Deadly Waves

Prologue

À tous ceux dont l'amour vous a noyé de chagrin.
Je dédie ce roman à toutes celles (et ceux) qui ont peur d'aimer.

00. Prologue

Les cœurs de pierre sont parfois les plus émotifs.
Les cœurs de pierre sont parfois ceux qui ont déjà trop donné.
Les cœurs de pierre sont parfois explosifs.
Avant d'être engloutis par les vagues salées.

Un tsunami est dévastateur, mais il est encore pire quand il emporte une part de votre âme dans sa vague agressive et mortelle.
Enfant, vous n'avez jamais été noyé malencontreusement sous ces vagues en bord de plage ? Peinant à remonter à la surface ? Espérant qu'on vous vienne en aide, qu'on entende votre détresse ?
Vous vous asphyxiez, elles brouillaient votre vue, arrachaient votre souffle. Puis finalement, elles vous relâchent, du moins, vous vous êtes battus assez fort pour en ressortir vivant.

Suki Riviera était une âme agonisante sous les vagues et elle a survécu, tout en gardant sa noyade secrète.

Suki Riviera,
Sur les vagues, 10PM.

La gorge nouée de cordes serrées et incassables, je lui tourne le dos. La tête haute, sans lui montrer une once de regret tandis que mon cœur coule à flot dans ma poitrine. 

Pardonne-moi... Pitié pardonne-moi.

J'attrape la main du Capitaine Fierce et grimpe sur son bateau. Les vagues sont agitées ce soir, le navire tangue sous mes pieds et me donne étrangement la nausée. Je n'ai jamais eu le mal de mer pourtant. Il faut croire que c'est mon âme secouée qui me rend malade.

- Va t'en ! Tu as raison, continues de fuir Suki. C'est ce que tu sais faire de mieux. Crache-t-il dans mon dos. Abandonné sur le quai. Démuni et seul, un pirate naufragé.

Les vagues claquent, le vent se lève davantage, la pluie commence à tomber du ciel et j'espère que la tonnerre se mette à gronder pour ne plus entendre le timbre agonisant de sa voix. Sa voix qui me lance des lames, violentes et douloureuses.

- Tu es bien digne d'être une pirate Suki. La trahison, la fourberie, tu as ça dans les veines. Me souffle celui qui cause mes maux.

La haine dans mon regard est la seule réponse qu'il obtient. Le navire s'éloigne, j'ose un dernier regard vers lui.

Pardonne-moi, je t'en supplie...

Il est à genoux sur le sol, brisé et immobile. J'apporte une main à ma bouche pour empêcher un sanglot de déchirer l'air. Je ne fais même plus attention à la mer qui se déchaine et m'éclabousse de sa saumure.

À nouveau, mon cœur se fait engloutir d'un tsunami violent, emportant avec lui les battements qui le rendaient vivant et faisaient de lui un trésor précieux.

Un trésor pour lui.