Soumise [En Pause]

Chapitre 18

Ella

Le paysage défile devant mes yeux, la tête contre la vitre de la voiture, je me remémore les dernières minutes. 

Après ma crise, Samaël  m'a aidé à me relever sans rien dire puis a tourné le dos et s'est dirigé vers la voiture. Je l'ai suivi, naturellement, et je suis montée. 

Il n'a pas posé de question, il n'a même pas dis un mot, il a juste conduis. Je crois qu'au fond je sens qu'il est perturbé par ce qu'il a vu, ou du moins par ce qu'il en a compris.

Lorsque l'on arrive chez lui, il descend et s'en va. C'est une mode chez lui apparemment de partir sans rien dire. 

Alors que je m'apprête à sortir, j'ai peur. Ca me prend aux tripes, mon ventre se serre. Quand je serais à l'intérieur, qu'est ce qu'il va m'arriver ? Est ce qu'il va s'énerver ? S'en prendre à moi comme hier soir ?  Ma crise semblait l'avoir énervé, alors après celle que je viens de lui faire, va t'il réagir violemment ? Comme mon père ? Les questions affluent dans ma tête et ont pour seul réponse sa voix :

"Blondie ! Tu compte rester dans la voiture encore longtemps ?"

Je sors et monte les marches lentement. Il ne semble pas en colère, c'est déjà ça. Une fois à l'intérieur je le vois me fixer :

"Tu étais fatiguée, tu devrais aller dormir. On bouge demain."

Et il monte, sans un mot de plus, encore.

Je regagne ma chambre en silence. Samaël étais si calme, comme l'opposé de lui même. Je ne le pensai pas capable d'être un minimum humain encore hier et aujourd'hui, je ne sais plus quoi penser. 

En tout cas, je ne dirais pas non à un peu de sommeil. Après mes crises successives et ma "nuit" sur le tapis de bain, j'en manque cruellement.  

Je me couche avec mes écouteurs afin de m'aider à m'endormir et en priant pour ne pas faire un nouveau cauchemar. J'ai eu ma dose pour pas mal de temps. 

Je plonge rapidement et me sens comme apaisée, pourtant une fraction de seconde avant de partir pour de bon, j'ai comme la sensation d'être observée et puis, plus rien. Le noir complet. 

Quand je me réveille, le soleil se couche à l'horizon et seul un filet de lumière éclaire ma chambre. Je me lève rapidement et rejoins le salon sans un bruit. J'ai horriblement faim sachant que je n'ai pas mangé de la journée.  

Je marche vers la cuisine et me stop dans l'encadrement de la porte. Je suis comme paralysé, mon corps refuse de se mouvoir. Sur la table, Samaël s'est endormi, et, autour de lui, des tonnes d'articles imprimés. Des articles que je connais bien. Certains parlent de la mort de ma mère, d'autres d'une petite fille de quartes ans retrouvée dans la rue, par un couple de passant, en nuisette et baignant dans son sang. Moi. 

Il a fait des recherches sur moi, sur ma mère, mon père aussi surement. Alors il sait, il sait tout.

Et soudain, il me fait vraiment peur. Parce que lui connait presque tout de moi alors que je peine à me rappeler de son prénom. Je suis un jouet tombé entre les mains du diable, sans armes et sans moyen de défense. 

Une larme roule sur ma joue, il sait forcément...