Connexion Étoilée

39. Tropopause

KAMARIA

tropopause
nom féminin
Limite supérieure de la troposphère, la couche atmosphérique la plus basse de la Terre où se produit la plupart des phénomènes météorologiques ; c'est une zone de transition entre la troposphère et la stratosphère.

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Vivre dans cet immense appartement est un soulagement total. Je n'ai plus à être réveillée tard la nuit par les voisins d'à côté, à entendre les pattes du chien de l'étage traîner sur le sol, ou à me soucier de mon espace personnel. Je me sens tellement plus libre ici que je ne l'ai été depuis des années.

C'est comme retrouver la tranquillité de ma maison d'autrefois, avec ce sentiment de paix en ayant un endroit rien que pour moi, où je peux exprimer mon esprit exactement comme je le souhaite.

Ça fait seulement quatre jours que je suis ici, mais j'ai déjà l'impression d'être à ma place, bien plus qu'à Londres. J'aime la grandeur et l'ambiance de la capitale, mais il est vrai que je me suis souvent sentie perdue et étouffée là-bas. Londres est une ville incroyable, mais lorsque l'on est seul pour en profiter, ça a une saveur différente. Amère.

Je reste longtemps allongée sur le matelas de mon lit, à fixer le plafond. Une partie de moi voudrait recréer mon enfance en y collant des étoiles fluorescentes, mais je doute que ça plaise à Dahl. Je ne dois pas oublier que cet arrangement entre nous ne dure qu'un an et qu'une fois cette période écoulée, nous reprendrons chacun nos vies séparées.

Lui, restera ici, dans cet appartement magnifique, peut-être en y invitant sa petite amie.

Et moi ? Je devrai trouver un autre endroit où vivre, un endroit où je pourrai à nouveau me sentir chez moi.

Lâchant un soupir, je me tourne sur le côté et pose ma main contre mon cœur, là où je porte toujours mon collier en forme de lune. Je n'ai jamais voulu m'en séparer, trop attachée à ce qu'il représente. Pour moi, c'est le symbole de notre amitié, le dernier vestige de notre lien passé.

Toutes ces années loin de lui m'ont fait réaliser à quel point j'avais besoin de lui, combien il occupait une place immense dans mon cœur, et combien j'étais stupide d'avoir laissé filer ça entre mes doigts.

C'était pour le mieux, tenté-je de me rappeler. Je l'ai fait pour lui, pour son bonheur. Je l'ai fait parce que je ne voulais pas être un trou noir, dévorant toute la lumière émise par son astre. Dahl est une étoile, illuminant chaque recoin de l'univers. Cette boule noire que je devenais ne cessait de croître, engloutissant chaque source de lumière autour de moi. Je ne pouvais pas m'approcher de lui. Je ne pouvais pas lui faire subir ça.

Mais si je dois vivre un an avec lui, je dois au moins faire l'effort de ne plus être cette M87* à ses yeux. Je dois devenir une meilleure version de moi-même. Je n'avais jamais envisagé de changer jusqu'à aujourd'hui, alors peut-être que le moment est venu. J'ai déjà réussi à le faire lorsque Lina est arrivée ; petit à petit, j'ai réappris à vivre. Peut-être que cette année est l'occasion parfaite pour accomplir ce changement pleinement.

À cette pensée, je me redresse du lit et cache mon collier sous mon t-shirt avant de quitter ma chambre. L'appartement est si calme que je doute de la présence de Dahl, jusqu'à ce que j'entende sa voix provenant de sa chambre, juste en face de la mienne. Je m'arrête quelques secondes pour écouter le son de sa voix sans comprendre ce qu'il dit. Je pense qu'il est au téléphone avec quelqu'un.

Ce matin, il était sorti quand j'ai pris mon petit déjeuner et est rentré lorsque je me suis enfermée dans ma chambre pour lire ; je n'ai donc pas eu l'occasion de lui parler. C'est pourtant ce dont j'ai envie, mais je ne devrais pas. Malgré ses nombreuses invitations à diverses sorties ces derniers jours, je les ai toutes refusées en prétextant des excuses. J'ai dû supporter son visage triste à chaque fois et revoir cette expression me rend encore plus seule.