23. Mémoire de la mer

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TW : mommy issues

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: Look after you - The fray

" It's always have and never hold, you've begun to feel like home, yeah."

23. Mémoire de la mer

Suki Riviera,
Présent, Université San Juan.


Je suis de retour dans ma chambre, elle est vide.

Pas au sens propre, il reste mes affaires. Juste mes affaires. Un simple mot est déposé sur mon bureau.

« Je m'installe sur l'Arrache Cœur, il est temps de se rendre à l'évidence : rester ici n'a plus d'intérêt pour moi. J'espère t'y voir ce soir. - G »

Je froisse le papier entre mes doigts et le jette dans la mini poubelle adjacente au bureau. Quand cesserai-je d'avoir la poitrine douloureuse en pensant à ma meilleure amie ?

Les souvenirs frappent ma mémoire comme un rappel de mon incapacité à lui en vouloir...





Suki Riviera, 15 ans

Trois semaines que le lycée a commencé, trois semaines que je marche dans ce lycée en traînant la boule d'angoisse accrochée à mon pied, comme un vieux fléau dont on ne peut pas se débarrasser.

Les épaules voûtées vers le bas, je porte le fardeau de cette émotion oppressante, elle m'enferme dans un monde où le reste ne compte pas.

Juste moi et cette phobie.

Je m'assois à ma place habituelle, au fond de la classe, près de la fenêtre. Un lion en cage qui admire sa liberté, les yeux embués de larmes.

J'en ai marre de pleurer.

- Salut, moi c'est Gloria ! Je peux m'asseoir ?

Je n'ai pas le temps de donner mon accord que ses affaires sont déjà étalées sur la table. Je n'y prête pas attention et reporte mon regard vers la vitre. Je ne sais pas si cette fille est nouvelle ou non, dans tous les cas ça m'importe peu.

- Tu es triste ? Parce que tu sembles l'être. Conclu-t-elle dans mon dos.

Je me tourne et l'observe. Cette fille a une peau brune parsemée de légers grains de beauté, des cheveux coiffés en deux longues tresses, décorés de bijoux argentés. Elle fait plus vieille que son âge, surement à cause de son style très prononcé parmi cette horde de lycéens encore à la recherche de leur identité.

- Tu manges avec moi ce midi ? J'ai fait trop de pâtes au pesto pour une seule personne.

Son sourire est solaire, il me brûle l'épiderme de manière agréable. Étrangement, quand je la regarde ça me paraît plus facile.

Elle me donne l'impression que sourire est bien plus aisé que de se laisser emporter dans une dépression destructive. Ses yeux d'un marron aux reflets cobaltes, à travers lesquels frémit une éternelle chaleur, me réconfortent.

Son rictus est infini, empli d'espoir, il y a une évidence à l'intérieur.

Comme si le destin me tendait la main dans ma chute. Il ne m'empêchera pas de tomber, il ne me sauvera pas, mais il me donnera l'opportunité de vouloir essayer de la tenir.

Gloria est peut-être mon destin.

Fin du Flashback


Et pendant la pause du midi, je me souviens des premiers rires que j'ai laissé échapper. Elle n'empêchait pas mes crises d'angoisses, elle ne me guérissait pas de cette peur et de ce sentiment d'oppression qui m'étouffait. Néanmoins, elle arrivait à détourner mon attention, et elle m'a donné le courage de résister.

Deadly WavesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant