Une fois sortis de Ste Mangouste, Rogue et Hazel utilisèrent à nouveau le Portoloin. À la grande stupeur de la jeune sorcière, ils se retrouvèrent dans un parc désert, surplombant une bien triste ville, écrasée par une brume poissarde. Hazel reconnut alors Carbones-les-Mines et ses bâtisses désolées, dominées par l'usine de briques rouges vomissant d'épaisses fumées noires. Elle suivit le maître des potions sans émettre la moindre question ou contestation. Ils longèrent un fleuve boueux crachant de nombreux détritus et des cadavres de poissons à moitié rongés par la corrosion. Ils s'engagèrent dans une rue aux boutiques vieillottes, n'invitant guère à la flânerie. Hazel fut saisie par l'écœurante odeur, une odeur de vieille moutarde toxique, empoisonnant les airs. Elle remonta le col de sa robe contre son nez et jeta un rapide coup d'œil aux magasins, tenus par des vendeurs aux visages hâves et maladifs, l'encerclant de toutes parts. Un serveur, les mains et la figure couvertes de pustules balayait la terrasse d'un minable tripot désert ; une frêle fleuriste arrangeait trois pauvres roses décharnées dans sa vitrine et une libraire revêche se faisait les ongles de pied dans sa boutique où seulement une dizaine de livres jaunis se battaient sur une étagère branlante. Quand la jeune sorcière passa devant la petite boutique sordide, la vieille femme lui décocha un regard mesquin qui la fit frémir. Se sentant de plus en plus oppressée par l'atmosphère mortifère de la ville agonisante, Hazel espérait que leur destination soit un peu plus enjouée que ce paysage industriel !
Malheureusement, Rogue tourna dans une ruelle délabrée portant le triste nom de Boulevard Noir, comme l'indiquait une vieille pancarte en fer à moitié arrachée. Ils passèrent devant une scierie à l'abandon. Un chat famélique jaillit d'une poubelle renversée et traversa devant eux, une arête à la gueule. Hazel accéléra le pas et se rapprocha de Rogue. Ce dernier, un brin moqueur, se contenta d'un rictus fort déplaisant avant de s'arrêter devant un pub miteux, aux vitres enduites de crasse. Hazel se tordit le cou pour tenter de déchiffrer le nom du tripot sur une enseigne branlante, représentant un batelier squelettique, suspendue au-dessus de la porte et livrée aux caprices de la météo. Elle parvint à déchiffrer les lettres composant un simple mot : Léthé.
Rogue poussa la porte en faisant tinter une petite clochette discordante. Le propriétaire des lieux, leur tournait le dos et essuyait des tasses ébréchées à l'aide d'un torchon à la propreté douteuse.
- C'est fermé, bougonna-t-il d'une voix fort peu amène.
- Le service laisse toujours autant à désirer, répliqua Rogue sur le même ton.
Le tenancier se retourna vers eux, un sourire édenté se dessina sur sa face de Pierrot Lunaire défraîchi. Il se pencha au-dessus du comptoir maculé de taches graisseuses, écarta un cendrier débordant de mégots et découvrit une Hazel intimidée.
- Qu'est-ce que tu amènes donc au vieux Coleridge ? Elle est bien trop âgée pour être à toi !
Il piocha une cacahuète dans une assiette posée près de sa main et l'engloutit d'une bouchée avant de s'appuyer sur ses deux coudes.
- Elle me rappelle un peu ta copine, tu sais la rouquine, mais en moins...
- Evans, le coupa Rogue lui épargnant ainsi l'inévitable comparaison avec Lily, est une élève de Poudlard.
Le vieux bonhomme jeta un regard à la porte et sa voix s'abaissa de plusieurs octaves :
- Tu sais que nous risquons d'avoir de gros ennuis si un policier moldu voit cette mouflette ici... T'avais qu'à l'amener à L'Impasse du Tisseur !
- Cet incapable de Cornelius Fudge sera ministre de la Magie, le jour où j'inviterais cette fouineuse chez moi ! rétorqua Rogue avant de s'asseoir à l'une des tables.
![](https://img.wattpad.com/cover/235057508-288-k206942.jpg)
VOUS LISEZ
L'Ecrin des illusions
Fanfiction" La fillette se rappela alors qu'elle était un pion et qu'il serait bientôt temps de se déplacer." De l'autre côté du miroir, Lewis Carroll Le jour du mariage de son père, la jeune Hazel Evans découvre l'existence de Poudlard et de la magie. Éme...