Chapitre 23 : Les Flammes de la Saint-Valentin (deuxième partie)

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La Grande Salle était en pleine ébullition. Les lettres d'amour circulaient entre les tables et tombaient entre les mains des élèves les plus âgés. Hazel, tout en prenant place à la table des Gryffondor, jeta un regard à la table des professeurs. Le professeur Jekyll avait revêtu une superbe robe pour l'occasion et ne cessait de tripoter sa maudite parure rougeoyante. Flitwick, qui avait lissé sa moustache et gominé ses cheveux, jouait les chevaliers servants en lui versant un verre de vin ; Brûlepot, habillé d'un très élégant costume, avait poli son crochet et découpait le poulet de Jekyll avec application. McGonagall observait la scène d'un air oscillant entre surprise et profonde consternation.

Hazel reporta son attention sur Bill lui faisant face : l'aîné des frères Weasley était entouré par une montagne de lettres violettes et roses exhalant un parfum délicat. Son assiette débordait de petits chocolats en forme de cœurs, de petits angelots et de petites fleurs.

- Du courrier, frangin ? s'enquit Charlie d'un ton moqueur en croquant un morceau de pain.

Son frère aîné rosit, ce qui fit ressortir le fin semis de taches de son piquetant ses joues.

- Pas tant que ça, répondit Bill d'un ton qu'il espérait dégagé.

Il contemplait cette débauche de déclarations enflammées d'un œil ébahi, ne sachant pas par quelle missive commencer, ni quelle attitude adopter. En dépit de son jeune âge, Bill faisait partie des élèves les plus populaires de l'école. Un seul élève de troisième année pouvait prétendre à ces attentions énamourées, habituellement réservées aux élèves les plus anciens : l'arrogant Phœbus Selwyn, le brillant attrapeur des Serdaigle. D'ailleurs, celui-ci croulait lui aussi sous les lettres et les ouvrait avant de les passer à ses amis hilares. Contrairement à Bill, il se plaisait à se moquer des sentiments de ses prétendantes et prétendants.

- Que veux-tu, reprit son petit frère, Mam' dit toujours que tu es le plus beau de ses fils ; moi, je ressemble à la tante Mildred.

- T'inquiète frangin, toi aussi, tu auras droit à ton petit succès... c'est dans les gènes Weasley !

- Pouah, répliqua son cadet en plantant sa fourchette dans sa côte de bœuf, je préfère les dragons !

Tout d'un coup, comme pour confirmer les dires de Bill, une petite carte en forme de cœur vola jusqu'à eux et tomba dans le verre de Charlie. Le quatuor se pencha pour l'examiner. La carte se déplia, prenant la forme d'un petit dragon. La créature battit de ses ailes en papier et s'éleva dans les airs avant de se poser face à un Charlie coi de stupeur.

- Ta dulcinée connaît tes passions, chuchota Jonathan.

Le petit dragon s'ébroua et s'approcha en dodelinant sur ses petites pattes. Il se posa sur son arrière-train et cracha une petite flamme, répandant une nuée de petits cœurs rouges sur la nappe.

- Bonne Saint-Valentin, fit Bill en commençant à ouvrir son courrier.

Hazel se tourna vers la Grande Salle, dévorée par la curiosité, espérant dénicher l'admiratrice ou l'admirateur secret de son ami. Qui pouvait bien être l'expéditeur de cette délicate missive ? Quelqu'un qui connaissait la passion de Charlie pour les dragons... Peu préoccupés par ces questions, Charlie et Jonathan s'amusaient avec le petit dragon en papier et lui envoyaient des boulettes de pain qu'il gobait avec avidité. Le regard de Hazel sonda chaque tablée, mais ne vit aucun élève observer leur petit groupe pour guetter la réaction de Charlie face à cet envoi. Le mystère en resterait probablement là, songea Hazel avant de s'en retourner à son repas.

En début d'après-midi, les élèves regagnèrent leurs salles de classe. Les premières années de Gryffondor se rendirent devant la salle du professeur Jekyll. Mis à part Charlie, fier de son petit dragon qu'il montrait à ses camarades, nul n'avait reçu de présents pour la Saint-Valentin et tous se moquaient des élèves plus âgés se livrant à ce petit jeu de l'amour fleurissant. Jonathan prenait les paris concernant les professeurs Brûlepot et Fltiwick : lequel des deux allait finalement s'attirer les faveurs de Jekyll ? Sofia pariait sur Flitwick, la majorité misaient sur aucun des deux rivaux. Judy, malicieuse, proposa d'inclure le professeur Rogue dans leur pari. Tout en mêlant son rire à celui de ses camarades se demandant si le sinistre professeur avait reçu une carte de Saint-Valentin, Hazel s'interrogeait sur son absence lors du déjeuner.

L'Ecrin des illusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant