Chapitre 24 : Reflets du futur

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De retour à la salle commune, Hazel se retrouva happée par le flot de questions posées par ses camarades. Ils l'entraînèrent jusqu'à la cheminée où Charlie, perché sur un fauteuil, racontait leur aventure à grand renfort de gestes et de mimiques horrifiées. Jonathan et Sofia participaient à ce récit en y apportant quelques précisions. Hazel esquissa un sourire amusé à la vue de ses amis qui se retrouvaient, bien malgré eux, le centre de l'attention générale.

- Il paraît que McGo' a été impressionnée par ton sortilège d'agrandissement, déclara Bill en lui donnant un coup de coude amical.

- Je n'aurais jamais réussi sans l'aide de mes amis, confia la jeune sorcière d'un ton éteint.

L'aîné des Weasley lui décrocha un regard inquiet. Son instinct de grand frère lui disait que quelque chose troublait la jeune fille. Il se pencha vers elle et lui chuchota avec gentillesse :

- Si tu as un problème, tu peux nous en parler... C'est à propos de ta punition ? Tu as pris plus cher que les autres ? Ou alors, c'est Rogue... Selon Charlie, il faisait le pied de grue devant le bureau de Dumbledore et avait un air encore plus terrifiant que d'habitude.

Hazel se mordit les lèvres pour ne pas fondre en sanglots colériques. Les mots du maître des potions lui brûlaient encore le cœur et l'esprit. Elle porta la main à sa poitrine, elle pouvait presque sentir palpiter le petit fil rouge sous l'effet de sa tristesse et de sa rage. Elle replia ses doigts contre son cœur, le petit fil invisible se noua autour de ses doigts tremblants. Elle était rassurée de voir que ce fil était encore là, bien présent en dépit de sa faiblesse. Ce lien faisait tout de même partie d'elle !

Elle rassura son camarade et prétextant la fatigue, s'éclipsa dans le couloir conduisant aux salles de bain. Elle se lava en vitesse et se rendit dans son dortoir. Une fois vêtue de son pyjama, elle se glissa dans ses draps et observa à loisir, le petit rubis retrouvé sur Violet. Elle ouvrit le tiroir de sa table de chevet, en tira l'écrin et le déposa sur le couvercle ; comme elle s'y attendait, rien ne se produisit. Sans le bijou complet, le coffret, objet de tant de convoitises, resterait clos. Elle rangea le coffret et le rubis dans le collant qu'elle dissimula dans le tiroir, sous des chaussettes et d'autres bricoles sans importance. Elle ramena la couverture sur sa tête, se recroquevilla sur elle-même, ses bras serrant la Chose qui avait perdu son parfum de noisette.

Une odeur de rose vint lui chatouiller les narines. Agacée par cet entêtant parfum, Hazel ouvrit les yeux. Elle se trouvait à présent dans les grands escaliers de l'école. Elle baissa la tête et constata qu'elle portait une tenue qu'elle ne connaissait pas : une ample jupe dotée de multiples poches, un pull élimé et son manteau devenu plus grand et râpeux. Elle tendit ses mains devant elle, des mains qui, tout en étant toujours aussi potelées, lui paraissaient plus grandes. Elle avait, cette fois-ci, tous ses doigts et découvrit que même devenue adulte, elle se rongeait toujours les ongles, ses pauvres ongles malpropres et tachés. Quelques entailles et croûtes marquaient sa peau, à croire qu'elle prenait fort peu soin d'elle ! Elle ramena sa tresse mal coiffée sur son épaule droite et se mit à contempler les alentours : l'ambiance de ce Poudlard-ci lui semblait beaucoup moins mortifère que sa précédente vision ! Les tableaux ornant les murs étaient décorés de branches de houx et les personnages allaient et venaient entre les différentes peintures en un joyeux désordre.

Des voix se firent entendre, Hazel s'écarta pour laisser passer un trio de jeunes sorciers qui semblaient avoir le même âge que ses amis et elle. Le grand dadais aux cheveux roux lui rappelait Bill et elle devina très rapidement, à la vue de sa flamboyante chevelure et de ses grands pieds, qu'elle se trouvait en présence d'un Weasley. D'ailleurs, il semblait partager avec Charlie, un goût certain pour la nourriture servie à l'école, car il se pourléchait les babines en vantant l'onctuosité de la tarte à la mélasse servie au cours du dîner. Ses deux camarades, une demoiselle aux cheveux ébouriffés et un frêle garçon aux cheveux noirs en bataille, échangèrent un regard amusé. Le garçon s'immobilisa et pivota sur ses talons. Il était si près de Hazel qu'elle put contempler ses traits avec attention. Elle fut troublée par la couleur de ses yeux, pareille à la sienne ! Il se mit à renifler dans les airs, à la recherche d'une odeur, finit par secouer la tête et rejoignit ses amis qui l'attendaient quelques marches plus loin. Hazel fut tentée de les suivre afin d'en apprendre davantage sur eux, lorsqu'elle entendit la demoiselle évoquer le devoir donné le matin même par Rogue. Un devoir particulièrement difficile, à en croire les plaintes de la jeune élève de Gryffondor.

L'Ecrin des illusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant