9. Jeter l'ancre

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Happy Deadly Waves Day <3

: Too good at Goodbyes - Sam Smith

"I'm never gonna let you close to me/ Even though you mean the most to me/ 'Cause every time I open up, it hurts. "

09. Jeter l'ancre

Suki Riviera,
University San Juan, présent.

Les journées se ressemblent, la fatigue due à  mes nuits courtes commence à se faire ressentir sur mon organisme.

J'ouvre la petite boîte d'objets miniatures et en sors le dernier rouge à lèvre que m'a offert Gloria. Je les collectionne mais je les utilise également de temps en temps. Celui-ci est d'une teinte nude parfaite pour s'assortir au fard de mes paupières. Après une dernière vérification dans le miroir, je souris pour vérifier qu'il ne sonne pas faux quand je l'utiliserai.

Vérification terminée.

Mon sourire se fane aussitôt, je prends une grande inspiration et me lève, prête pour rejoindre ma prochaine heure de cours.

Les pieds qui trainent au sol, je me dirige vers ma salle de cours. Aujourd'hui Gloria n'est pas là, sa mère est venue lui rendre visite donc elle s'octroie une journée de repos pour profiter avec elle. Et bizarrement l'idée d'affronter seule cette journée de cours m'enchante peu. J'ai l'impression d'être à fleur de peau, que les couloirs se referment sur moi, que le son des autres étudiants présents ici m'étouffe et fait grandir cette boule avec laquelle je cohabite chaque jour depuis des années.

Tu as dépassé ça Suki, c'est dans ta tête. Tout est dans ta tête, pas dans ton ventre.

J'arrive enfin devant la salle de classe. Ma respiration sous contrôle, je pénètre dans le lieu sans un regard pour mes camarades déjà installés, me faire des amis n'a jamais été mon fort et ne le sera jamais. C'est peut-être pour ça que je déteste l'école, car l'enfant solitaire en moi a toujours envié ces groupes d'amis dans lesquels j'avais l'impression que je n'aurais jamais ma place. Ce sentiment d'être le vilain petit canard parmi les beaux cygnes. J'aime ma solitude comme je la déteste surtout dans ce genre d'endroit où être solitaire est signe de faiblesse.

« Va à l'école, fais-toi des amis et ça ira » qui n'a jamais entendu cette phrase.

Je m'assois, la place à mes côtés est vide.

C'est dans ta tête Suki... Tout est dans ta tête... c'est ce qu'elle me répétait.

Pourtant ce jour-là, ce qui se passait dans ma tête m'a donné envie de mourir.

De retour dans ces couloirs beiges angoissants, je tourne sur ma droite pour rejoindre les escaliers qui mènent à l'étage où se trouvent les salles de mathématiques. Inspire, expire est devenu un mantra quand je suis dans cet établissement. Je pourrais sécher, je pourrais m'enfuir loin de tout ça mais mes dernières absences répétées ont déjà alerté le directeur...

Prisonnière de ces murs oppressants, voilà ce que je suis.

Les battements de mon cœur s'intensifient au fur et à mesure que je monte les marches. Je déteste les cours, je déteste cet étage plus que les autres. Ou alors c'est juste mon esprit défectueux qui me fait penser ainsi à chaque pas qui m'enfonce davantage dans cet enfer.

Je n'ai pas vraiment d'amis ici, de toute façon, je n'arrive plus à m'en faire. Je suis enfin devant la salle de classe, l'hésitation s'empare de moi en même temps que la terreur qui pulse dans mes veines.

L'air commence à me manquer, ma poitrine n'est plus qu'un nœud qui se serre de plus en plus jusqu'à me couper de tout oxygène.

Je rentre dans la salle de classe, l'odeur boisée des meubles se répand dans mes narines. Les yeux fixés sur mes tennis blanches, je m'avance la poitrine lourde vers une chaise libre.

Deadly WavesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant