La Guerre de l'Aube et du Crépuscule [Tome 1 : Les prémices d'une guerre]

Chapitre I : L'Aube d'une guerre

« La paix n'était plus une aspiration, mais une chimère. »

*

A l'ombre des faisceaux de lumière traversant les feuillages des majestueux arbres centenaires et paisiblement couchée sur la douce herbe verdoyante de la forêt, Nyha laissait vagabonder sa main pâle dans l'eau de la rivière aussi translucide que rafraichissante. Rêvassant en admirant l'éclat d'un magnifique petit poisson jaune jouant entre les galets, la jeune fille ne prêta pas attention aux légers bruits de pas derrière elle, écrasant l'herbe sur leur passage.

- Je serais surpris que tu arrives à l'attraper, ricana une voix masculine dans son dos.

Sortant sa main de l'eau en rabattant de l'autre une longue mèche brune derrière son oreille légèrement pointue, Nyha tourna la tête afin de voir un jeune adulte vêtu d'une armure bleu nuit et arborant un large sourire. Son visage s'illumina à son tour tandis qu'elle se releva avec hâte pour aller enlacer l'elfe qui lui rendit son étreinte.

- Je ne pensais pas te revoir avant une semaine, lança-t-elle dans un souffle de joie.

- Aurais-tu oublié que ton grand frère adoré est toujours le meilleur pour faire des surprises ? Rétorqua ce dernier en laissant échapper un léger rire avant de se détacher d'elle pour retirer la terre qui salissait sa chemise beige.

Nyha leva les yeux au ciel. Même après ces six derniers mois passés à Miruk - la capitale de l'Askan - l'humour de son frère n'avait pas changé, ce qui n'était d'ailleurs pas pour lui déplaire.

Se rappelant soudainement la raison de l'absence de son ainé, son regard se posa sur le côté gauche du plastron de l'homme pour y découvrir avec une certaine fierté, les armoiries de l'Askan : un croissant de Lune pointant vers le ciel. Ce symbole, sublimé d'un cercle d'ornement simpliste, n'était réservé qu'aux membres de la Garde Askanienne, un prestigieux groupe de soldats renommé sur tout le continent.

L'elfe, qui comprit pourquoi les yeux de sa jeune sœur s'étaient subitement remplis d'une lueur d'admiration, se mit au garde à vous en ayant une main sur son cœur - l'endroit où se trouvait l'écusson - tandis qu'il laissait l'autre le long de son corps.

- Sergent Deli Séria à ton service, récita-t-il en lui offrant un clin d'œil.

Alors que sa cadette lui offrait un parfait salut militaire en retour, un bruit dans les buissons de l'autre côté de la rivière attira l'attention du jeune homme qui perdit son doux sourire. Agrippant machinalement le pommeau sombre de son épée avec sa main gauche, il posa l'autre sur l'épaule de sa cadette sans lâcher les fourrés de ses iris immaculées cerclées de gris.

- Tu viens, on rentre, dit-il simplement.

L'inquiétude et la méfiance se lisant sur son visage n'échappèrent pas à Nyha qui ne comprenait pas la raison de ce soudain changement d'humeur. Elle accepta toutefois de suivre son frère jusqu'à leur foyer après avoir jeté un coup d'œil vers l'autre berge.

*****

La fin d'après-midi se faisant sentir, le doux vent printanier s'était réduit en une légère brise qui poussait paresseusement les quelques nuages restants dans le ciel orangé, teinté par les derniers rayons du Soleil ardent pointant vers le crépuscule.

Marchant tranquillement sur le sentier de terre, Nyha devançait son frère de quelques pas tandis qu'ils entraient dans le petit village de Namaï. La terre sous leurs pieds fut alors remplacée par des pavés de pierre se déclinant dans différentes teintes de gris au fil des magnifiques arabesques qu'ils formaient. Les bâtisses, également construites dans ce même matériau, camouflaient leur allure terne grâce à différents types de plantes verdoyantes ou colorées rendant le tout somptueux.