Chapitre 5 (2/2)

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Tout en gardant la tête baissée, je jetai un coup d'œil à la femme qui nous toisait d'un air méprisant. Hormis son regard sanglant et le brun de ses cheveux, elle n'avait rien à voir avec la duchesse digne de la Renaissance que je m'étais attendue à rencontrer.

Aujourd'hui, pas de précieuse robe de bal. Le changement de style était radical. Lilith avait l'air de sortir d'une soirée où des choses sexuelles et brutales étaient monnaie courante. Son corps sculptural était recouvert d'une combinaison en latex noir qui ne laissait pas de place à l'imagination, des bottes à talons d'une hauteur vertigineuse élançaient ses jambes fines. Ses cheveux lisses, tirés en une queue de cheval stricte, glissaient dans le creux de son dos comme une cascade.

— Relevez-vous, siffla-t-elle d'une voix glaciale et chaude à la fois. Vous n'avez pas toute la nuit, il faut mettre la main sur l'ignorant qui a osé me voler.

Le dernier mot avait été grogné, et je me relevai en désirant l'imiter de tout mon soûl. Je laissai Mæve prendre la parole, et me contentai de fixer Lilith en serrant les dents. J'avais envie de hurler, de planter mes crocs dans sa gorge et de quitter cet endroit de malheur au pas de course.

Mes oreilles entendaient la voix de mon amie, mais aucun des mots qu'elle prononça n'atteignit mon cerveau. Elle avait ma pleine confiance pour nous garder en vie.

Soudain, Lilith leva la main pour faire taire Mæve, qui obéit en inspirant brusquement. C'est ce soudain silence qui me fit revenir à moi. La maîtresse me fixait de son troublant regard en ne cachant pas sa répulsion. Ses lèvres maquillées d'un carmin éclatant tranchaient vivement avec la blancheur de ses canines incroyablement longues.

Lorsqu'elle se mit en mouvement, le corps ondulant sur ses talons aiguilles, je me mordis l'intérieur des joues pour rester immobile. Pour ne rien faire de stupide. Pour ne pas me mettre une armée de vampire à dos, créer des problèmes à la Guilde.

Mæve me donna un coup de coude dans les côtes, et je m'obligeai à baisser les yeux sur le sol en marbre. Et à attendre. Jusqu'à ce que la pointe de ses Louboutin entre dans mon champ de vision, et qu'un ongle orné d'un rubis ne s'enfonce dans ma peau pour me relever de force le menton.

Je bouillonnai. L'envie d'enserrer son poignet pour lui faire une clé de bras me démangeait. Pourtant, avec un calme olympien, je repliai mes doigts le long de mon corps, et plongeai les yeux dans les siens.

De près, le visage de Lilith était encore plus terrifiant. Elle était d'une beauté incroyable, mais froide et inatteignable. Inaccessible par son rang, son idée de supériorité par rapport aux autres suait par chacun de ses pores. Elle me donnait envie de vomir.

Puis elle ouvrit ses lèvres parfaitement maquillées, et mes envies de meurtres furent décuplées :

— Qui a laissé entrer le chien ? J'ai commis l'erreur d'être trop laxiste, vis-à-vis d'eux, et voilà où nous en sommes. Certains de mes vampires forniquent avec les gens de ton espèce, c'est abject. L'un d'eux est le coupable, cela ne fait aucun doute.

— Pourquoi pensez-vous que c'est un métamorphe qui a fait le coup ? persiflai-je en reculant le visage pour me défaire de sa prise.

À mes côtés, Mæve gémit et je l'entendis excuser mon comportement :

— Je suis navrée, maîtresse Lilith, je vous prie de bien vouloir nous pardonner. Dalaena ignore la hauteur de l'affront qu'elle commet. Loin d'elle l'idée de vous offenser. Elle est... rude, mais elle fait partie des meilleurs agents de la Guilde. Nous retrouverons votre collier, je m'y engage. Mais pour cela, nous aurions besoin d'obtenir la liste des personnes présentes au moment où le vol a eu lieu.

Entre ses griffes T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant