Chapitre 5

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« C'était il y a 1 an. 1 an que mon père était en prison. Je me souviens mettre évanouie dans une voiture de police puis mettre réveiller dans une chambre d'hôpital. Après qu'on met expliqué que je n'allais sûrement jamais revoir mon père parce qu'il était en prison, j'ai cru que mon monde allait s'effondrer. J'aurais préféré rester évanouie toute ma vie que d'entendre ça. J'ai d'abord été dans un profond déni, je me disais que c'était trop improbable pour que se soit réel. Je voulais à tout prix me réveiller de ce cauchemar. Puis j'ai été atteinte par la tristesse. Je pense que rien ne fait plus mal que le rejet. J'étais rejetée par mon propre père. Au final, c'est la haine qui a gagné. Je le déteste tellement pour ce qu'il a fait à maman. Je le déteste de m'avoir menti, de m'avoir fait croire qu'il m'aimait. Je le déteste de m'avoir abandonné. Mais je me détestais aussi, car mal grès tout, il me manquait, je donnerai tout pour retrouver mon papa d'avant, celui qui me voulait et qui était fier de moi. Je sens des larmes couler sur ma joue et des sanglots m'échapper. Habituellement, Cam est là pour me remonter le moral mais elle était malade aujourd'hui. Je sens les regards de la classe se tourner vers moi puis des chuchotements.

- Regardez ! Mahïa elle pleure !

- Vous pensez que c'est à cause de son père ?

- Ma mère elle a dit qu'il fallait pas s'approcher d'elle, son père il est complètement fou, il y a de grande chance qu'elle le soit aussi !

- Elle pleure tout le temps elle est relou...

- En même temps son père est un tolard, elle doit pleurer de honte !

- ÇA SUFFIT ! SILENCE ! Qu'est ce qui ce passe ? Pourquoi autant de chahut ?

Le silence était complet. Maintenant tout le monde me regardait, je devenais de plus en plus angoissée. Leurs paroles tournaient en boucle dans ma tête. La maîtresse se contente de souffler puis lève les yeux au ciel.

- Décidément, toujours en train de pleurer ! Tu déconcentres tout le monde avec tes pleures ! Si tu veux faire miss fontaine c'est pas ici, il y'a des gens qui veulent travailler !

Toute la classe se met à hurler de rire. Je sais déjà que « miss fontaine » va être sur la liste de tous les surnoms qu'on me donne depuis que mon père est parti en prison.

- SILENCE ! Je suis dépassée, pleurer pour un criminel, et puis quoi encore ? Il n'a ce qu'il mérite !

- Ça reste mon père !

Toute la classe me regarde, surprise. J'étais très réservée et je n'avais pas l'habitude de me défendre. La maîtresse pouffe de rire.

- Et elle se permet de me répondre en plus ? Tu dois être une honte pour ta mère de défendre celui qui a essayé de la tuer... Pauvre femme, je ne sais pas comment elle fait pour supporter une chialeuse comme toi !

J'avais tellement la haine. Pourquoi personne voulait me comprendre ? Pourquoi je n'avais pas le droit de ressentir ? Mes larmes se décuplèrent et mon visage devient bientôt inondé.

- Tu n'as pas compris ? Arrête de pleurer pour rien, il y a pire dans la vie ! Tu veux juste te faire passer pour une petite victime pour avoir l'attention des autres !

- Vous n'êtes qu'une conne !

La maîtresse s'arrête net. Tout le monde est surpris et n'ose même plus rire ou parler. C'était sorti contre mon gré, maintenant je culpabilisais de mettre emporté. La maîtresse s'approche de moi en furie puis sa main claque ma joue. Je n'ai même pas le temps de réagir qu'elle tire ma table jusqu'au tableau faisant tomber l'intégralité de mes affaires.

- Maintenant tu ramasses ! Si on ne te remet pas à ta place maintenant, tu deviendras comme ton père.

À ce moment là, c'est comme si tout devenait étrange autour de moi. J'avais l'impression que rien n'était réel. Et si j'étais juste dans un cauchemar ? Ou alors, ça se trouve, les gens autour de moi n'existent pas vraiment ? Et si j'avais halluciné ? Je ramasse mes affaires machinalement. J'étais là sans vraiment être là. Mon cerveau continuait de donner des ordres à mon corps mais mon âme était partie. A la fin des cours, lorsque ma mère m'a demandé si ma journée c'était bien passée, j'ai simplement répondu oui. Je ne voulais pas qu'on m'assimile à mon père, ni qu'on pense que j'étais comme lui. Tout ça, c'était de sa faute. Je ne voulais plus jamais être la victime de l'histoire. »

INSIDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant