Chapitre 16

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Aron 

Je rentre lentement et sans bruit. Barry a bien tout verrouiller comme je le lui avait demandé.

Epuisé, je m'affale sur le canapé. Je ne trouve pas la force de monter pour retrouver ma chambre. 

Le sommeil commence a m'emporter et mes muscles à se détendre quand des cris, non des hurlement me parviennent de la chambre de Blondie. 

Je me lève surpris et le cœur battant la chamade pensant trouver un intru chez moi, mais non.

 Je trouve Ella qui se débat contre le vide balançant sa tête de gauche à droite violement. Ses cris reflètent la peur qu'elle ressent. 

Pourtant ce qui m'envahit c'est la colère. Depuis son arrivée, je n'ai pas passé une journée normale. Et encore moins une nuit potable. Et pour une fois que je me perdait dans les bras de Morphée, il a fallut qu'elle m'en tire. Sa me met hors de moi. 

Je rejoins le bord du lit en deux pas et lui assène un violent coup au visage. 

Elle se réveille d'un coup et se recroqueville sur elle même. Un sanglot lui échappe.  

Alors, les mots sortent sans que je les contrôlent :

"C'ETAIT QUOI CE MERDIER BLONDIE !?"

Décidément, les séances de baise avec Jessie ne m'auront pas empêché d'être sur les nerfs. 

Mais au lieu de me répondre elle se lève en titubant et sort de la chambre. Je la suis. Son corps est secoué de spasmes et elle peine à retenir ses larmes. Ses jambes tremblent trop fort et elle doit se retenir aux meubles pour ne pas tomber. 

Et là, alors que je la regarde vraiment pour la première fois depuis bientôt une semaine, je remarque ses bleus. Ils maculent ses bras et ses jambes. La lumière est faible mais j'en distingue une bonne quinzaine. Comment ai-je fais pour ne pas les voir avant alors qu'elle ne porte que des débardeurs et des shorts ? Il lui arrive de mettre des gilets mais jamais de pantalons. 

Je m'en veux immédiatement de l'avoir giflé. Elle a beau être insupportable, elle n'est pas responsable de ses cauchemars. Surtout que cet acte a du la replonger encore plus dans ses souvenirs. Car, j'en suis sur, ce qui la met dans cet état, elle l'a déjà vécu et ça la hante. 

Elle continue a avancer pour se diriger dans la salle de bain. Alors que je tente de la rejoindre, elle verrouille la porte. A peine cinq secondes plus tard, j'entends le jet d'eau. 

Je recule immédiatement. Je ne connais rien au langage corporel, je préfère lire dans les yeux des gens. Mais là, elle s'est dirigée vers la douche comme si rien d'autres n'existait. Et vu la vitesse à laquelle l'eau a commencé à couler, elle na même pas pris la peine de retirer ses vêtement. 

Et je sais ce qui peut provoquer ce genre de réaction. Le besoin de se sentir propre, d'oublier que l'on a été souiller. 

Mon corps bouillonne et mon cerveau me replonge dans mes souvenirs. 

Mon frère en pleur dans la chambre d'à côté. Il viens d'avoir six ans et j'en aurais huit dans trois mois. 

La fête s'est bien passé, il était heureux. Mais dès qu'elle entre dans une pièce, ses yeux s'emplissent de peur. Je le vois, je le sais, mais je me tais. 

Je suis un lâche, caché sous mon lit pendant qu'elle lui fais ce qu'aucune mère ne devrait faire à son petit garçons. Je pleure moi aussi alors que je suis seul et à l''abri.

Millie entre dans ma chambre, je la sens se glisser sous mon lit et me serrer contre elle. Je le sais, quand elle entendra la porte de la chambre de nos parents se refermer, elle ira chercher Andrew, et nous dormirons tous les trois dans sa chambre. 

Millie... 

Je reviens à moi quand la porte de ma salle de bain s'ouvre. Blondie se tiens dans l'encadrement de la porte. Ses vêtements et ses cheveux sont trempés, elle a les yeux rougis et tremble comme une feuille. 

Une boule se créé dans mon ventre. Je l'ai frappé alors qu'elle revivait un moment horrible. 

Elle reste là, immobile son regard fixé sur le mur derrière moi. Quand en une fraction de seconde, ses jambes la lâche et elle se retrouve sur les genoux une main plaqué sur le bouche, des larmes roulant sur ses joues. 

Je ne peux rien faire si ce n'est la regarder. Je ne sais pas y faire avec les gens. Je suis doué pour lire en eux, pas les aider. Alors je tourne les talons, comme le lâche que je suis. Encore une fois je fuis le problème. Je ne suis pas Millie, elle, elle aurait su gérer la crise de Blondie.

Une fois seul, je laisse mes démons me submerger, saisis ma lame de rasoir dans le tiroir de ma table de chevet et m'entaille le poignet. Le métal froid traverse ma peau, du sang apparait et déjà, je me sens mieux. 

Mes dernières coupures sont encore à vif, si bien qu'en en créant des nouvelles, j'en réouvre certaines. La douleur physique me fait oublier peu à peu celle qui me comprime le cœur et l'âme. 

Je ne compte plus le nombre de traits que je trace, mais je sais que je me suis bien éloigné de la base de mon poignet. 

Quand mon esprit cesse de me tourmenter avec des flashs de mon passé, je repose mon arme à sa place, et recouvre mon bras de ma manche. Cette dernière brûlure me ramène complètement dans le présent. 

Je m'allume une cigarette et la savoure allongé sur mon lit. Laissant s'éloigner les souvenirs empoisonnés de mon enfance et ceux de ma sœur. 

Soumise [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant