Entre les Ailes du Chaos

[X]

Elle a grandi.

Oh ça oui, elle a bien grandi.

La petite lueur s'est développée en une merveilleuse et majestueuse âme éblouissante.

Mon âme.

Ses cheveux. Ils lui arrivaient un peu en dessous des épaules. Tels des vagues de lumière. Aussi dorées que les rayons du soleil.

Elle illuminait tout.

Aujourd'hui, ses cheveux vont jusqu'au trois tiers de son dos. Ce n'est pas une surprise. Non. C'est même très logique. Je m'y attendais. Elle déteste ça. Les cheveux.

C'est paradoxal, oui. Mais c'est comme ça qu'elle est. Comme ça que sa psychologie fonctionne. Elle adore ses cheveux, mais elle ne peut pas les couper. Oh non, ça, elle ne peut pas.

C'est une peur primaire chez elle. Un démon qui se tapit au plus profond de sa psyché. Et qui l'envahit dès qu'une paire de ciseaux approche...

Là, quelque chose en elle se brise.

Tous ses piliers mentaux s'effondrent.

Plus que de flancher, elle se noie.

Je la connais. Je la connais très bien, mon âme. Elle est la Lumière de ma Vie, la Perfection, mais même la Perfection peut avoir son côté sombre... Son passé noir... Sa peur primaire...

Il faut que je la retrouve. Il faut que je la retrouve. Il faut que je la retrouve. Seul moi la connait. Seul moi peut l'aider. Seul moi peut la sortir de la noyade dans laquelle elle s'enfonce.

Parce que je connais cette noyade. Je connais cette folie. Je connais son passé. J'y étais. Je l'ai vécu. C'était moi. À ses côtés, c'était moi.

Personne d'autre.

Personne d'autre n'était prêt de mon âme.

C'était moi. Il faut que je la retrouve. Il faut que je la retrouve. C'était moi. Il faut que je la retrouve. C'était moi. C'était moi. C'était moi. C'était...

Stop !

Je ne dois pas vriller. Je ne dois pas. Je dois garder ma tête. Pour récupérer mon âme. Je dois garder les pieds sur terre. Et ma tête toute entière.

Et pour ça, je dois me la remémorer. Me remémorer ce qu'elle est devenue. Sa chevelure. Plus longue. Plus lumineuse aussi.

Plus lumineuse que jamais.

Plus rien ne peut la comparer à un rayon de soleil. Non. Oh non. Elle est plus que ça maintenant. Bien plus.

Elle est La Lumière.

La Lumière du Soleil, la Lumière de la Terre, la Lumière des Astres, la Lumière de l'Univers.

Et ses yeux. L'un d'un vert saisissant, comme des plantes fluorescentes. L'autre... L'autre était caché. Le plus beau de tous. Elle le cache. Sous une lentille verte. Pour faire croire qu'elle est comme tout le monde. Avec un œil plus brillant, plus saisissant, qui éclaire la nuit... Et l'autre. Un œil normal. Quelconque. Banal.

Mais c'est faux. C'est faux. C'est putain de faux, moi, je le sais, je l'ai vu, son œil. C'est putain de faux. Elle cache le vrai. Le divin. L'au-delà. Le surnaturel. Et je sais pourquoi. Putain je sais. Et ça me met en rage. Oh ça oui, une rage bestiale. J'ai envie de tout casser.

Et je casse tout. Ah ça oui. Il fallait s'y attendre. Mon appart ne ressemble plus à rien. Avec la vaisselle qui jonche le sol comme des os qu'on a brisé. Les marques sur le mur et mes poings ensanglantés. La petite table en verre, explosé, sans parler des couteaux aux lames fragmentées...

Elle a peur du regard des autres. Elle a peur que les autres jugent son apparence. Et ses parents. Ses putains de parents ! Ce sont eux, putain... Depuis toujours, ce sont eux ! Ils lui mettent cette lentille. La force à cacher cette particularité qui la rend unique, divine !

Il faut que je la retrouve. Il faut que je la retrouve. Il faut que je la retrouve.

Putain ! La première fois que je lui ai dit ! La première fois qu'elle s'est regardée dans un miroir ! Je ne sais pas comment elles ont su... Ça doit être Elle... Elle savait à quoi elle ressemblait... Évidemment ! Évidemment qu'Elle savait ! Elle lui a retiré la lentille, ce qui a fait que je l'ai vu, que je l'ai dit à Lily, qu'elle s'est regardée dans un miroir, et qu'elle a vu le putain de mensonge de ses yeux !

Et là. Et là. Elle les cache. Encore. Toujours. Elle cache sa magnificence. Putain ! Je me demande ce que ses parents lui ont dit... Des mensonges... Ils ont rajouté une couche sur le tas de peur qu'elle avait déjà en elle, j'en suis certain !

Putain !

Est-ce que c'est le pire ?

Oui.
Non.
Oui.
Non.
...

Ses yeux. Les mêmes. Les mêmes qu'autrefois. Mais l'ignorance qui y résidait autrefois est remplacée par les ombres. Et alors qu'avant, elle gardait espoir grâce à moi...

Moi.
Moi à ses côtés.
Toujours à ses côtés.
Moi.

Maintenant.
Maintenant, son espoir.
Son espoir ne vient pas de moi.

Non.
Non.
Elle doit penser que je ne suis plus là.
Que je suis mort.
Parti en sang, comme elles.
Ou alors, elle m'a oublié.
Ça peut se comprendre.
Avec le traumatisme qu'elle a vécu.
Ça peut se comprendre.

Mais lui...
Il ose être son espoir ?
Il ose être son espoir ?
Il ose être son espoir ?

Je suis son espoir !
C'est moi ! Je la connais ! Je la connais mieux que lui ! Je suis son espoir ! Pas lui ! Moi ! Il n'a pas le droit ! Il n'a pas le droit ! Il n'a pas le droit ! Il n'a pas le droit !

Je vais lui rompre le cou !
Je vais lui rompre le cou à ce putain de serpent !

C'est mon âme !
Ma Lily !

Mon âme !

Sans elle, je ne suis pas complet. Il me manquerait mon âme. Je ne suis pas complet. Je suis une moitié. Une moitié de quelque chose. Et elle, mon autre moitié. L'autre moitié d'un moi complet. D'un nous complet.

Je ne peux pas vivre sans elle.
Parce qu'elle est mon âme.
Et elle ne peut vivre sans moi.
Parce que je suis son esprit.

L'esprit qui la maintient hors de la folie des émotions que représentent son âme.

Je suis aussi le corps. Le corps qui la protège.
Et elle, le cœur. Le cœur qui bat.

Le cœur qui bat en symbiose pour nous deux.

Le cœur qui nous garde en vie par ses battements incessants !

Âme, esprit, corps et cœur.

Et ce serpent pense rivaliser ?

J'ai un rire jaune à cette simple pensée.

Rire qui fait imploser l'une de mes fenêtres.