Chapitre XXX : Le représentant de Mar

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« Un nouveau départ, de nouveaux au revoir. »

*

La fatigue du Corps d'Agar n'était rien en comparaison de la satisfaction qu'il éprouvait depuis sa discussion avec son père. Tous deux avaient échangés - la majeure partie de la nuit - sur son cauchemar persistant et Fariun avait semblé faire de son mieux pour réconforter son fils. Chose plus qu'étonnante pour le jeune homme. D'autant plus que l'officier l'avait enlacé une dernière fois avant de retourner se coucher.

Peut-être que Kéniré parvient finalement à percer la carapace de son Cœur, s'amusa Agar en repliant la couverture de Milexei sur la natte du cadet.

Seul dans le dortoir et ne participant pas à la formation des apprentis de Kéniré, il s'était proposé pour mettre de l'ordre dans le dortoir à la place de ses compagnons de chambrée. Ceux-ci avaient immédiatement acceptés en le remerciant même si Far n'avait pas été très heureux d'apprendre qu'il faisait cela dans le but de pouvoir sauter le petit déjeuné.

Agar effaça les plis de la couverture rangée au carré d'un coup de main avant de se diriger vers sa natte. Il retira soigneusement le petit bocal renfermant ses médicaments de dessous son oreiller pour en avaler un. Il n'appréciait toujours pas le goût de ces étranges billes et le bocal était presque vide maintenant. Agar espérait donc rentrer bientôt à l'avant-poste pour que Yta lui redonne ce médicament horrible pourtant devenu vital à ses yeux.

Le bruit d'une personne toquant à la porte força Agar à sortir de ses pensées et replacer le bocal derrière son oreiller, craignant que ce ne soit un soldat venu inspecter les chambrées.

- Entrez, cria-t-il depuis l'autre bout de la pièce.

Avec une surprise non dissimulée, il observa son père passer la porte, jetant un coup d'œil à la pièce afin de s'assurer qu'ils étaient seuls.

- Père ? Tout...tout va bien ? s'enquit-il aussitôt.

- Oui, affirma celui-ci en refermant la porte avant de s'avancer vers lui. Je venais simplement voir comment tu allais. Je ne t'ai pas vu au mess ce matin.

Agar croisa les bras, feignant une moue profonde.

- Vous vous inquiétez pour moi maintenant ?

Les yeux de Fariun roulèrent comme réaction à la question.

- Je n'aime pas te savoir vagabonder je ne sais où, expliqua-t-il pour toute réponse.

- Qu'est-ce que vous voulez réellement ? répondit le dalrenien en réprimant un rire.

- N'ai-je donc pas le droit de venir voir mon fils simplement pour savoir comme il va ?

- Pas quand vous ne l'avez jamais fait.

La réponse était tranchante, sans appel, et les mots lui raclaient la gorge, lui serraient le Cœur alors que Fariun arquait un sourcil.

- Touché, lui concéda celui-ci en tirant sur le bas de la manche de son haut écarlate afin de la remettre correctement.

- Alors ?

- Alors, je viens t'aider à préparer tes affaires.

- On rentre ? demanda Agar d'un ton un peu trop enjoué.

Fariun eut une légère grimace qui terni la joie de son fils. De toute évidence, ils avaient encore une mission à accomplir.

- Où va-t-on ? soupira le jeune adulte.

- Solarina, la capitale. J'ai été...

- C'est loin ! le coupa Agar.

- Je sais, je sais, avoua son père. Mais nous n'avons pas d'autres choix. Le haut commandement de Mar s'est réuni ici hier, il en est sorti qu'il serait de ma responsabilité de représenter la région devant l'État-Major du Dalren.

- Qui se tient donc à Solarina... souffla l'apprenti soldat.

Fariun hocha la tête.

- Tu vas te changer avant qu'on parte. Ton nouvel uniforme doit rester propre pour notre arrivée à la capitale. Tu voyageras donc avec tes anciens vêtements.

Super ! Enfin une bonne nouvelle ! exulta une voix en lui.

Ses nouveaux habits le démangeaient au plus haut point et n'étaient guère confortable comparé à son vieil uniforme usé qui avait pris sa forme au fil des années.

- Je vais ranger ça pendant que tu te changes, décréta son père en s'emparant de son oreiller

Agar retomba brutalement du petit nuage sur lequel il s'était perché lorsque son père attrapa le bocal de médicaments, un air perplexe sur le visage.

- Tu en prends toujours ? demanda l'officier d'un ton accusateur.

- Non...enfin si, oui, non... bredouilla Agar.

- Tu en prends oui ou non ?

- Oui, avoua-t-il finalement.

Fariun ouvrit la petite boite et avisa les quelques billes restantes avant de replacer le couvercle.

- Je vais aller t'en chercher d'autres. On part dans deux heures.

*****

Deux heures plus tard, Agar avait fait ses adieux à ses camarades de chambrée et avait même pris le temps de se faufiler hors de la forteresse pour avertir Razil et Wartnir qu'il partait à Solarina. Le peintre avait même réussi à lui faire promettre de revenir le voir pour l'aider à libérer les askaniens de la ville. En guise d'au revoir, le tavernier avait préféré lui servir un verre - sans alcool heureusement - plutôt que de lui demander de décorer un peu plus l'un des murs de son auberge, prétextant qu'il le ferait la prochaine fois.

En attendant, il allait devoir quitter Kéniré, le premier endroit hors de l'avant-poste où il commençait à se sentir chez lui.

- Déjà prêt ? lui lança son père en arrivant.

- Vous en avez mis du temps, s'étonna Agar depuis les hauteurs de la charrette.

- En vérité ce n'est pas moi que tu dois blâmer mais le forgeron.

Agar arqua un sourcil en regardant son père monter.

- Le forgeron ?

Le jeune homme inspecta l'armure d'elfe sous tous les angles sans parvenir à trouva la moindre différence avant de s'attarder sur son écusson.

Les armes de Mar - un pinceau et sa palette de peinture surmontés d'un Soleil - figurait à présent aux côtés de deux petites étoiles à cinq branches gravées dans le métal doré et placées à gauches des armoiries.

Le symbole des commandants.

- Comment avez-vous... ? commença Agar surpris d'une telle promotion.

- Tous les officiers présents à Solarina seront soit des généraux soit des commandants. Je ne pouvais pas rester capitaine.

Agar esquissa un petit hochement de tête en signe de compréhension. En acceptant cette mission, Fariun avait également trouvé le moyen de gagner un galon. Cela ne devrait pourtant plus étonner son fils qui le connaissait bien, mais la perspective que son père ait accepté un tel grade le surprenait.

Les commandants n'avaient en effet plus le droit de se rendre sur le champ de bataille, sauf exception.

Mais nous sommes en guerre, se rappela Agar.

Les règles allaient sans doute changer. Pour son père, comme pour lui. Après tout, il fallait bien des elfes pour protéger le pays, peu importe leur âge.

Sur ce, Fariun prit les rênes et donna l'ordre aux chevaux pour qu'ils avancent. Les deux destriers tirèrent la charrette hors de la forteresse, entamant un long, très long voyage.

Que Liha nous protège.

*

Heyy :D

Dernier chapitre pour Agar (plutôt calme ^^)

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ;)

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