Mæve et moi nous trouvions dans un avion en direction de Portland, dans le Maine. Lorsque Jasper nous avait refilé les billets, nous nous attendions à trouver un jet privé sur le tarmac de l'aéroport. Il n'en était rien.
Nous avions eu la désagréable surprise de nous retrouver en pleine classe économique, écrasées contre des étrangers, nos oreilles agressées par les cris de mouflards piailleurs. Budget à sec, nous aurait répondu Jasper en haussant les épaules.
La sensation de sentir près de moi Dorian me collait encore à la peau, et je lâchai un soupir tremblant en y repensant. Comme pour couper le fil de mes pensées, l'annonce de l'atterrissage retentit. J'enclenchai ma ceinture comme mes voisins humains.
Alors que mon regard se perdait à-travers le hublot le plus proche, obnubilé par le mouvement des moteurs brûlants, je captais une nouvelle odeur. Plus acide, plus piquante, c'était celle de la peur. Une émotion qui enflait petit à petit, s'emparant de l'intérieur du fuselage.
Contrairement à mon voisin cramponné à ses accoudoirs, je me penchai en avant pour regarder les autres passagers. Certains récitaient des prières, préférant accueillir le potentiel crash de l'appareil en fermant les yeux, d'autres se donnaient la main, tandis que d'autres encore scrutaient la piste d'atterrissage avec terreur.
Malgré l'entrave de ma ceinture, je me retournai pour jeter un coup d'œil à Mæve. Son air soucieux et ses sourcils froncés m'indiquèrent une seule chose : je n'étais pas la seule à percevoir ce soudain changement d'atmosphère. Son regard croisa le mien, et je la vis me murmurer :
— Que se passe... ?
Un hurlement glaçant l'interrompit.
Nos têtes se tournèrent aussitôt en direction de l'avant de l'appareil, et la panique s'empara des passagers, se propageant vers l'arrière comme une traînée de poudre.
J'arrachai ma ceinture pour me libérer, sautai par-dessus les personnes assisses à mes côtés, et me retrouvai dans l'allée centrale sous les regards écarquillés. Mæve avait eu le même reflexe. Sans un mot, nous nous précipitâmes en direction du raffut, passant devant une hôtesse de l'air médusée, cramponnée au fauteuil qui lui était réservé.
— Mesdames ! Vous devez boucler votre ceinture lors de l'atterrissage ! Mesdames ! Non, pas par-là !
— Faites en sorte qu'une ambulance soit présente sur le tarmac ! lui indiquai-je seulement.
Sans attendre qu'elle s'empare d'une radio ou d'un truc pour communiquer avec la tour de contrôle, nous continuâmes notre course. Attirées par les bruits de lutte qui montaient crescendo, nous nous retrouvâmes jusqu'en première classe, là où le chaos avait lieu.
Mæve, sur mes talons, siffla :
— Vampires. Au moins trois.
Un seul coup d'œil nous suffit à jauger la situation. Les créatures furent facilement identifiables : trois hommes au centre de l'allée qui échangeaient des coups. La violence de leurs frappes était inouïe, leurs déplacements trop rapides, et leurs esquives bien trop vives pour qu'ils puissent être confondus avec des humains.
— Victor, merde ! hurla l'un d'eux en évitant de justesse d'être mordu. C'est quoi ton problème, mec ?!
— Attrape ses bras ! intervint l'autre.
— T'es marrant, il a pété les plombs ! Hé, mec !
Comme s'il avait soudain perçu notre présence, le fameux Victor pivota brusquement dans notre direction, et je fus saisie par son visage. Comme le vampire qui m'avait attaqué la veille, ses traits n'avaient plus aucune once d'humanité. Ses yeux rendus fous par la faim étaient sans cesse en mouvement. Il haletait bruyamment, ne pouvant s'empêcher de sortir la langue pour lécher le bas de son visage maculé de sang.
Durant cette seconde de répit, ses deux compères parvinrent à lui immobiliser les bras en grognant.
— Elle est en train de mourir, mec. (L'un deux le secoua, comme pour lui remettre les idées en place.) Oh, tu m'entends ?!
— Je m'en occupe, lança Mæve, consciente qu'une morsure de vampire pouvait me paralyser. Trouve sa victime.
— Ça marche, acquiesçai-je en m'élançant sur la droite pour contourner leur zone de conflit.
Ensuite, tout s'enchaîna trop vite.
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Entre ses griffes T2
ParanormalSon séjour dans les White Mountains, Dalaena s'en serait bien passé - surtout la rencontre avec son Alpha, Dorian Morff, à vrai dire. Désormais de retour chez elle, loin de l'horripilante et séduisante bête, reprendre le cours de sa vie aurait dû ê...