XXIII

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- Malycia -

Nous rentrons. Chez lui. Ensemble. Lui et moi. Il ne me ramène pas, il m'accueille chez lui. Et pourtant, je n'arrive pas à ressentir ce soulagement qui m'a gagnée quand il me l'a annoncé. Je m'en veux terriblement. J'avais vraiment décidé de tenir ma promesse et de l'oublier, mais en me prenant sur le capot, mon esprit s'est accroché à lui. Je ne voulais pas perdre la sensation de ses mains sur mon corps, de sa prise rassurante et du désir qu'il avait pour moi.

À cause de mon orgasme, de la honte, et de la peur, j'ai fondu en larmes. J'ai été prise d'une violente crise d'angoisse, comme ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Incapable de bouger et de respirer, c'est la présence d'Adrian qui m'a calmée. Une raison de plus de m'accrocher à lui et d'espérer qu'il ne m'abandonne pas.

Je n'ai jamais pleuré pour un garçon, pas même pour Chrisley, après qui j'ai couru pendant des mois. Il m'a utilisée et m'a brisé le cœur, mais à ce moment, j'avais déjà trouvé mon pansement. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir à tout ça. Adrian est arrivé comme une tornade et il n'a jamais quitté mes pensées. Je n'ai alors pas pu contrôler le chagrin né de mon orgasme. Je ne voulais pas le perdre.

- Bon...

Adrian referme la porte derrière moi en soupirant. Je le regarde en silence, comme une enfant qu'on aurait disputée. Je m'en veux tellement. Je suis allé trop loin et je viens de forcer à homme à m'accepter dans sa vie, alors qu'il n'y avait aucune place dans son cœur pour moi.

J'essaie de me faire toute petite, de lui montrer que je sais être sage et me tenir. De toute façon, je pourrais faire n'importe quoi pour lui. La preuve est que j'en ai perdu mon sac à main.

Des tas de questions me brûlent les lèvres, mais je les garde pour moi, je ne dis rien. Combien de temps vais-je rester ? Qu'allons-nous faire pour mes affaires ? Comment pourrai-je me changer si je reste plusieurs jours ?

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? J'ose demander en tripotant mon collier.

Il plante son regard noir dans le mien. Instinctivement, je baisse la tête et me mords la lèvre pour retenir un nouveau flot de larmes. Il s'approche, mon cœur se soulève. Je m'attends à une gifle, ou une insulte, mais Adrian attrape mon visage entre ses mains et m'embrasse. Un baiser aussi tendre que celui échangé sur le canapé, hier.

Je reste immobile, étonnée, les yeux grands ouverts. Je ne mérite pas ce baiser. Quelques larmes coulent sur mes joues et finalement, je ferme les yeux pour apprécier le peu de tendresse qu'il peut m'offrir. Il a cédé une fois, mais c'est dans sa nature de me rejeter. Il voudra m'abandonner, encore, et lorsque ce jour viendra, je ne résisterai plus.

- Je suis désolée..., je murmure en reculant ma tête.

- Tais-toi.

Il m'embrasse à nouveau. C'est tellement réconfortant que j'en réclame davantage. Je me mets sur la pointe des pieds et passe mes bras autour de son cou. Il amplifie alors le baiser en me serrant par la taille. Quand je commence à caresser ses cheveux bruns, il redresse la tête. Oops... Est-ce que c'était trop ?

- T'es vraiment une emmerdeuse. Tu le sais ça ?

Son ton est doux, presque comme un compliment. Tristement, j'opine la tête, lui faisant comprendre que je le sais, et que je suis désolée.

- Le problème, c'est que ça me plaît, avoue-t-il.

Mes yeux se mettent à briller et les quelques larmes me troublent la vue.

- Je te plais ?

- Je crois bien.

Dans un élan de joie, je le serre dans mes bras et enfouie ma tête dans son cou parfumé.

***

Adrian appelle pour dire qu'il ne viendra pas travailler. Il discute de longues minutes pendant que je sirote un verre d'eau en silence. Je veux réellement être sage. Je n'ai pas ma place ici, alors je ne prends que l'espace qu'il veut bien m'attribuer.

- J'ai pris une semaine de vacances, de toute façon. Je suis revenu plus tôt, donc il me reste toujours trois jours ! Donc, me faites pas chier.

Il est encore plus beau quand il est agacé et que sa voix devient plus sèche et autoritaire. C'est comme ça qu'il me parle, parce que je l'agace. Il me l'a dit, mais il m'a aussi dit que je le faisais bander rien qu'en clignant des yeux. Énervé, ses muscles et sa mâchoire se contractent et quand il penche la tête, ses cheveux retombent devant ses yeux, comme s'il sortait d'un combat acharné.

Quand il revient dans la cuisine, vers moi, il passe la main dans ses cheveux pour se recoiffer.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? aboie-t-il, mécontent

Il croise les bras et fronce les sourcils. Pour ne pas ajouter de l'huile sur le feu, je me contente de sourire et baisser le regard sur mon verre, gênée. Je dois arrêter mon jeu de séduction et laisser les choses se faire naturellement, mais c'est très dur. Surtout lorsqu'il soulève mon menton en l'attrapant entre son pouce et son indexe.

- Tâche de répondre, quand je te pose une question.

Mon cœur s'accélère face à l'intensité de son regard. Est-ce qu'il veut vraiment d'une relation avec moi ? Est-ce qu'elle ressemblera à ça ?

- Je te trouve canon, je finis par avouer.

Flatté, il se redresse fièrement.

- Je sais.

Son assurance me fait sourire encore plus. J'ai l'impression d'être une de ses fans. Il peut faire n'importe quoi que je trouverais ça génial. Quand il ouvre le frigo, par exemple. Qu'il en sort une canette de schweppes et la décapsule de deux doigts, avec une extrême facilité. Inconsciemment, j'ouvre ma bouche en l'observant boire, sa pomme d'Adam montant et descendant au fil des gorgées.

En sentant mon regard sur lui, Adrian tourne la tête et arrête de boire. Il baisse son bras et s'essuie la bouche de son autre main.

- Quoi, encore ?

Il pose bruyamment sa canette sur le comptoir. Je sursaute en revenant à la réalité.

- Pourquoi tu me regardes tout le temps ?

- Parce que tu n'es pas réel...

- Je ne suis pas réel ?!, s'exclame-t-il sur un ton à la fois surpris et amusé.

- Je ne sais pas d'où tu sors, mais pas de ce monde. Tu dois venir d'une romance ou d'un truc comme ça. Parce que tout ce que tu fais, c'est impossible qu'un homme le fasse avec autant de charisme et de sensualité.

- De la sensualité ?

Adrian lève un sourcil et se penche en faisant glisser lentement ses bras sur le bar. Il s'approche de moi, me regarde dans les yeux, mais je ne bouge pas. J'ai des choses à lui dire.

- Tout ce que tu fais, c'est érotique. Ça m'excite.

- Je vois ça.

Il baisse doucement le regard sur ma poitrine, puis relève les yeux sur mes lèvres. Voilà, c'est exactement ce que je suis en train de dire. Il a une aura de prédateur, et j'ai envie qu'il me dévore. Je le veux. Je veux qu'il soit à moi. Et je veux être à lui.

- Est-ce que tu es en train de mouiller ta petite culotte ? me demande-t-il en passant sa langue sur sa lèvre inférieure.

- Oui.

𝔏𝔞 𝔅𝔢𝔩𝔩𝔢 𝔢𝔱 𝔩𝔞 𝔅𝔯𝔲𝔱𝔢 (⚤) - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant