XXXI

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- Malycia -

Je me réveille en première, le soleil éclatant me brûlant la rétine au point que je peine à ouvrir les yeux plus de deux secondes. Nous étions trop fatigués la veille pour fermer les volets, bien qu'il suffise d'appuyer sur un bouton. Il était inatteignable sur le moment. Je soupire et tend le bras pour regarder l'heure.

Je ne sais pas quelle heure il est, parce que mon écran est rempli de notifications, toutes de ma mère. Des appels manqués, des messages vocaux et des messages textuels. J'en ouvre un, le plus récent.

Ne m'ignore pas, Malycia.
Je suis peut-être vieille, mais je sais ce que veut dire la coche bleue. Tu as vu mes messages. Alors réponds-moi, s'il te plaît.

Je geins comme une gamine, au bord de la crise de nerfs et repose le téléphone sur ma poitrine. Pendant un long moment, j'observe le plafond, ce qui aide mes yeux à s'habituer à la lumière du jour. Quand je n'ai plus besoin de plisser les yeux pour voir, je tourne la tête.

Adrian dort encore, le visage tourné vers moi, une main sous son oreiller et l'autre au-dessus. Il dort, mais ses sourcils froncés me laissent penser qu'il n'est pas paisible. Ses mèches de cheveux, désormais sèches, lui retombent encore sur le visage. Il est sublime. C'est un moment de calme rare que j'essaie de graver dans ma mémoire pour toujours. Et pour cela, je reprends mon téléphone et tends mon bras pour immortaliser l'instant dans une photo.

C'est au moment où j'appuie sur le rond blanc que je vois les yeux d'Adrian s'ouvrir et fixer la caméra. Je cache tout de suite mon téléphone et lui souris, gênée, le cœur ballant.

- Efface, marmonne-t-il en refermant les yeux.

- Non.

- Efface la photo.

Il essaie de grogner, mais cela ressemble plus à un gémissement. Je rigole en me tournant complètement vers lui, imitant sa position et l'observant amoureusement.

- T'es beau quand tu dors, je lui fais remarquer.

- Hm...

Il souffle sur mon visage avant de se retourner, mécontent. Pourtant, c'était un compliment, et je le pensais vraiment.

- Et toi, tu ronfles quand tu dors.

J'ouvre la bouche, consternée.

- C'est parce que j'ai bien dormi...

En réalité, je dis ça pour me dédouaner. C'est la première fois qu'on me fait la remarque, et j'avoue que ça me met un peu mal à l'aise. Est-ce que Joy et Priscilla m'ont déjà entendue, mais n'ont rien dit ? Se sont-elles moquées de moi ?

- T'en as, de la chance..., se plaint-il.

Je sens une réelle amertume dans sa voix. Aurait-il mal dormi ? C'est vrai qu'il n'avait pas l'air paisible et qu'il est particulièrement réticent à sortir du lit, ce matin.

- Et toi, tu as bien dormi ?, je tente de demander.

- Si je te prends dans mes bras, tu la fermes ?

- Quoi ?

Sans comprendre ce qu'il m'arrive, le lit est secoué et l'ogre à mes côtés se retrouve de nouveau face à moi. Il ne donne pas plus d'explications et sans me demander mon avis, il m'attrape et m'emprisonne dans ses gros bras nus. Même si je ne comprends pas vraiment son geste, je l'apprécie et aussitôt, une chaleur réconfortante m'envahit. Je ne cache pas mon sourire et me cale tout contre lui.

Malgré la chemise que j'ai longuement réclamée, mes seins ne sont pas vraiment couverts et se retrouvent écrasés contre son torse. Je pourrais me plaindre de mes difficultés à respirer, mais je n'ai pas envie de gâcher le moment. Ma mère sait très bien le faire.

𝔏𝔞 𝔅𝔢𝔩𝔩𝔢 𝔢𝔱 𝔩𝔞 𝔅𝔯𝔲𝔱𝔢 (⚤) - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant