Chapitre 6 (2/2)

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Ce type n'était pas Dorian Morff. Pourquoi ce serait-il trouvé dans ce misérable motel, alors qu'il avait les White Mountains pour lui ?

— Ça fait un sacré bail, Dalaena.

Lorsque Hunter Lawson me prit dans ses bras, je lui rendis son étreinte de manière mécanique, complètement sonnée. Que foutait-il ici ?

— Tu m'as manqué, chaton, chuchota-t-il contre mes cheveux.

Retrouver ce souvenir après toutes ces années me fit cligner des yeux. Il était devenu un homme, son sourire était toujours aussi contagieux, et il était aussi séduisant que lorsqu'il avait quinze ans. Malgré moi, je me grisai de son odeur de cuir avant de me reculer.

— Tu n'as pas de droit d'être ici, Hunter.

Comme victime d'un ancien traumatisme, je chuchotai pour que personne ne nous entende, pour que personne ne vienne s'en prendre à lui pour m'avoir adressé ces quelques mots.

Le sourire qu'il ne parvint pas à retenir m'inquiéta. Quand il secoua la tête en se tenant la nuque, je nous revis, huit ans plus tôt, près de la cabane où nous avions l'habitude de nous retrouver.

— En fait, depuis peu, si. Ton père m'a banni de la meute.

Intérieurement, le choc de cette annonce m'ébranla jusqu'aux tripes. Cependant, je ne m'autorisai qu'à me mordre l'intérieur des joues en imaginant la douleur qu'il avait dû ressentir. Contrairement à moi, Hunter s'était toujours bien intégré à la meute, parvenant à se faire des tas d'amis sans difficulté.

— Je suis navrée, fis-je avec sincérité.

Il haussa les épaules et son blouson en cuir crissa.

— Ça va, je survis depuis six mois.

— Tu as toujours ta moto.

Comme s'il avait oublié qu'il la portait, il baissa les yeux sur sa veste. Une lueur de nostalgie passa dans ses yeux, et je sus qu'il avait la même image que moi en tête. Celle où nous étions tous les deux sur la selle, filant à-travers les routes défoncées. Lui riant aux éclats, moi hurlant, agrippée à sa taille comme un naufragé s'accrochant à la vie.

— Tu t'en souviens.

Pour toute réponse, je lui adressai un sourire.

— Le monde est petit, dit-il, j'aurais dû quitter la ville hier, mais ma bécane est tombée en rade. Je vais croire que c'est un coup de pouce du destin, pour que nos chemins se croisent de nouveau. (Il posa les mains sur mes épaules.) Nous pourrions...

J'allais lui expliquer que j'étais à Portland pour une mission contre la montre, quand la voix de Mæve nous parvint depuis la chambre que nous occupions :

— Dala ! Tu en mets, du temps ! (Sa voix était de plus en plus claire à mesure qu'elle se dirigeait vers le couloir.) Tu as trouvé le grand méchant lo... Hunter ?

Je me décalai d'un pas sur le côté, ses mains quittèrent mes épaules pour retomber le long de son corps, et je pivotai vers Mæve.

— Tu le connais ? m'étonnai-je.

— Pas spécialement, mais disons que nous avons fait connaissance dans mon appartement, et sans nos vêtements. Nous n'avons pas eu le temps d'échanger beaucoup de mots.

Paupières écarquillées, je regardai mon amie, puis Hunter, et encore Mæve. Il me fallut quelques allers-retours pour me faire à l'idée qu'ils avaient couchés ensemble. Je m'y fis remarquablement bien.

— Oh, d'accord.

— C'est dingue de te voir ici, reprit le loup en me jetant un regard écarquillé. Qu'est-ce que vous foutez dans ce bled ?

— Pour le boulot, nous devons gérer une merde assez urgente. On est seulement venues déposer nos affaires dans notre chambre. (J'échangeai un regard avec Mæve.) On a prévu de rendre une petite visite à des sorcières.

Entre ses griffes T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant