Chapitre 7 (1/2)

1.1K 101 1
                                    

Le coven des sorcières de Portland se trouvait dans une ancienne abbaye, un lieu sinistre qui me donnait la chair de poule, planté au beau milieu de la ville. Le seul accès au bâtiment était une petite porte en bois, vieille de plusieurs décennies, coincée entre un fleuriste et un bureau de tabac.

J'utilisai un vieil heurtoir en métal rouillé pour frapper, et réitérait mon geste quelques fois avant que quelqu'un ne daigne s'approcher. On entendit des pas marcher sur du gravier, et une petite trappe finit par s'ouvrir sur le haut de la porte. Des yeux ridés et une voix acariâtre nous accueillirent :

— C'est pour quoi ?

— Dalaena et Mæve, agents de la Guilde, branche de Chicago, annonça mon amie. Nous avons obtenu une entrevue avec votre supérieure.

— Maudits flics, cracha la vieille. (Elle planta son regard noir dans le mien.) La Mère Supérieure vous attend. Mais pas vous, siffla-t-elle en direction de Mæve. Les saigneurs ne sont pas autorisés à pénétrer ces lieux saints.

Mæve essuya l'insulte sans sourciller. Alors que j'allais insister, elle posa une main sur mon coude.

— C'est bon. Vas-y, je vais t'attendre ici. (Elle croisa les bras et posa une épaule contre le grès robuste qui entouraient la porte.) Crie si ces maudites sorcières te causent des problèmes.

Des cliquetis se firent entendre de l'autre côté, les gonds grinçants lorsque la porte s'ouvrit. La sorcière adressa un regard mauvais à la vampire, se décala pour me laisser passer, et je m'engouffrai à l'intérieur en la frôlant. Puis je l'entendis cracher à Mæve :

— Vous ne pourriez même pas entrer à l'intérieur, les créatures comme vous sont intolérables. Ce qui arrive avec le vol de ce collier en est l'exemple même. Votre contrôle repose sur un bric-à-brac ridicule. C'est...

— On peut y aller ? coupai-je. Il faut qu'on retrouve ce bric-à-brac ridicule pour qu'une centaine de vampires ne vous sautent pas à la gorge.

Sans rien ajouter, la sorcière relâcha la lourde porte, qui se referma en claquant. Bizarrement, j'eus l'impression d'être un rat tombé au fond d'un seau aux parois trop lisses pour pouvoir m'en évader.

— Allons-y, siffla la sorcière. Nous n'avons pas toute la nuit.

Elle me dépassa, et je la suivis en silence, jetant des coups d'œil autour de moi. Malgré la porte que nous venions de franchir, nous étions toujours à l'extérieur, et les allées bordées d'arbustes et de bassins me plongèrent des siècles plus tôt, au temps où l'abbaye appartenait encore aux religieux.

Nous empruntâmes quelques marches, et l'atmosphère lourde et piquante qui me tomba dessus lorsque je pénétrai à l'intérieur ne me laissa aucun doute : j'étais bel et bien au cœur d'une demeure habitées par un régiment de sorcières.

En repensant à la dernière sorcière que j'avais affrontée, seule et affaiblie au milieu d'une forêt enneigée, j'inspirai profondément. Les boules de feu et la téléportation avaient été ses armes favorites.

— Elle vous attend.

D'un signe du menton, la sorcière me poussa à avancer. Je pénétrai à l'intérieur d'une salle incroyablement vide, où seul un imposant meuble trônait au fond, une relique qui devait dater de l'époque de l'Inquisition. J'eus soudain l'impression de me retrouver au beau milieu d'un simulacre de tribunal, et je sentis ma colonne se hérisser.

Je m'avançai vers les personnes présentes derrière celui-ci, et mes pas résonnèrent contre les voutes du plafond, tel un inquiétant métronome.

La sorcière présente au centre de l'estrade ouvrit la bouche, et je frissonnai devant son timbre d'outre-tombe.

— Je vous écoute, métamorphe. Faites vite.

Je levai la tête en direction de sa voix, fronçant les sourcils devant son regard. Il était vide, mais pointé dans ma direction. Elle avait l'air d'être aveugle.

Une sensation étrange me parcourut, comme si un vent tiède me traversait, et je me méfiai de cette assemblée de l'enfer. La sorcière avait soudain l'air de voir bien au-delà de ce qu'elle prétendait.

— Je vois, je vois, murmura-t-elle. Tu viens nous demander de localiser quelque chose pour toi. Quelque chose qui brille. De lourd. Une couronne ? Non... Un collier ? Oui, c'est ça. Tu veux connaître l'emplacement de ce bijou.

Cette révélation déclencha les foudres des autres créatures.

— Non !

— Pas question !

— Du calme, mes sœurs ! tonna la Mère Supérieure. Celle fille-là a connu l'une des nôtres. Celle qui s'est écartée du droit chemin et qui a pactisé avec la magie noire pour le bien d'un amour factice.

— J'ai connu Ellen Wirlova, confirmai-je en serrant les poings. Je suis aussi la cause de sa mort.

— Faux, crissa la sorcière. Cette idiote savait ce qu'elle faisait, on ne traite pas avec ce genre de magie. Dès lors, sa mort était la seule chose positive qu'elle pouvait obtenir de nous. Tu nous as évité un déplacement et une épreuve à surmonter. Par conséquent, j'accède à ta requête.

Entre ses griffes T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant