Chapitre 2 (2/3)

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Le haut du crâne de Jasper commençait à se dégarnir, et de plus en plus de cheveux blancs se mêlaient à ses boucles blondes. Il se rasait seulement quand il y pensait, et une barbe de trois jours ornait ses joues. C'était un humain qui avait bossé comme un flic lambda durant toute sa vie, et qui s'était retrouvé propulsé à la tête de la Guilde quand celle-ci avait été créée pour subvenir aux besoins de la communauté surnaturelle. Au fil du temps, il avait appris à s'entourer de membres aux capacités particulières, à ne plus nous craindre, à nous pousser plus loin, et à nous passer un savon monumental sans craindre de représailles de notre part.

Pour lui, que nous étions des métamorphes, des vampires, des sorciers ou des nécromanciens, importait peu. Quand il était question de nous engueuler, nous étions ses gamins.

Lorsque la porte du bureau se rouvrit, de la même manière que la mienne, je fus surprise de voir entrer Maeva. Elle pinça les lèvres en me voyant, et vint s'installer sur le fauteuil près du mien.

Enfin, Jasper releva la tête de son dossier, récupéra une photo entre deux feuilles, et rangea le reste dans un tiroir de son bureau. Les roulettes de sa chaise couinèrent lorsqu'il s'installa correctement.

Quand il nous détailla, d'abord Mæve, puis moi, j'inspirai brusquement. Il était aussi blasé que si je venais de lui annoncer que j'avais encore fait une rencontre malheureuse sur le trottoir, juste avant d'arriver ici. Lorsque j'avais reçu son message ce matin, me disant de le retrouver dans son bureau à 8 heures, j'avais imaginé qu'il allait me crier dessus à propos de la mort du vampire. Mais pourquoi avait-il convié Mæve également ? Avais-je éliminé son cousin par alliance ?

— Je ne vais pas passer par quatre chemins. Dalaena, arrête de me regarder comme ça, je ne vais pas te virer, ni te couper un bras. C'était de la légitime défense. Si ce type avait pu te mordre comme il en avait eu l'intention, tu aurais été paralysée, à sa merci jusqu'à ce qu'il te vide de ton sang. J'aurais alors été obligé de te trouver un remplaçant au sein de la Guilde, et celui-ci aurait été bien en-dessous de tes capacités.

Jasper se pencha par-dessus son ordinateur portable pour récupérer le portefeuille de Rudy – qui s'appelait en réalité Allan Forbes, né en 1856.

— Merci pour ça. Ensuite, j'ai décidé de vous envoyer toutes les deux sur une affaire qui s'est déroulée cette nuit. Ceci vous dit quelque chose ? demanda-t-il en nous tendant la photographie qu'il avait soustrait du dossier.

Je m'en emparai machinalement. Je captai le regard de Jasper, braqué sur la marque de mon poignet. Quelque chose passa dans ses yeux, peut-être du regret ou de la tristesse, mais cela se dissipa quand il remarqua que je l'observais.

Je réajustai ma manche, et Mæve se pencha près de mon épaule pour jeter un coup d'œil. Sur le papier glacé, le buste d'une femme qui nous toisait d'un air méprisant. Ses cheveux étaient relevés en un chignon digne de Marie Antoinette, son regard rougeoyant braqué à l'objectif, sa bouche pulpeuse maquillée d'un rouge similaire à celui de ses iris. Sa peau diaphane était si fine que l'on aurait presque pu voir ses veines au travers. Le corset qui enfermait sa taille faisait pigeonner un impressionnant décolleté. On aurait dit qu'elle venait d'une autre époque – ce qui était probablement le cas.

Autour de son cou, niché entre sa poitrine, un collier qui semblait aussi lourd qu'un sac de briques. Il était orné de pierres, toutes plus précieuses et colorées les unes les autres. Au bas mot, les cailloux devaient faire approximativement la taille d'un poing de bébé. Les fils dorés qui s'entrecroisaient pour les soutenir semblaient tout aussi lourds et encombrants.

Je secouai la tête en tendant l'image à Mæve.

— Qui est cette femme ? demandai-je à Jasper.

Entre ses griffes T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant