XXVIII

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Je sais, je sais, le chapitre est très court. Quand je prépare le plan, je ne connais pas la longueur de mes parties. C'est pour ça que c'est assez aléatoire. Mais nous sommes sur Wattpad, c'est un premier jet de mon histoire. Il est possible que prochainement, lors d'une réécriture, j'assemble quelques parties entre elles. Ce chapitre, par exemple, sera mis au bout du précédent pour en faire un plus long et plus complet. Et la première partie du précédent ira avec celui encore avant.

Merci de votre compréhension et bonne lecture. Pleins de surprises vous attendent encore dans les prochains chapitres, alors restez connectés.

- Malycia -

En arrivant dans la chambre, c'est encore plus la panique. Je ne trouve pas ma place. D'abord, je m'allonge en boule dans le lit, mais les draps sentent Adrian. Je me redresse pour m'asseoir au bord, mais glisse finalement au sol en me recroquevillant sur moi-même. Cette frustration que je ressens à ne pas être chez moi, dans mon espace personnel, ne fait qu'amplifier mes angoisses et très rapidement, les larmes commencent à couler.

Bien sûr que je ne serai jamais rien d'autre qu'un jouet sexuel pour Adrian, même s'il a décidé de me laisser une chance, de faire de moi une personne plus exclusive. Nous ne sommes pas compatibles. Nous avons des vies trop différentes et mon caractère ne lui conviendra jamais. On commence avec une petite dispute de rien du tout, mais on va finir par se déchirer. Est-ce qu'il serait capable de me frapper ? Je ne sais pas. En tout cas, moi, j'en serais capable. Je ne veux pas que ça arrive. Je ne veux pas lui faire de mal.

Adrian trouve sûrement ça amusant de me punir par le sexe, et je dois avouer que ça me plaît aussi. Mais lorsque les sentiments sont touchés, qu'on ressort tout ce qu'on a enfoui, ce n'est pas pareil. Le sexe ne règle pas les problèmes de cœur. La preuve est qu'il ne vient même pas me réconforter. Il ne doit pas savoir le faire, et doit surtout n'en avoir rien à faire. À ses yeux, je ne suis qu'une gamine capricieuse, et il a raison. C'est moi qui suis partie complètement en vrille à la simple évocation de ma famille.

Dans ces moments-là, j'aime me confier à mes copines parce qu'elles me feraient sortir et me feraient rire pour me changer les idées. Mais l'ordinateur est resté en bas, je leur ai raccroché au nez et je n'ai toujours pas de téléphone pour me créer une sorte de refuge. Je suis prisonnière dans une tour d'ivoire, sans connexion avec le monde extérieur, et j'ai peur d'affronter Adrian. Si je m'enfuyais, où est-ce que j'irais ? Est-ce qu'il me laisserait partir ? Est-ce qu'il me retiendrait ? Est-ce qu'il me ramènerait si je lui demandais ? Il ne le ferait certainement pas. J'ai décidé de rester, j'ai décidé de le pousser au-delà de ses limites, je me suis faite prisonnière.

Je sais que je suis allée trop loin dans mes paroles. Je n'ai pas réfléchi et j'ai laissé ma haine parler à ma place, sans penser au mal que je pouvais lui faire, lui qui a perdu ses parents il y a peu. Je ne connais pas le deuil, mais je sais qu'il ne se fait pas en quelques jours. J'ai touché un point sensible et il ne me le pardonnera jamais. Il vient de perdre ses parents et il s'est retrouvé avec une nana instable dans les pattes. J'ose imaginer qu'il n'attend qu'une chose : que je parte. Il est même certain qu'il ne me retiendrait pas.

Ce n'est plus un jeu, là. C'est la vraie vie, les vrais sentiments. Adrian ne reverra plus jamais ses parents alors qu'il les aime et moi, je lui impose mes querelles familiales. Je ne veux pas perdre mes parents ou mes sœurs, mais ce n'est pas pour autant que je veux les voir. Peut-être qu'il a raison. Peut-être que je le regretterai. Peut-être qu'il sera trop tard. En attendant, je ne me sens pas capable de faire semblant.

- À table.

En bas des escaliers, j'entends Adrian déposer des couverts. Il ne crie pas, mais parle assez fort pour que je l'entende comme un ordre. Je ne réponds pas. Je n'ai pas faim. Je ne descendrai pas. Je veux rentrer chez moi.

- À table, Malycia.

C'est exactement comme ça que ça se passait avec mes parents. Je faisais une bêtise pour attirer leur attention, me faisait engueuler et me réfugiais dans ma chambre jusqu'à ce qu'on m'appelle, comme si rien ne s'était passé. On ne prenait pas en compte mes sentiments, et me demandaient implicitement à tout oublier. Je déteste cette manie de réprimer ce que je ressens et cette frustration me rend encore plus instable et détestable.

- Viens manger, Malycia, s'impatiente Adrian.

Cette fois, il n'attend pas de réponse. C'est un ordre et pour me le faire comprendre, il monte. J'entends ses pas agacés se rapprocher, puis il apparaît à mes côtés. La tête dans mes bras, je cache mon visage. Je ne veux pas qu'il sache que j'ai pleuré.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

La voilà, la question qui fâche. Comme s'il ne savait pas ce qui s'était passé, et ce qui l'a blessée.

- Laisse-moi tranquille.

- Non, réplique-t-il sans bouger d'un poil. J'accepte que tu ne veuilles pas parler, mais je n'accepte pas que tu refuses de manger.

Ce que je veux, c'est qu'il me serre dans ses bras, qu'il m'embrasse ou caresse ma tête. Je veux sa tendresse et son réconfort. Mais je n'ai rien de tout ça. Je ne le mérite pas.

- J'ai pas faim.

- Menteuse.

J'incline légèrement ma tête pour le regarder par-dessus mon bras, les sourcils froncés de colère. J'ai encore la haine, et j'ai envie d'être seule. S'il ne peut pas me réconforter, alors qu'il parte.

- Arrête de faire la gueule. Je baise une femme, pas un bébé.

Évidemment que la première chose à laquelle il pense en me voyant, c'est le sexe. Il n'y a jamais eu que ça entre nous, pourquoi est-ce que ça changerait ? Pourquoi j'ai cru un instant que nous pouvions devenir plus proches ? Plus intimes ?

- Je suis désolé, ok ? Soupire-t-il, me faisant relever complètement la tête, interloquée. Tu as raison, je ne connais pas ta vie. C'est pour ça que je voulais en savoir un peu plus sur toi...

Quelque chose cloche. Pourquoi est-ce qu'il s'excuse ? Je croyais être la méchante, la fautive. Je croyais avoir dit quelque chose de mal. Je croyais l'avoir blessé. C'est moi qui ai instauré la dispute, qui suis partie m'enfermer dans la chambre, et qui gâche toujours tout. C'est moi, le mouton noir.

- Tu...ne m'en veux pas ? Je demande, de nouvelles larmes venant se loger dans le coin de mes yeux.

- Non. Enfin... pas vraiment. J'aurais seulement préféré que tu me parles calmement et que tu m'expliques, au lieu de partir au quart de tour.

Je ne peux m'empêcher de glousser, retrouvant peu à peu mon sourire.

- C'est toi qui dis ça...

- Oui, c'est moi qui dis ça, assume-t-il fièrement. J'étais prêt à discuter avec toi et à faire un effort.

Il me regarde intensément, attendant une réponse de ma part.

- Désolée, je dis finalement après un petit soupir.

- Allez, viens manger.

Il me tend alors la main, comme un chevalier venu sauver sa princesse. Il n'est pas le dragon qui me retenait prisonnière, mais celui qui peut m'aider à m'évader. Nous ne sommes pas dans une prison, mais dans un château. À cette idée, je souris. Je cède et attrape sa main pour me relever.

𝔏𝔞 𝔅𝔢𝔩𝔩𝔢 𝔢𝔱 𝔩𝔞 𝔅𝔯𝔲𝔱𝔢 (⚤) - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant