XVI

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- Adrian -

Malycia reste plantée devant mon bureau, bras croisés. Elle me fait savoir son mécontentement en fronçant les sourcils.

- J'ai vraiment besoin de ce job, par contre...

Je ne la lâche pas du regard pendant que je remonte mon pantalon et le boutonne. Je tire sur le col de ma chemise, ma veste, et referme les boutons de mes manches. Elle ne cligne pas des yeux une seule fois et ne se montre pas déstabilisée par mes mouvements. Elle ne s'occupe même pas de son collant déchiré.

- J'ai plus une thune et bientôt, je vais me retrouver à la rue, insiste-t-elle.

- C'est pas mon problème.

- Je resterai ici tant que vous ne me filerez pas un job. Même femme de ménage, je m'en fous !

Je lâche un ricanement amusé. Malycia, femme de ménage ? Laissez-moi rire.

- Casse-toi ou j'appelle la sécurité, je la menace en croisant à mon tour les bras.

Appuyée contre mon bureau, la brune ne bouge pas et lève un sourcil en guise de défi. La provocation et l'entêtement sont courants chez elle, mais là, tout de suite, ça m'agace. Elle me fait perdre mon temps en me dérangeant sur mon lieu de travail. J'ai flanché devant sa belle gueule, encore. Je ne peux pas recommencer éternellement. Ce jeu doit cesser.

Puisque Malycia n'est pas de nature obéissante, je me rapproche d'elle pour la dominer de ma carrure. Elle lève des yeux brillants vers moi, décroise légèrement les bras et commence à se mordre la lèvre quand je me penche pour m'appuyer sur le bureau. Le visage face au sien, elle ne se rend pas compte de ce que je suis en train de faire.

Cette fille est perpétuellement en quête de sensations. Sa vie a l'air si monotone qu'elle se raccroche au plaisir de jouer avec mes nerfs. Elle croit m'avoir, me séduire. Elle attrape le col de ma chemise pour me forcer à baisser ma tête, et ferme les yeux en approchant ses lèvres des miennes. Je dois avouer qu'elles sont sublimes et mériteraient que je les embrasse, mais au lieu de ça, je tourne la tête pour l'éviter et sous son regard choqué, je porte le combiné à mon oreille.

- Faites venir la sécurité.

Malycia est sous le choc, blessée par mon rejet. Elle s'attendait à ce que je flanche encore, comme si son charme était irrésistible. Encore une fois, elle réalise qu'elle n'est pas la plus dominante.

- C'est une blague ?! s'indigne-t-elle.

Le service de sécurité ne tarde pas à arriver. Deux agents en rangers débarquent dans le bureau, prêts à user de leur force, mais se retrouvent bien déçus en voyant qu'il ne s'agit que d'une fille débraillée avec une grande gueule.

Je m'assois confortablement dans mon fauteuil en croisant les bras pour observer la scène. Malycia me lance un regard de haine, puis de détresse lorsque le premier agent s'avance pour lui attraper le bras. Comprenant que je ne ferai rien, elle me lance à nouveau un regard de haine, tout en effectuant une rotation avec son bras pour éviter qu'il ne la touche.

- C'est bon, je peux marcher toute seule ! Me touche pas !

Elle peste, tourne les talons et avance d'un pas énervé hors de mon bureau. Sous sa jupe, la maille de son collant est complètement arrachée, laissant entrevoir ses cuisses blanches et transpirantes. Visiblement, cela ne la dérange pas. Ce qui la dérange, c'est que deux hommes entrainés essaient de la toucher. Est-ce que, paradoxalement, Malycia la nymphomane aurait peur du contact ?

Quand elle disparait au bout de couloir, une nouvelle tête féminine fait son apparition, les yeux écarquillés de stupeur. C'est Clémence, ma secrétaire. Elle est montée en même temps que la sécurité, comme la vieille commère qu'elle est. Son regard est bas, curieux. Elle tourne enfin les yeux pour les poser sur moi avec un questionnement évident. Elle n'ose pas prononcer les mots qui lui brûlent la lèvre, mais je lui réponds quand même.

𝔏𝔞 𝔅𝔢𝔩𝔩𝔢 𝔢𝔱 𝔩𝔞 𝔅𝔯𝔲𝔱𝔢 (⚤) - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant