Je prends mon temps et j'essaye de tendre l'oreille, guettant ainsi l'arrivée de la troupe, mais avec la musique, difficile de percevoir d'autres voix. En sortant, je les vois arriver au loin alors je meuble un peu en restant debout à parler de tout et de rien avec d'autres avant de les saluer, presque avec une forme d'indifférence. En fait, il ne s'agit même pas d'indifférence, mais plutôt d'une forme de « ah ! tiens, je ne vous ai pas entendu arriver », je regarde mon collègue en prétextant qu'il serait une bonne idée que de mélanger les groupes puisque, le projet arrivant à sa fin, il serait bête de ne pas favoriser la diversité. C'est alors que discrètement, je prends ma place près de qui vous savez et activant ainsi la première étape d'un plan machiavélique !

Nous passons la soirée à rire, avec l'ensemble du groupe, mais soyons honnête, je n'ai d'yeux que pour elle. Après le repas, tout le monde commence à penser à se diriger vers ses pénates, je guette alors sa réaction du coin de l'œil. Je lui propose de nous accompagner pour un dernier verre et à nouveau, à ce moment, c'est « quitte ou double » puisqu'elle et ses acolytes ne sont pas au meilleur de leur forme après la folle soirée du jour précédent et j'apprends également dans la foulée qu'un long week-end à la mer est prévu de leur côté. Mais c'est loin de connaître la fougue et l'énergie de Mademoiselle K. qui répond, à mon grand contentement, positivement à la suggestion avant de saluer sa suite. Nous passons une heure dans un petit bar, aux abords du restaurant où nous nous trouvions, accompagnés de Diane et d'un autre collègue avant de nous rendre vers le chemin de notre hôtel, notre fief comme j'avais coutume de l'appeler. Nous nous installons sur les sièges du devant et prenons un dernier verre tous ensemble. Elle est, depuis le début de la soirée, juste à côté de moi, nous rions, nous nous lançons des regards complices, mais épris d'une certaine discrétion, il y a une certaine proximité entre nous, mais je me sens comme dans une course contre la montre, car la fin de la soirée est assez proche. Je suis nerveux, n'écoutant que très partiellement ce que racontent les autres, il faut que je tente une approche avant qu'elle ne reparte de son côté, c'est maintenant ou jamais, car, il n'y aura pas d'autres moments où nous sommes censés nous voir. C'est bête, mais je repense également à quelques occasions que j'ai laissé passer devant moi juste, car je n'arrivais pas à vaincre ma timidité et ma gêne à tenter quelque chose face à une personne qui me plaisait. C'est fou, mais plus j'y repense, plus je me dis que je n'ai jamais autant désiré me rapprocher de quelqu'un, j'ai peur de me prendre un vent alors que tous les indicateurs sont au vert. Alors je fais ce que je fais de mieux, si vous vous souvenez de ma petite botte secrète, je promène ma main en frôlant sa cuisse, très discrètement, j'effleure son bras, elle est à ma gauche, mais si je fais ça, que vont dire ou penser les collègues ? Et puis merde, léger roulement de tambours avant d'en finir avec le suspens, je prends sa main ! je la sens surprise, mais sans un mot je ressens aussi que c'était ce que nous attendions tous deux depuis quelques heures est au final, ce moment n'aurait pas pu être mieux choisi. Le collègue partant alors dans ses pénates, il ne reste que Diane avant de nous retrouver un peu tous les deux. J'ai tant de choses à lui dire. Toutefois, il faut savoir que Diane a une petite tendance que d'être très a cœur aux histoires et aux débats qu'elle entreprend ; la discussion que nous avons est alors interminable ou du moins, elle me semble l'être puisque, toutes mes pensées vont vers Mademoiselle K... Je ne fais qu'acquiescer avec des « mmmh mmmh » et des hochements de tête avant que Diane ne nous laisse finalement seuls. 

À LA RECHERCHE DE CELUI QUE JE SERAI - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant