Demi-fléau

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Yo ! Prévenez-moi si vous repérez une faute d'orthographe ;)



La voiture décolla brusquement du sol, projetée avec puissance dans la forêt. Megumi sauta aussitôt du véhicule, ne devant sa survie qu'à ses réflexes hors du communs. Cependant, ni Akihiko, ni Yuji n'eurent sa chance, et accompagnèrent la carcasse de taule dans ce qui aurait pu être leur dernier trajet. 

Après d'innombrables tonneaux, la carcasse de fer alla s'écraser contre un pin. Sous les yeux effarés de Megumi, qui assistait impuissamment à la scène, le toit se plia et un bout du coffre disparu entre les arbres.

Sans lui laisser le temps de songer quoi que ce soit, trois fléaux se jetèrent sur l'exorciste. Il s'élança face à ses ennemis, déterminé à extirper ses coéquipiers de ce qui restait de la voiture défoncée. Il enchaîna inlassablement les coups de pieds, les revers et les droites, alternant de temps à autres avec une invocation de familiers, ignorant les attaques encaissées. Yuji était probablement inconscient, et il risquait de se faire tuer par un de ces monstres.

L'espace d'une seconde, à travers un espace entre les fléaux, Megumi eut vue sur le lieu de l'accident. Il lui sembla que son corps entier ce glaçait de terreur : un large filet de sang coulait sur une paroi de la voiture. Cependant, le tas de ferraille se mit à trembler, comme si quelqu'un essayait de s'en extraire.

Mais...le brun n'était manifestement pas le seul à s'en être aperçu. Un fléau haut d'environ deux mètre à l'aura dévastatrice s'approcha à pas lourds de la voiture en pièces.

La force de l'exorciste fut instantanément décuplée par le sentiment d'urgence qui le traversa. Il eut beau se ruer dans la mêlée au summum de sa vitesse, il sut qu'il n'arriverait jamais à temps pour protéger ses camarades.

Juste à quelques mètres de lui, il vit l'ombre du monstre s'étendre sur le visage sonné de Yuji qui s'extirpait du véhicule détruit.

- YUJI !" hurla Megumi, dans une vaine tentative d'alerter le rose. Alors que ce dernier allait se faire faucher, la main du titan qui lui faisait face se retrouva tordue dans un angle anormal.

L'immense poignet s'était soudain amincit pour ne faire plus que quelques centimètres d'épaisseur, comme broyé en une fraction de seconde. Le brun resta pantois un instant, mais finit par balbutier :

- A.. Akihiko ?

Effectivement, le garçon se tenait là, la main tendue face au fléau.

Son visage s'exprimait aucune peur potentielle, mais il ne semblait pas pour autant calme. Bien au contraire ! Ses yeux brillaient d'une lueur meurtrière, contrastant avec son visage enfantin. Il avait l'air de pouvoir tuer n'importe qui en un claquement de doigts.

En l'étudiant un peu de loin, Megumi ne put s'empêcher de songer :
*Il ressemble à un meurtrier... Cet air de pouvoir assassiner quelqu'un comme si c'était tout à fait normal... C'en est terrifiant.*

Akihiko pencha la tête à gauche, puis fit rapidement tourner sa main dans le même sens. Le bras de la créature se tordit dans un angle anormal à une vitesse ahurissante.

Mais comment un enfant à l'allure aussi frêle pouvait-il détenir autant de force ? Et anéantir un ennemi d'une pareille taille sans ciller ? Les question se bousculaient dans l'esprit de Megumi. Malheureusement pour lui, il n'allait pas pouvoir s'en préoccuper tout de suite : la lutte contre les fléaux était encore bien loin de se terminer.

- Akihiko ! cria le brun en direction du garçon, Je te confie Yuji ! Et je te jure que je te fais la peau s'il lui arrive quoi que ce soit !

La bataille reprit, une véritable tornade de violence. Les lois de la gravité semblaient ne plus avoir d'effet sur l'exorciste, et celles du temps non plus. Il était probable qu'il se soit écoulé des heures autant qu'une simple seconde.

 Au bout d'un certain temps, les fléaux cessèrent d'affluer. D'un coup de pied lourd, Megumi acheva le dernier des monstres. Épuisé, il se laissa  tomber dans l'herbe tachée de sang et de beaucoup d'autres matières qu'il n'était pas sûr de connaître. 

Le souffle court, l'exorciste se redressa sur les coudes pour observer la plaine dévastée. Des corps de fléaux (ou bien des morceaux) gisaient de tous les côtés, se désagrégeant lentement ; les arbres étaient striés d'entailles profondes, explosés, et parfois même complètement pliés.

Au milieu de cette scène de crime se dressaient un Akihiko chancelant et un Yuji bien amoché. Ce n'est qu'en les apercevant tous les deux bien vivants que le coeur de Megumi se desserra vraiment. Qu'aurait-il fait si l'un des deux avait été tué ? Il préférait ne pas y penser. En tournant la tête, le brun remarqua que le soleil ne tarderait pas à disparaître derrière les pins.

Il soupira : d'abord l'amnésie de Yuji, puis l'apparition inopinée d'Akihiko, le combat avec les fléaux, le déclenchement des pouvoirs de l'intrus et maintenant il devait gérer son équipe dans une forêt sans la moindre ressource ? Les dieux le détestaient ! Il n'y avait aucune autre raison pour laquelle le destin s'acharnerait autant sur lui !

Pendant qu'il réfléchissait, ses - désormais deux - coéquipiers s'étaient rapprochés. L'enfant-fléau se laissa tomber sur l'herbe sans se soucier des restes de monstres qui jonchaient le sol. Derrière lui clopinait Yuji.

Il ne fallut qu'un simple coup d'oeil à Megumi pour deviner qu'il n'aurait besoin que d'une nuit de sommeil complète pour se remettre du combat et de sa "ballade" en voiture.

- Tout va bien ? l'interrogea ce dernier en se massant le front comme s'il s'était tout simplement cogné la tête. Le brun hocha la tête, trop occupé à réfléchir pour fournir une véritable réponse.

Au bout de quelques secondes de silence, il se leva pour étudier les alentours.

- On doit trouver un endroit où passer la nuit, c'est trop risqué de rester ici. Et il faut que je parle à Akihiko." ajouta l'exorciste en fixant le garçon d'un regard lourd de sens. L'enfant fixa soudain ses chaussures comme si elles étaient la plus intéressante de l'univers, pâle.

Megumi toisa en soupirant la paire d'imbéciles qu'il devait se coltiner (tel qu'il les appelait mentalement). Il se pinça l'arête du nez et commença à marcher vers la carcasse encore fumante de la voiture, tentant d'ignorer sa jambe qui le lançait atrocement depuis la fin de ses affrontements.

- Shiromi ? l'interpella Yuji en le regardant comme s'il faisait quelque chose de particulièrement stupide, Tu ne comptes tout de même pas essayer de la faire démarrer ? Je veux dire... Il manque la moitié quand même.

Le brun n'avait ni la force, ni l'envie de répondre à son intervention idiote. Il se contenta de chasser avec amertume les souvenirs de l'ancien Yuji, celui qui n'avait pas encore perdu la mémoire, qui l'appelait par son nom. Il contempla un instant le véhicule démoli et calciné puis commença à tirer sur une portière enfoncée. Avec un peu de chance, quelques affaires qui ne craignaient pas auraient tenu malgré la violence de l'impact avec le tronc.

La chance, pour la première fois depuis des semaine, lui sourit : le sac qui contenait de l'eau et de la nourriture pour le temps que durerait la mission était plus ou moins intact. 

C'est déjà ça. Et où va-t-on maintenant ? s'interrogea-t-il mentalement.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, le voix fluette d'Akihiko répondit à sa question dès qu'il l'eut formulée :

- Je crois que je connais cette route... avança t-il d'un ton hésitant. Megumi se tourna vers l'enfant, l'incitant silencieusement à poursuivre. Il reprit avec plus d'assurance : Ma mère et moi avons passé environ neuf mois dans la ville qui se trouve à la sortie suivante. Et celle que tu as prise était censée guider à un centre commercial encore en construction à ce moment là. Si je me souviens bien, il y avait eu un véritable scandale par rapport au manque de fonds pour réaliser le projet. Je crois qu'en remontant l'allée, on devrait tomber dessus.

Megumi et Yuji échangèrent un regard entendu. Maintenant, au moins, ils savaient où est-ce qu'ils dormiraient. Et avec un peu de chance, peut-être trouveraient-ils un moyen de contacter l'Académie sans risque de se faire étriper par un fléau de passage ?

Si tu lis cette lettre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant