Chapitre XXII : Rêve ou réalité

19 2 30
                                    

« Un rêve douloureux peut causer autant de dégâts qu'un poignard. »

*

Sa peau réchauffée par le doux Soleil de fin d'été, le garçonnet riait aux éclats. Ses petites mains se perdaient dans les épis de blé alors que le vent fouettait son visage. Grisé par la vitesse, le jeune askanien regardait avec amusement la crinière du cheval noir voler librement devant lui. Ses propres cheveux étaient en bataille, mais peu importait. Sur le dos de l'animal, calé contre l'armure bleu nuit, il se sentait en sécurité. La cavalière souriait également, tenant les crains de sa jument qui galopait librement dans le champ de blé.

Le garçonnet était aux anges. Épanouis par ce moment extraordinaire. Il leva sa petite tête vers la Gardienne. Ses yeux, d'un vert clair presque translucide étaient d'une splendeur hypnotisante que le petit elfe jalousait secrètement. Ces deux joyaux accentuaient la beauté naturelle de la guerrière de quarante-huit ans aux cheveux de jais ondulés, coupés en carré.

Consciente d'être observée, la Gardienne lui sourit gentiment en lui ébouriffant les cheveux avant de reporter son attention sur l'horizon. Devant eux, l'océan de l'Ouest dévoilait son immensité azure alors que leur cheval quittait le champ d'or pour débouler sur la plage.

Le garçonnet cria ne sachant quelle émotion choisir entre la peur et la joie face aux premières éclaboussures. Les grosses pattes du destrier plongeaient dans l'eau avec force pour immerger l'animal jusqu'au garrot.

Le paysage était magnifique. L'astre diurne faisait scintiller les flots et les vagues jouaient leur merveilleuse mélodie derrière eux. L'eau léchait les jambes du jeune elfe qui riait doucement en plongeant ses mains dans la mer.

- Sois toujours fière de la personne tu es Deli. Un petit elfe gentil, débrouillard, qui n'hésite pas à aider son prochain.

Les mots de sa tante le surprirent, si bien que le garçonnet tenta de se tourner vers elle. Pourtant, et avec une grande surprise, il ne parvint qu'à discerner de vagues formes aux couleurs épurées. En un instant, Deli n'arrivait même plus à distinguer le son des vagues à quelques mètres de lui ou à sentir la bonne odeur florale de la Gardienne.

Puis...

Tout devint noir.

*****

Deli se réveilla en sursaut dans son lit. Il était en nage et sa tunique collait sur sa peau alors qu'il tentait de retrouver un souffle régulier en s'asseyant. Ses mains tremblaient sur son visage et il avait l'impression d'avoir couru pendant des heures face au rythme extrêmement rapide de son Cœur. Les battements étaient si puissants qu'il les sentait dans les veines de ses arcades. Deli se força à se concentrer pour retrouver ses esprits. Il était bien là, dans la modeste maison qui l'avait vue grandir, à l'intérieur de sa petite chambre, sous sa maigre couverture dont il repoussa le haut dans l'espoir de refroidir son Corps.

- Deli ? Tout va bien ? Je peux rentrer ? demanda une voix en toquant à sa porte.

Sursautant, il mit un moment à comprendre les questions. A qui était cette voix ? Elle ne ressemblait en rien à celle de son père mais Deli avait reconnu le timbre d'un homme. Avaient-ils un invité ?

Les souvenirs du dernier mois revinrent frapper son Esprit et une larme coula de ses yeux humides.

Non...non. Par Kya non !

- Deli ? répéta la voix en entrouvrant la porte.

Le voyant assis sur sa natte, l'homme entra et referma la porte derrière lui avant de venir s'agenouiller à ses côtés. Dans l'ombre de la nuit, Deli aurait pu jurer que l'elfe se tenant face à lui était son jumeau. Les vêtements qu'il portait étaient identiques aux siens. Le namaïen aurait d'ailleurs pu jurer qu'il s'agissait des siens ! Face à cette étonnante ressemblance et pris de panique, Deli eut un mouvement de recul qui le colla contre le mur glacé de sa chambre.

La Guerre de l'Aube et du Crépuscule [Tome 1 : Les prémices d'une guerre]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant