Les couleurs

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  J'ai à peine poussé la porte que mon souffle se coupe. Ma vision se brouille un instant et ma tête se met à tourner, m'obligeant à prendre appui sur le mur.

Une seconde après, la sensation s'interrompt. Je me redresse brusquement, ce n'est absolument pas normal. On aurait dit... L'aura d'un fléau... Et d'un extrêmement puissant par dessus le marché.

Mes yeux parcourent la pièce à une vitesse folle, cherchant désespérément le visage familier de mon ''ami''. Les draps sont défaits, en désordre et complètement emmêlés au pied du lit. Soudain, un cri contenu me fait sursauter. il provenait de derrière le lit !

Je n'ai que le temps d'esquisser un pas nerveux vers la source que quelqu'un me saute à la gorge dans un rugissement. Je me retrouve plaqué au sol, à essayer de me détacher de l'emprise de... Yuji ?!

Non, ce n'est pas lui : des tatouages lui parcourent le corps et le visage et son regard est loin d'être le même ! Ses iris brillent d'un éclat sauvage dans le noir.

La sensation oppressante revient à la charge, me donnant l'impression que mon coeur est compressé par tous les côtés. À grand peine, j'arrive à dire d'une voix étranglée (au sens propre) :

- T..toi ! Laisses son corps à Yuji ! ›› dans la pénombre, j'arrive à entrevoir un sourire carnassier se dessiner sur le visage de Sukuna.

- Crois tu seulement que tu as le droit de m'adresser la parole ?» fait le plus puissant des fléaux. Ses paroles résonnent douloureusement dans ma cage thoracique tandis que sa main se resserre autour de mon cou.

Je sais que s'il voulait vraiment me tuer, il l'aurait fait à l'instant même où j'ai posé la main sur la poignée... Ce n'est pas ce qu'il veut ? Alors... Qu'est-ce qui l'en empêche ? Yuji doit sûrement se battre pour reprendre le contrôle de son corps, cela doit être ça. L'oxygène commence à me manquer cruellement, je suis incapable de serrer complètement mon poing !

Tout à coup, la poigne féroce du fléau se détache de moi. Ce n'est qu'un très court instant, mais cela me permet de récupérer de l'air.

Luttant de toutes mes forces, je me redresse sur le sol pour faire face au visage possédé de Yuji. Je lui murmure :

- Yuji, tu n'es pas comme ça. Ne le laisse pas prendre le dessus, bats-toi ! Je suis là !» petit à petit, la main qu'il tenait crispée sur mon cou se détache avant de retomber complètement. Je peux enfin respirer !Il fait d'une voix cassée :

- Megu..Megumi ?

Je m'affaisse sur le parquet, haletant. En face de moi, Yuji, à nouveau normal, est assis par terre. Il lève son regard, vide de toute émotion. À peine a-t-il croisé le mien qu'il recule brusquement.

- Yuji ! Tu vas bien ?" je m'écrie. Dans la pénombre, je le vois reculer précipitamment malgré le fait d'être au sol. A force de me fuir, son dos finit par heurter le mur dans un petit bruit sourd. Le garçon aux cheveux roses replie ses jambes devant lui en se tenant la tête. Entre ses respirations saccadées, j'arrive à l'entendre murmurer :

- Non... Pas le noir, pas la douleur... Vas-t-en !" mais de quoi est-ce qu'il parle ? Il ne fait pas allusion au fait que c'est la nuit, j'en suis certain. Mais alors quoi ? Qu'est-ce que je pourrais faire pour le calmer ?

Soudain, une idée (bien qu'un peu bancale) fait place dans mon esprit. Je m'approche doucement de lui, une main tendue pour lui caresser le visage :

- Hey,  le noir c'est la couleur de la douleur, c'est ça ? Alors... Regarde-moi, quelle est la couleur du calme ?" il me dévisage, les yeux embués. Je le prends dans mes bras, il se débat. Je sens Sukuna qui commence à reprendre progressivement le contrôle sur son corps. Néanmoins, je l'entends me répondre d'une voix cassée :

- Le...le vert..." j'écarquille les yeux : dans son état, je n'aurais pas pensé qu'il me répondrait ! Je commence à tracer des cercles invisibles dans son dos. Subitement, je sens ses ongles se planter dans mon dos. Il est en train de décrocher ! Je ne peux pas laisser Sukuna le posséder à  nouveau ! Il en est tout à fait hors de question ! J'enchaîne donc :

- Et celle de la tristesse ?" cette fois, Yuji prend plus de temps à retrouver son calme. Au bout de quelque secondes, ses doigts se détendent et il me répond :

- Le...mauve."

- La joie ?

- Le jaune..." je sens mon ami se détendre contre moi. Il y a un petit moment de silence. Enfin, avec hésitation, je lui pose une dernière question en murmurant :

- Et celle de l'amour ?" j'ai la sensation qu'il ne va pas me répondre... J'ai été indiscret ? Les rideaux immaculés s'agitent dans la brise de minuit par la fenêtre grande ouverte.

- Le bleu..." Yuji laisse sa tête reposer dans mon cou. Sa respiration ralentit, je sens les battements de son coeur se calmer. Il s'est endormi... Je caresse doucement ses cheveux duveteux, j'espère qu'il ne fera aucun cauchemar, il mérite bien mieux que cela.

Je le repose sur son lit, le recouvre de son drap avant de sortir silencieusement de sa chambre.

Je dirais que ma couleur de l'amour est le rose... Un rose pâle très léger, comme celui des nuages au coucher du soleil...


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ET VOILAAAAAAAA !!!!!!! TERMINEEEEEEEE !!!!!!!

N'hésitez pas à me donner votre avis !

JAANE ! ( à plus en japonais ;) )

Si tu lis cette lettre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant